Le populiste « arnarcho-capitaliste » a fait sa campagne avec des slogans anti-élites qui font de lui un « mini-Trump ».
INTERNATIONAL – C’est une sorte de Donald Trump qui brandit une tronçonneuse, ou de Jair Bolsonaro à la crinière de lion. Le populiste Javier Milei a été élu président de l’Argentine ce dimanche 19 novembre en battant de plus de 11 points son adversaire centriste Sergio Massa. « C’est une nuit historique », s’est vanté devant son QG l’ancien économiste de 53 ans, reconnaissable à ses épaisses rouflaquettes et sa chevelure épaisse.
D’outsider à président
Les trois hommes ont un point commun : leurs discours violents, emprunts de complotisme et de fake news. En digne héritier de ses homologues, Javier Milei a ainsi répété au cours de la campagne que s’il ne gagnait pas la présidentielle, ce serait à cause des fraudes lors du vote. Le nouveau président argentin avait déjà dénoncé des irrégularités après le premier tour en octobre. Ces allégations n’ont jamais été prouvées.
Christophe Ventura, spécialiste de l’Amérique latine interrogé par Le Figaro, comparait dès août Javier Milei à Donald Trump et Jair Bolsonaro. Il allait encore plus loin en citant « Antonio Kast au Chili, Nayib Bukele au Salvador ou le Rassemblement national en France ». Pour le chercheur, ces populistes « profite(nt), sur le plan électoral, de crises profondes et des phénomènes mortifères, comme le déclassement des classes moyennes, l’appauvrissement des pauvres et l’enrichissement des ultra-riches ».
Les points communs avec Donald Trump sont d’autant plus saillants. Comme l’ancien président américain et son émission The Apprentice, Javier Milei s’est fait connaître par ses apparitions à la télévision en tant que polémiste. Et comme lui, l’Argentin a été longtemps l’outsider de l’élection, avant de l’emporter par surprise face à un candidat beaucoup plus modéré.
Un « mini-Trump » ou Margaret Thatcher ?
Pendant la campagne, les slogans anti-élites de l’ancien professeur d’économie semblaient également tout droit venus des États-Unis. « La caste tiene miedo » (« La caste a peur ! »), « que se vayan todo » (« Débarrassons-nous d’eux »), a scandé l’Argentin. « Drain the swanp » (« Asséchons les marécages »), lançait Donald Trump en 2017.
Javier Milei « est clairement un mini-Trump », a estimé dans le New York Times Federico Finchelstein, professeur d’histoire à la New School de New York et spécialiste de l’extrême droite. Il ajoute : « Trump est une icône de cette nouvelle forme de populisme extrême. Et Milei veut l’imiter. » La preuve, selon lui : Javier Milei s’est beaucoup appuyé sur les réseaux sociaux pour faire campagne et a même fait une interview avec le journaliste préféré de Trump, Tucker Carlson, ancien présentateur star de la chaîne FoxNews.
Libertaire mais anti-avortement
L’« anarcho-capitaliste », comme il se décrit, est par exemple résolu à « tronçonner » l’« État-ennemi » et à dollariser l’économie. Cette rhétorique radicale voire brutale s’inscrit dans un contexte économique très compliqué dans le pays, où l’inflation à 143 % mine le pouvoir d’achat et où 40 % des Argentins vivent en dessous du seuil de pauvreté. Pas de répit ni de transition douce, le nouveau président veut aller vite et fort.
Mais c’est surtout sur les sujets de société que Javier Milei s’éloigne de ses homologues. Si Trump et Bolsonaro font la guerre à la communauté LGBTQI+ et aux migrants, lui est plus pragmatique : tant que l’État ne paye pas, faites comme bon vous semble. Il se dit ainsi pour le mariage entre personnes de même sexe, pour l’égalité des droits des personnes transgenres, et même pour la vente d’organes. Avec une exception : l’avortement. Ce droit a été légalisé en 2020 dans le pays après une longue luttes des femmes, mais Javier Milei veut organiser un référendum pour l’abroger.
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