pagne s’est achevée, jeudi 16 novembre, avec les derniers meetings des deux finalistes, le centriste Sergio Massa, l’actuel ministre de l’Économie et le candidat d’extrême droite, l’ultralibéral Javier Milei, le suspense est à son comble pour le second tour de la présidentielle argentine, ce dimanche. Le résultat s’annonce très serré et nombreux sont les Argentins qui se demandent comment le nouveau président pourra sortir leur pays de la crise.
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Javier Milei, arrivé en deuxième position lors du premier tour alors que les sondages lui prédisaient la victoire, garde un léger avantage sur Sergio Massa, selon ces mêmes instituts de sondage. Pour mobiliser ses électeurs, et notamment les indécis en cette fin de campagne, il a martelé le même message depuis le début de la campagne, à savoir que le gouvernement péroniste, et donc Sergio Massa qui occupe le poste de ministre de l’Économie, a plongé le pays dans le chaos.
« La bombe que ce gouvernement a laissée est immense », a-t-il assuré lors de sa dernière interview avec la presse argentine. « Elle comporte tous les composants qui font de cette crise la pire de l’histoire argentine. »
Un discours qui séduit les Argentins touchés par la crise
Ce discours fait mouche dans un pays où l’inflation a atteint plus de 140%. Sans oublier que la pauvreté touche désormais 40% de la population. Elle a augmenté de 30% depuis six ans. Javier Milei séduit un électorat très divers, qui va du pauvre au millionnaire, il a beaucoup de succès auprès des jeunes et peut aussi compter sur le soutien de l’ancien président Mauricio Macri et de l’ancienne candidate conservatrice Patricia Bullrich, arrivée troisième au premier tour et qui a appelé à voter pour lui.
Face à la popularité de son rival, Sergio Massa a choisi de se distancier de la politique menée par son propre gouvernement devenu largement impopulaire. Adoptant une posture présidentielle, il a promis cette semaine d’unifier le pays. « L’Argentine divisée où les gens se considèrent soit comme des amis, soit comme des ennemis, l’Argentine divisée en zones rurales et urbaines, ça n’existera plus après le 10 décembre [date de la prise de fonction, NDLR]. »
Massa et la « stratégie de la peur » empruntée à Lula
Mais Sergio Massa continue également à mettre en garde contre une victoire de Javier Milei dont le programme ultralibéral plongerait le pays encore plus dans le chaos. Est-ce que cette stratégie « de la peur » dénoncée par son rival s’avèrera payante ? C’est toute la question.
En tout cas, cette tactique est directement empruntée à la campagne électorale du président brésilien Lula contre Jair Bolsonaro. Sergio Massa se fait d’ailleurs conseiller par une équipe du Parti des travailleurs. À Brasilia, on redoute en effet fortement une victoire de Javier Milei qui avait qualifié Lula de « corrompu et communiste », refusant de le rencontrer s’il était élu.
Le vote féminin, décisif pour le second tour
Revenir sur le droit à l’avortement voté fin 2020, supprimer le ministère des Femmes, des Genres et des Diversités : pour Ivana, comptable de 29 ans, le programme de Javier Milei est misogyne. « Il est contre l’avortement, mais il y a aussi le fait qu’il voit les femmes comme des êtres inférieurs. Pour moi, il est contre les droits des femmes en général. »
Un sentiment partagé par beaucoup d’Argentines, sur lequel Sergio Massa a tenté de capitaliser. Alors que Javier Milei nie l’existence des inégalités salariales entre les sexes, le candidat péroniste a promis de s’engager pour les réduire. Une posture quelques peu opportunistes selon Ivana, qui votera par défaut ce dimanche. « Ce sera d’abord un vote contre Milei, et finalement un vote pour Massa. Ce n’est pas le candidat idéal, mais je voterai pour lui sans l’ombre d’un doute. »
Manuela, étudiante en psychologie de 24 ans, pense que les femmes ont un rôle décisif à jouer pour que Javier Milei, qu’elle classe à l’extrême droite, ne soit pas élu ce dimanche. « Je crois que notre condition de femme nous fait voir plus rapidement ce que ce genre de projet implique, car les premiers droits qui sont attaqués sont les nôtres. »
Selon une enquête du cabinet Zuban Cordoba, les positions de Javier Milei sur les questions de genre sont rejetées par 70% des femmes, y compris certaines de ses électrices, mais ces dernières choisissent de mettre ces sujets de côté pour privilégier des enjeux économiques perçus comme plus urgents.
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