Alpes-de-Haute-Provence: des maires signent une tribune pour dénoncer le laxisme du parquet de Digne-les-Bains

Initiée par David Gehant, le maire de Forcalquier, la tribune est signée par d’autres poids lourds du département comme les maires de Manosque, Digne-les-Bains ou Castellane.

Article de Valentin Doyen
Le tribunal de Digne-les-Bains.© BFM DICI

Le divorce est acté. Près de 60 maires des Alpes-de-Haute-Provence publient ce vendredi 15 décembre une tribune à l’attention du ministère de la Justice, et dans laquelle ils dénoncent ce qu’ils considèrent être un laxisme du parquet de Digne-les-Bains.

« Force est de constater que dans notre département, le parquet affiche d’importantes lacunes qui nuisent à son efficacité au point que nos concitoyens perdent confiance en la justice. Nous, maires et élus du département, constatons une insuffisance quotidienne de la réponse pénale au moment même où les infractions en tout genre se multiplient », écrivent les maires dans leur tribune.

De nombreux exemples de dysfonctionnements

Si son nom n’est pas directement écrit, un seul homme semble pourtant visé: Rémy Avon, le procureur de Digne-les-Bains, dont la politique pénale est décriée par des élus de premier plan du territoire. À commencer par David Gehant, maire de Forcalquier, véritable figure de proue de cette fronde inédite.

Les maires signataires estiment ainsi qu’il leur est « difficile d’exercer » leur mandat « dans des conditions optimales ». Ils dénoncent ainsi des poursuites judiciaires « trop rarement engagements » malgré leurs plaintes et signalements.

Ils dénoncent entre autres la gestion de la situation au parc photovoltaïque de Cruis, au coeur de plusieurs actions militantes. « À Cruis, des militants ont longtemps empêché la bonne marche d’un projet de parc photovoltaïque purgé de tout recours sans être inquiétés », soulignent les élus, qui dénoncent des « constructions illégales » et ce « aux quatre coins du département. »

Les élus appellent ainsi le ministre de la Justice à « agir », au risque de voir les Alpes-de-Haute-Provence devenir « un territoire où les principes de la justice sont dévoyés », dans un contexte où les Français sont déjà « en colère » sur de nombreux sujets, comme le changement climatique ou encore la perte de pouvoir d’achat.

La réaction du parquet

Dans un communiqué publié ce samedi 16 décembre, le parquet a réagi à la tribune et aux publications dans la presse.

« Le parquet général de la cour d’appel d’Aix-en-Provence tient à rappeler que, dans un État de droit démocratique, la critique des décisions de justice ne saurait en aucun cas s’exprimer par la mise en cause personnelle des magistrats auteurs de ces décisions », peut-on lire dans ce document.

Et le parquet d’ajouter: « L’institution judiciaire dans toutes ses composantes, au service de l’État de droit et de chaque citoyen sans distinction, doit pouvoir poursuivre ses missions juridictionnelles, à l’abri des pressions, en toute indépendance et en toute impartialité et ce sur tous les territoires de la République ».

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