Malik et Abdel sont irrémédiablement liés par une histoire mortelle, illustrant la violence policière sur les corps.
Malik avait 22 ans. Il était étudiant, et avait une vie à vivre.
Abdel avait 20 ans, et lui aussi voulait simplement vivre.
Ce 6 décembre fut leur dernier jour sur terre.
Malik ne manifestait pas avec ses camarades étudiants à Paris, qui se mobilisaient dans le quartier latin, ce soir du 5 décembre, dans la continuité du mouvement contre le projet de loi Devaquet, instaurant la sélection à l’université.
Lui, il sortait d’un club de jazz.
Voici ce qu’en dira ensuite un témoin qui rentrait chez lui, Paul Bayzelon, fonctionnaire au ministère des Finances, habitant l’immeuble, dans lequel Malik tenta de se réfugier, poursuivi par les voltigeurs qui l’avaient repéré, et avaient commencé à le courser:
« Je rentrais chez moi. Au moment de refermer la porte après avoir composé le code, je vois le visage affolé d’un jeune homme. Je le fais passer et je veux refermer la porte. Deux policiers s’engouffrent dans le hall, se précipitent sur le type réfugié au fond et le frappent avec une violence incroyable. Il est tombé, ils ont continué à frapper à coups de matraque et de pieds dans le ventre et dans le dos. La victime se contentait de crier : “je n’ai rien fait, je n’ai rien fait! »
Malik est mort dans la nuit, des suites du tabassage policier.
Ceux ci furent condamnés en janvier 1990 à… 5 ans et 2 ans de prison avec sursis.
Abdel lui, était dans un bar le 6 décembre au soir à Pantin, en Seine-Saint-Denis, quand une bagarre éclata.
Une de ses amies relatait également par la suite «il était pour rien dans la bagarre, il était en train de discuter avec le gérant du café, quand il a vu qu’il y en avait 2 qui se battaient, il y avait un copain à lui, il a voulu les séparer. Un gars qui était au bar est sorti du café et a tiré. J’ai entendu le coup de feu, je me suis retournée, j’ai vu Abdel par terre. J’ai couru le voir, il avait du sang partout, il a dit à son frère « Qu’est-ce que j’ai ?, Qu’est-ce que j’ai ? » Il lui a dit : « Tais-toi, ne dis rien, garde tes forces.»
La famille d’Abdel fut informée de son décès 48h après.
Le tireur, Patrick Savray, était un inspecteur de police, totalement ivre, et qui n’était pas en service.
Reconnu coupable d’homicide volontaire il fut condamné à…7 ans de prison.
N’oublions jamais leurs noms.
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