César Suárez enquêtait sur plusieurs dossiers concernant le crime organisé et sur l’assaut et la prise d’otages dans les studios d’une chaîne de télévision la semaine passée à Guayaquil. Il a été assassiné dans la grande ville portuaire ce mercredi 17 janvier 2024. La police équatorienne annonce ce jeudi avoir arrêté deux personnes soupçonnées d’être impliquées dans le meurtre du procureur.
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Dans un pays en état d’urgence et de guerre interne depuis plus de dix jours, le déploiement de dizaines de milliers de militaires et policiers n’arrive visiblement pas à empêcher toutes les attaques des principaux gangs du pays considérés comme « terroristes » par le gouvernement du président Daniel Noboa.
C’est dans sa voiture, une Mazda blanche, que le procureur César Suárez a été assassiné sur une grande avenue de Guayaquil, rapporte notre correspondant, Eric Samson. Les tueurs à gages ne lui ont laissé aucune chance. La police a retrouvé une douzaine d’orifices de balles dans la vitre du côté du conducteur.
Une façon pour les groupes mafieux de défier l’État, selon le colonel Mario Pazmiño, consultant international sur des thèmes de sécurité et défense. « Cet assassinat est très important car les mafieux nous démontrent que le contrôle que les forces de l’ordre et l’État essaient d’instaurer est minimum. Il n’empêche pas les gangs de reprendre leurs attentats, de faire exploser des voitures piégées et d’utiliser leurs tueurs à gages de plus en plus ».
César Suarez n’avait pas de protection policière alors qu’il suivait des dossiers brûlants. C’est lui qui instruisait la récente prise d’otage dans un studio de télévision de Guayaquil, mardi 9 janvier, ou encore l’affaire Daniel Salcedo, poursuivi pour corruption dans le système hospitalier. Daniel Salcedo a été récemment arrêté au Panama après avoir fui l’opération Métastases lancée en décembre par le Parquet dont la présidente Diana Salazar a fermement condamné ce nouvel assassinat : « Les groupes de délinquance organisée, les criminels, les terroristes ne viendront pas à bout de notre engagement à l’égard de la société équatorienne », a-t-elle martelé.
L’opération Métastases, « la plus grande de l’histoire contre la corruption et le trafic de drogue » en Équateur, selon la procureure, a mis au jour en fin d’année dernière « une structure criminelle » impliquant des procureurs, des responsables pénitentiaires et des policiers « dont l’objectif était d’obtenir l’impunité et la liberté des personnes poursuivies ou condamnées » ainsi que d’introduire des objets interdits en prison.
Les procureurs et enquêteurs particulièrement menacés
Les procureurs sont sous la menace de la vingtaine d’organisations criminelles qui opèrent en Equateur, naguère havre de paix ravagé par la violence après être devenu le principal point d’exportation de la cocaïne produite dans les États voisins que sont le Pérou et la Colombie.
En juin, le procureur Leonardo Palacios a été tué par des hommes armés dans la ville de Duran, voisine de Guayaquil.
Diana Salazar a fait état de menaces directes de mort de la part de Los Lobos, l’une des principales organisations criminelles, dont le chef, Fabricio Colon Picole, s’est également échappé de prison la semaine dernière.
La justice équatorienne s’attaque aux criminels, mais aussi à la corruption liée au narcotrafic qui a gangréné jusque dans las arcanes de l’État. Les politiques sont également visés. Fin 2023, le candidat à la présidence Fernando Villavicencio à Quito et Agustin Intriago, maire de Manta (ouest), l’une des principales villes du pays, ont également été tués par des criminels.
L’armée et la police équatorienne ont lancé ce jeudi 18 janvier à l’aube une vaste opération dans le complexe pénitentiaire de Guayaquil, dans le sud-ouest de l’Équateur, a-t-on appris de sources concordantes.
(et avec agences)
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