Ce conflit, qui a transformé le territoire palestinien en « zone de mort » selon l’ONU, est déjà, et de très loin, le plus meurtrier des cinq conflits ayant opposé Israël au Hamas depuis que ce dernier a pris le pouvoir à Gaza en 2007.
Au quotidien, les civils sont pris dans les combats et les bombardements, qui n’ont épargné aucune zone, dévasté des quartiers entiers et forcé 1,7 million de Palestiniens sur les 2,4 millions d’habitants à fuir leurs foyers.
Les bombardements israéliens ont coûté la vie à au moins 76 personnes ces dernières 24 heures, selon le ministère de la Santé du Hamas.
Ils ont visé des secteurs du nord de Gaza ainsi que Khan Younès et Rafah dans le sud, d’après un journaliste de l’AFP dans le territoire exigu. Les combats se concentrent à Khan Younès, à 3 km au nord de Rafah.
– « Aucune nourriture ici » –
Depuis le début de la guerre le 7 octobre, 29.954 Palestiniens ont été tués, en majorité des civils, selon un dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.
Ce jour-là, des commandos du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza voisine ont mené une attaque sans précédent dans le sud d’Israël, qui a causé la mort d’au moins 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données officielles.
Durant l’attaque, quelque 250 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza. Selon Israël, 130 otages y sont encore retenus, dont 31 seraient morts, après la libération de 105 otages en échange de 240 prisonniers palestiniens lors d’une trêve fin novembre.
En représailles, Israël a juré d’anéantir le Hamas qu’il considère, de même que les Etats-Unis et l’Union européenne, comme une organisation terroriste.
« Nous faisons tout notre possible pour ramener les otages. Je crois que la pression militaire ramènera d’autres otages », a déclaré le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant.
Après avoir mené une campagne de bombardements par terre, mer et air, l’armée israélienne a lancé le 27 octobre une offensive terrestre dans le nord du territoire en progressant vers le sud. Depuis, elle a perdu 242 soldats.
Dans le territoire assiégé depuis le 9 octobre par Israël, 2,2 millions de personnes, soit l’immense majorité de la population, sont menacées de famine selon l’ONU, en particulier dans le nord où les destructions, les combats et les pillages rendent presque impossible l’acheminement de l’aide.
L’ONU a aussi dénoncé des entraves imposées par Israël qui contrôle l’entrée des aides en provenance d’Egypte.
« Il n’y a aucune nourriture ici », a affirmé à l’AFP Marwan Awadieh, un habitant du nord de Gaza. « Nous ne savons pas comment nous allons survivre. »
– « Famine imminente »-
Le directeur exécutif adjoint du Programme alimentaire mondial, Carl Skau, a mis en garde contre une « famine imminente dans le nord de Gaza » et le directeur de la coordination du Bureau des affaires humanitaire de l’ONU, Ramesh Rajasingham, a dit craindre « une famine généralisée ».
Mercredi, le porte-parole du ministère de la Santé du Hamas, Ashraf al-Qudra, a affirmé que deux enfants étaient morts « de déshydratation et de malnutrition » à l’hôpital Al-Chifa de Gaza-ville (nord). « Le nombre d’enfants morts à cause de la famine s’élève à six » depuis ces derniers jours, selon lui.
La communauté internationale s’inquiète aussi d’une prochaine offensive terrestre israélienne sur Rafah, où sont massés près de 1,5 million de Palestiniens, selon l’ONU, la plupart des déplacés, piégés contre la frontière fermée de l’Egypte.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a dit vouloir y vaincre le Hamas dans son « dernier bastion ». Il a affirmé qu’une trêve ne ferait que « retarder » une telle offensive tout en assurant que les civils seraient évacués hors des zones de combat.
Cible de bombardements israéliens quotidiens, Rafah, qui comptait 270.000 habitants avant la guerre, est l’unique point d’entrée de l’aide à Gaza, qui arrive en quantité très limitée.
– « Pas encore fait » –
Des proches d’otages israéliens et des sympathisants débutent une marche de quatre jours vers Jérusalem à partir du sud d’Israël pour appeler à la libération des otages retenus à Gaza depuis le 7 octobre, le 28 février 2024 ( AFP / JACK GUEZ )
Face à cette guerre dévastatrice, le Qatar, les Etats-Unis et l’Egypte tentent d’arracher un accord de trêve portant sur une pause des combats de six semaines, durant laquelle un otage, parmi des femmes, mineurs et personnes âgées malades, serait échangé chaque jour contre dix Palestiniens détenus par Israël, selon une source du Hamas.
Lundi, le président américain Joe Biden a évoqué « un accord des Israéliens selon lequel ils ne s’engageraient pas dans des opérations durant le ramadan » afin de « faire sortir tous les otages ». « J’ai espoir que d’ici lundi prochain, nous aurons un cessez-le-feu », a-t-il dit, tout en soulignant que ce n’était « pas encore fait ».
Réclamant de leur gouvernement un accord pour libérer les otages, quelque 150 Israéliens ont lancé une marche de quatre jours depuis Reim dans le sud d’Israël jusqu’à Jérusalem.
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