Déclaration commune d’Adam Keller et de Yossi Schwartz

aplutsoc 6 mars

Dimanche 3 mars 2024

Les États-Unis ont depuis longtemps pour politique de fournir à Israël une aide militaire massive (qui, incidemment, procure d’énormes profits aux industries d’armement américaines). Cela s’est considérablement élargi et intensifié depuis le déclenchement de la guerre actuelle à Gaza.

Le flux constant de munitions en provenance des États-Unis – et, dans une moindre mesure, d’autres pays occidentaux – est totalement indispensable pour qu’Israël puisse poursuivre sa guerre. La propre industrie d’armement israélienne ne pourrait en aucun cas permettre une campagne de bombardements massifs, au cours de laquelle Israël a lancé en quelques mois bien plus de bombes sur une bande de terre très étroite et surpeuplée que ce que les États-Unis eux-mêmes avaient fait au cours des années de guerre en Afghanistan et en Irak.

La fourniture d’armes à Israël a été traditionnellement justifiée par « aider Israël à se défendre » et quiconque s’y opposait était fustigé comme « voulant que les Israéliens soient exposés au danger ». Cependant, la guerre lancée par Israël – apparemment en réponse à l’attaque meurtrière du Hamas contre les communautés et les avant-postes militaires israéliens le 7 octobre 2023 – s’est vite révélée n’avoir aucune ressemblance avec une quelconque forme d’« autodéfense », et elle n’a jamais eu une telle intention.

Il s’agit plutôt d’un déchaînement totalement effréné, d’une orgie de meurtres et de destructions gratuites. Sous un barrage constant d’énormes bombes d’une tonne – dont un approvisionnement constant est fourni à Israël par bateau – les écoles, les universités, les mosquées (et certaines églises), les bibliothèques, les bâtiments publics de toutes sortes et la plupart des maisons privées de la bande de Gaza sont détruits ou gravement endommagés. La ville de Gaza est réduite en ruines, tout comme de nombreuses petites villes et villages. Trente mille Palestiniens ont été tués, dont plus de dix mille enfants, et le nombre de morts continue de s’alourdir. Un million et demi de personnes ont été chassées de chez elles pour vivre dans des conditions effroyables à ciel ouvert.

La Cour internationale de La Haye, le plus haut tribunal créé pour traiter des violations du droit international, s’est réunie pour entendre l’accusation de l’Afrique du Sud selon laquelle les actes d’Israël dans la bande de Gaza pourraient aboutir à un véritable génocide – le plus terrible de tous les crimes. Seize juges sur dix-huit – juristes éminents de divers pays et horizons – ont été unanimes à prendre très au sérieux le danger de génocide dans la bande de Gaza. Plus précisément, la Cour internationale a jugé plausible que les actes d’Israël puissent constituer un génocide et a émis six mesures provisoires : ordonner à Israël de prendre toutes les mesures en son pouvoir pour prévenir les actes de génocide, y compris prévenir et punir l’incitation au génocide, garantir que l’aide et les services parviennent aux Palestiniens sous siège de Gaza et préserver les preuves des crimes commis à Gaza.

La réponse des dirigeants civils et militaires israéliens a été de préparer un assaut général contre la ville de Rafah – l’endroit même vers lequel Israël avait conduit, au début de la guerre, un million et demi de Gazaouis déplacés de leurs foyers. Les dirigeants israéliens persistent à préparer une telle attaque contre Rafah, même si les propres alliés d’Israël préviennent que cela pourrait conduire à un terrible carnage et à un désastre humanitaire indescriptible. Pourtant, les prédictions aussi désastreuses du président Biden ne l’ont pas amené à mettre un terme à l’approvisionnement constant d’armes et de munitions à Israël.

C’est dans ces terribles circonstances que la Fédération générale des syndicats palestiniens (PGFTU) a lancé un appel urgent appelant les « syndicats des industries concernées » à refuser de fabriquer des armes destinées à Israël ainsi qu’à refuser de transporter de telles armes. Certains syndicats de divers pays ont répondu à cet appel. Par exemple, cinq syndicats belges des transports ont publié une déclaration commune affirmant qu’ils refusaient de charger ou décharger des cargaisons d’armes à destination de la zone de guerre, et le syndicat des dockers de Barcelone a annoncé qu’il « n’autoriserait pas l’activité, dans notre port, de navires contenant du matériel de guerre » et a appelé à un cessez-le-feu à Gaza.

Nous, soussignés, citoyens israéliens et militants d’organisations politiques, choqués et horrifiés par les actes du gouvernement et des forces armées israéliennes et désireux de voir un avenir de fraternité entre Israéliens et Palestiniens, considérons les actes susmentionnés des syndicats belges et catalans comme une réponse appropriée et louable au terrible carnage de Gaza. Nous appelons tous les autres syndicats du monde à imiter cet exemple, à refuser de fabriquer des armes destinées à Israël et à charger ou décharger de telles armes.

Adam Keller pour Gush Shalom
Yossi Schwartz pour l’ISL, section de la RCIT en Israël/Palestine occupée

Le 03/03/2024.

Source : https://the-isleague.com/joint-statement/

Manifestation Tel-Aviv le 27-02-2024

Note de l’ISL sur son site accompagnant cette publication :

“Remarque : Malgré nos divergences politiques entre Gush Shalom et nous, nous avons réussi à parvenir à une déclaration commune. ISL – Section RCIT en Israël/Palestine occupée, 03.03.2024”

Notes des éditeurs

Gush Shalom, le Bloc de la Paix, a été fondé en 1993 par Uri Avnery (décédé en 2018), un vieux militant pacifiste israélien, défenseur des droits humains et nationaux des Palestiniens, après avoir eu une jeunesse sioniste et été un combattant de la guerre de 1948. Adam Keller est un des fondateurs de Gush Shalom et son porte-parole.

L’ISL, International Socialist League, est affiliée à la RCIT, dont le principal dirigeant, Micheal Pröbsting, développe une critique de l’impérialisme multipolaire. Yossi Schwartz est un vieux militant d’extrême gauche israélien qui a oscillé entre de nombreux courants avant son adhésion à la RCIT.

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