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Ceux qui rejettent d’emblée l’implication des services secrets ukrainiens dans l’attentat terroriste de Moscou ne sont pas crédibles
Extrait :
Au cœur de la propagande impérialiste sur la prétendue «non-implication» des États-Unis et de l’Ukraine se trouve le fait que l’ISIS-K a revendiqué l’attentat. Mais l’implication d’ISIS-K ne réfuterait pas l’implication de l’Ukraine et des États-Unis. Au contraire.
ISIS-K est en grande partie une création de l’impérialisme américain et de ses guerres de plusieurs décennies au Moyen-Orient et en Asie centrale. En 2021, le Wall Street Journal a rapporté que des agents de renseignement et des troupes d’élite anti-insurrectionnelles formés par les États-Unis rejoignaient ISIS-K en Afghanistan. Le Tadjikistan, d’où sont originaires les terroristes présumés, est depuis longtemps impliqué dans les conflits armés en Afghanistan, depuis les années 1980, lorsque les États-Unis ont formé et financé des fondamentalistes islamistes dans leur guerre contre l’Union soviétique.
Dans ce contexte, l’avertissement lancé le 7 mars par l’ambassade américaine à Moscou concernant l’imminence d’un attentat terroriste majeur en Russie ne peut être interprété que comme une tentative de créer un alibi pour les États-Unis dans la perspective de l’opération de leurs mandataires.
L’implication des services de renseignement ukrainiens, qui coordonnent étroitement leurs opérations quotidiennes avec l’OTAN et les États-Unis, ne fait presque aucun doute. En janvier 2023, le Times a rapporté que des éléments nationalistes et d’extrême droite de toute l’ancienne Union soviétique, y compris du Caucase du Nord et de l’Asie centrale, avaient afflué en Ukraine pour participer à la guerre de l’OTAN contre la Russie.
Comme l’a écrit le Times, «la plupart d’entre eux nourrissent l’ambition politique à long terme de rentrer chez eux et de renverser les gouvernements russe et biélorusse. Les volontaires eux-mêmes affirment qu’ils agissent en toute connaissance de cause et sous les ordres de l’armée et des services de renseignement ukrainiens. Nombre de leurs opérations sont secrètes, y compris de dangereuses missions de reconnaissance ou de sabotage derrière les lignes russes».
Quelques jours avant l’attentat terroriste de Moscou, le Times a salué les néonazis russes, qui «ont été ouvertement soutenus par l’agence de renseignement militaire ukrainienne» pour une incursion dans le pays pendant les élections présidentielles, en les qualifiant de «Russes rebelles». Leurs «attaques audacieuses», écrit le Times, pourraient contribuer à «miner le sentiment de stabilité en Russie et à détourner les ressources militaires du pays de l’Ukraine».
L’argumentation développée par le Times et rediffusée dans la presse mondiale révèle l’objectif politique de l’opération terroriste. Les forces mandataires de l’OTAN en Ukraine étant confrontées à une débâcle militaire, l’attaque terroriste à Moscou s’inscrit dans le cadre des efforts visant à ouvrir un second front de la guerre, à l’intérieur même de la Russie.
L’objectif est triple: premièrement, renforcer l’opposition au régime de Poutine au sein de l’oligarchie et de l’appareil d’État; deuxièmement, provoquer une réponse militaire du Kremlin qui puisse servir de prétexte à une nouvelle escalade de la guerre par l’OTAN; et troisièmement, encourager les tensions ethniques et religieuses en Russie qui déstabiliseraient le régime et faciliteraient le découpage de toute la région par les puissances impérialistes.
Cette stratégie s’inscrit dans une longue et sinistre tradition. Les nazis ont mobilisé les forces nationalistes et d’extrême droite de l’alliance dite de l’Intermarium dans toute l’Europe de l’Est et le Caucase lorsqu’ils ont envahi l’Union soviétique pendant la Seconde Guerre mondiale. Pendant la guerre froide, les États-Unis ont déployé ces réseaux fascistes dans leur guerre secrète contre l’Union soviétique. La destruction stalinienne de l’Union soviétique et la restauration du capitalisme ont permis aux puissances impérialistes de poursuivre cette stratégie réactionnaire à une échelle sans précédent.
Cela vaut également pour la Russie elle-même. Pendant plus d’une décennie, les puissances impérialistes ont systématiquement constitué une faction anti-Poutine au sein de l’oligarchie et de l’État russes autour de feu Alexei Navalny. Bien que glorifié par le Times comme un «démocrate», Navalny a coorganisé pendant des années le plus grand événement fasciste annuel de Russie, la «Marche russe», a traité les immigrants du Caucase et d’Asie centrale de «cafards» et a entretenu des liens étroits avec des tendances séparatistes dans tout le pays. D’autres leaders de l’opposition, l’ancien oligarque, Mikhaïl Khodorkovski, et Ilya Ponomaryov, prônent ouvertement l’éclatement de la Fédération de Russie en une série d’États distincts.
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