Refuser au nom de l’espoir. Déclaration de Sonia Orr, réfractaire israélienne au service militaire

aplutsoc – 9 mars

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Présentation

La déclaration suivante de Sofia Orr est republiée depuis le compte Instagram de Mesarvot, un réseau qui soutient les jeunes Israéliens qui refusent le service militaire obligatoire.

Document

Je m’appelle Sofia Orr et je refuse de m’enrôler dans l’armée israélienne car il n’y a pas de gagnant dans la guerre. Seulement des perdants. Tous ceux qui vivent ici sont en train de perdre.

En Israël, le 7 octobre, nous tous, en particulier les habitants de l’enveloppe de Gaza [les zones proches de la frontière avec Gaza], avons vécu des horreurs indescriptibles que rien ne peut justifier. Depuis lors, des dizaines de milliers de personnes ont été évacuées de leurs foyers, des soldats sont envoyés au combat chaque jour pour mourir et être blessés, des otages restent en captivité brutale à Gaza sans aucun plan crédible pour les ramener chez eux, et la société israélienne s’enfonce, de plus en plus profondément, dans les illusions messianiques, la répression politique et la soif de vengeance.

À Gaza, des dizaines de milliers de Palestiniens ont été tués, dont plus de dix mille enfants, et des dizaines de milliers d’autres ont été blessés. D’innombrables réfugiés vivent sous des tentes, souffrant d’une faim extrême et de la propagation de maladies, sans électricité et sans hygiène de base, et tout ce qu’ils voient de tous côtés, ce sont des ruines. Tout cela ne fait que conduire à davantage de haine contre Israël et à un soutien accru au Hamas.

Les citoyens ordinaires des deux côtés paient un prix inimaginable dans cette guerre, et la situation ne fait qu’empirer. Le présent et l’avenir des citoyens palestiniens et israéliens sont indissociables. Il ne s’agit pas de « nous » contre « eux », et il ne s’agit pas d’une situation dans laquelle un camp devrait, ou peut, vaincre l’autre. La sûreté et la sécurité ne seront atteintes que lorsque les deux parties vivront dans la dignité : soit nous perdrons tous dans la guerre, soit nous gagnerons tous dans la paix.

Presque toutes les personnes vivant entre le Jourdain et la mer Méditerranée souhaitent vivre une vie tranquille. Les politiques d’occupation violentes, et maintenant la guerre, empêchent cela pour nous tous et poussent de plus en plus de gens des deux côtés à croire à tort que seule la violence peut résoudre le conflit. La guerre ne fait que renforcer les extrémistes des deux camps et leurs idéologies.

Les pouvoirs en place nous disent, comme lors de toutes les vagues de violence précédentes, que nous allons « détruire » le Hamas et que cette fois, la « dissuasion » fonctionnera. Pourtant, les groupes violents et extrémistes ne font que se renforcer sous l’effet d’une violence extrême. Il peut être tentant de penser qu’« après avoir détruit le Hamas pendant la guerre, nous pourrons parvenir à une véritable paix et à une véritable tranquillité ici ». Mais c’est une illusion. C’est une histoire qui ignore le fait que le Hamas est plus qu’un groupe violent : il est le produit d’un état d’esprit violent et extrême qui se développe et s’épanouit dans des conditions d’oppression et de violence extrême.

Le Hamas ne pourra que se renforcer lorsque toute alternative, tout horizon ou tout espoir auront été niés pendant des décennies. C’est précisément pour cette raison que le Hamas n’a fait que se renforcer depuis le début de la guerre, tant à Gaza qu’en Cisjordanie. Même si l’armée pouvait tuer tous les combattants du Hamas et démanteler tous les tunnels, sans horizon d’espoir, une organisation encore pire surgirait pour prendre sa place, et le cycle de violence continuerait.

Le véritable ennemi n’est pas le Hamas, mais plutôt la mentalité extrémiste qu’il représente, et cela se reflète en Israël. Une telle pensée ne peut être démantelée que par une recherche politique de la paix et en proposant une alternative d’espoir aux Palestiniens. En tant que camp le plus fort, Israël porte une grande part de la responsabilité dans la poursuite de cette alternative. Il a le pouvoir de promouvoir une solution politique et de dicter le ton, en le changeant pour promouvoir la paix plutôt que la violence. La seule voie qui puisse mener à une véritable solution au conflit est une voie politique qui inclut une juste indépendance palestinienne et l’octroi de droits égaux à tous, du fleuve à la mer.

Quand j’avais 16 ans, j’ai visité la Cisjordanie avec mes camarades de classe lors d’un voyage scolaire. Nous avons parlé avec des colons et des garçons palestiniens de notre âge. Lorsque nous avons parlé avec des jeunes palestiniens, un de mes camarades de classe m’a demandé quel était leur rêve dans la vie. Et l’un d’eux de répondre : « Le seul rêve qu’une personne enfermée dans une cage puisse faire, c’est d’en sortir. » Cette phrase est restée en moi et c’est maintenant la raison pour laquelle je me réfugie pour m’enrôler : je ne participerai pas à un système qui est le problème et non la solution. Un système qui nuit à la sécurité au lieu de la maintenir. Je refuse de m’engager pour montrer que le changement est nécessaire et que le changement est possible. Je refuse de m’enrôler pour la sécurité de nous tous en Israël-Palestine, et au nom d’une empathie qui ne soit pas limitée par l’identité nationale.

Je refuse de m’engager parce que je veux créer une réalité dans laquelle tous les enfants entre le fleuve et la mer puissent rêver sans être en cage.

Source : https://www.workersliberty.org/story/2024-03-06/refusing-name-hope

Traduction par nos soins

Présentation

La déclaration suivante de Sofia Orr est republiée depuis le compte Instagram de Mesarvot, un réseau qui soutient les jeunes Israéliens qui refusent le service militaire obligatoire.

Document

Je m’appelle Sofia Orr et je refuse de m’enrôler dans l’armée israélienne car il n’y a pas de gagnant dans la guerre. Seulement des perdants. Tous ceux qui vivent ici sont en train de perdre.

En Israël, le 7 octobre, nous tous, en particulier les habitants de l’enveloppe de Gaza [les zones proches de la frontière avec Gaza], avons vécu des horreurs indescriptibles que rien ne peut justifier. Depuis lors, des dizaines de milliers de personnes ont été évacuées de leurs foyers, des soldats sont envoyés au combat chaque jour pour mourir et être blessés, des otages restent en captivité brutale à Gaza sans aucun plan crédible pour les ramener chez eux, et la société israélienne s’enfonce, de plus en plus profondément, dans les illusions messianiques, la répression politique et la soif de vengeance.

À Gaza, des dizaines de milliers de Palestiniens ont été tués, dont plus de dix mille enfants, et des dizaines de milliers d’autres ont été blessés. D’innombrables réfugiés vivent sous des tentes, souffrant d’une faim extrême et de la propagation de maladies, sans électricité et sans hygiène de base, et tout ce qu’ils voient de tous côtés, ce sont des ruines. Tout cela ne fait que conduire à davantage de haine contre Israël et à un soutien accru au Hamas.

Les citoyens ordinaires des deux côtés paient un prix inimaginable dans cette guerre, et la situation ne fait qu’empirer. Le présent et l’avenir des citoyens palestiniens et israéliens sont indissociables. Il ne s’agit pas de « nous » contre « eux », et il ne s’agit pas d’une situation dans laquelle un camp devrait, ou peut, vaincre l’autre. La sûreté et la sécurité ne seront atteintes que lorsque les deux parties vivront dans la dignité : soit nous perdrons tous dans la guerre, soit nous gagnerons tous dans la paix.

Presque toutes les personnes vivant entre le Jourdain et la mer Méditerranée souhaitent vivre une vie tranquille. Les politiques d’occupation violentes, et maintenant la guerre, empêchent cela pour nous tous et poussent de plus en plus de gens des deux côtés à croire à tort que seule la violence peut résoudre le conflit. La guerre ne fait que renforcer les extrémistes des deux camps et leurs idéologies.

Les pouvoirs en place nous disent, comme lors de toutes les vagues de violence précédentes, que nous allons « détruire » le Hamas et que cette fois, la « dissuasion » fonctionnera. Pourtant, les groupes violents et extrémistes ne font que se renforcer sous l’effet d’une violence extrême. Il peut être tentant de penser qu’« après avoir détruit le Hamas pendant la guerre, nous pourrons parvenir à une véritable paix et à une véritable tranquillité ici ». Mais c’est une illusion. C’est une histoire qui ignore le fait que le Hamas est plus qu’un groupe violent : il est le produit d’un état d’esprit violent et extrême qui se développe et s’épanouit dans des conditions d’oppression et de violence extrême.

Le Hamas ne pourra que se renforcer lorsque toute alternative, tout horizon ou tout espoir auront été niés pendant des décennies. C’est précisément pour cette raison que le Hamas n’a fait que se renforcer depuis le début de la guerre, tant à Gaza qu’en Cisjordanie. Même si l’armée pouvait tuer tous les combattants du Hamas et démanteler tous les tunnels, sans horizon d’espoir, une organisation encore pire surgirait pour prendre sa place, et le cycle de violence continuerait.

Le véritable ennemi n’est pas le Hamas, mais plutôt la mentalité extrémiste qu’il représente, et cela se reflète en Israël. Une telle pensée ne peut être démantelée que par une recherche politique de la paix et en proposant une alternative d’espoir aux Palestiniens. En tant que camp le plus fort, Israël porte une grande part de la responsabilité dans la poursuite de cette alternative. Il a le pouvoir de promouvoir une solution politique et de dicter le ton, en le changeant pour promouvoir la paix plutôt que la violence. La seule voie qui puisse mener à une véritable solution au conflit est une voie politique qui inclut une juste indépendance palestinienne et l’octroi de droits égaux à tous, du fleuve à la mer.

Quand j’avais 16 ans, j’ai visité la Cisjordanie avec mes camarades de classe lors d’un voyage scolaire. Nous avons parlé avec des colons et des garçons palestiniens de notre âge. Lorsque nous avons parlé avec des jeunes palestiniens, un de mes camarades de classe m’a demandé quel était leur rêve dans la vie. Et l’un d’eux de répondre : « Le seul rêve qu’une personne enfermée dans une cage puisse faire, c’est d’en sortir. » Cette phrase est restée en moi et c’est maintenant la raison pour laquelle je me réfugie pour m’enrôler : je ne participerai pas à un système qui est le problème et non la solution. Un système qui nuit à la sécurité au lieu de la maintenir. Je refuse de m’engager pour montrer que le changement est nécessaire et que le changement est possible. Je refuse de m’enrôler pour la sécurité de nous tous en Israël-Palestine, et au nom d’une empathie qui ne soit pas limitée par l’identité nationale.

Je refuse de m’engager parce que je veux créer une réalité dans laquelle tous les enfants entre le fleuve et la mer puissent rêver sans être en cage.

Source : https://www.workersliberty.org/story/2024-03-06/refusing-name-hope

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