Des campements de soutien à la Palestine dans les universités étasuniennes aux étudiant·es de Sciences Po qui occupent leur lieu d’étude en France, jusqu’aux milliers d’étudiant·es qui se battent contre Milei en Argentine, le spectre du mouvement étudiant ressurgit sur la scène politique internationale.
26 avril
Ces derniers jours, le spectre de mai 68 commence à rejaillir dans les consciences. Dans une période marquée par les tendances à la crise et le retour de la guerre, il cristallise les espoirs de certains – et les cauchemars des autres.
Aux États-Unis, dans le cœur de l’impérialisme, les étudiants installent des campements dans leurs facs pour soutenir le peuple palestinien et exiger la fin des partenariats de leurs universités avec Israël. Le mouvement, initié par les étudiants de l’université de Columbia (New-York) s’étend désormais dans une trentaine d’universités du pays, parmi les plus prestigieuses.
La complicité des États-Unis et de « Genocide Joe » avec le massacre des Palestiniens avait déjà provoqué un choc dans les consciences de la jeunesse américaine, jusqu’à mettre en péril la réélection de Biden à la présidence du pays. La répression du campement à la fac de Columbia en a provoqué un autre, et des milliers d’étudiants, mais aussi de personnel et d’enseignants se soulèvent contre la criminalisation du soutien à la Palestine.
Des évènements qui remettent au goût du jour le mouvement anti-impérialiste puissant qui avait traversé la jeunesse américaine lors de la guerre du Vietnam. De quoi approfondir les difficultés de Biden, qui vient d’accorder à Israël l’envahissement de Rafah pour tenter d’éviter une escalade guerrière dans la région. Pour l’heure, les démocrates et les présidences d’universités ont fait le choix d’intensifier la répression. Mais le pari est risqué face à un mouvement qui se radicalise et s’étend à l’international, dans des universités au Royaume-Uni, en Australie, ainsi qu’en France. À Harvard, c’est en réaction à la suspension du comité Palestine par l’administration que s’est lancé le campement pour Gaza en début de semaine.
Mais cette semaine, de l’autre côté du continent, des centaines de milliers d’étudiants ont eux aussi défilé dans la rue. Aux côtés de leurs enseignants et de différents secteurs du monde du travail, la jeunesse argentine montre qu’elle est déterminée à défendre son droit à l’éducation face au président d’extrême-droite Milei, qui veut s’attaquer aux universités publiques, imposer des plans d’ajustements brutaux et noyer la population dans la pauvreté.
Depuis l’arrivée de Milei au pouvoir, ses réformes ultra-libérales ont fait perdre près 75 % de budget aux facs dans un contexte d’inflation profonde. Mais celui qui veut détruire les universités publiques et s’attaquer à l’un des bastions du mouvement social voit s’ériger devant lui un mouvement étudiant massif, comme l’Argentine n’a pas connu depuis plus d’une décennie. Organisés dans des assemblées et des comités de base, avec des premiers éléments de jonctions entre étudiants et travailleurs, la mobilisation des étudiants argentins est d’ores et déjà un exemple international dans la lutte contre l’extrême-droite et les plans néolibéraux.
De New York à Buenos Aires, ces mobilisations portent en elles la colère profonde d’une jeunesse qui refuse qu’on l’empêche d’avoir accès à l’éducation, d’aspirer à une vie meilleure ou encore que leurs études servent les intérêts des puissances impérialistes.
L’arrivée du mouvement étudiant sur la scène politique apparaît, pour nous, comme une bouffée d’air frais : face aux génocides, aux crises et aux offensives autoritaires et répressives, une autre issue que celles imposées par les capitalistes est possible, et il se pourrait bien que la jeunesse joue un rôle clé dans cette voie.
Des exemples qui doivent nous inspirer en France, à l’heure où Macron prévoit d’avancer encore dans la sélection et la privatisation de l’université, pendant qu’il opère dans le même temps un saut dans la répression du soutien à la Palestine. Mais face aux désirs des classes dominantes de mettre les étudiants au pas, nos camarades de Sciences Po qui occupent actuellement leur campus quelques semaines après avoir été au cœur d’une campagne répressive d’État montrent la voie. Après le campus de la capitale, ce sont les antennes de Poitiers, Dijon, Reims, et du Havre qui rejoignent la mobilisation. Au plus grand damn des éditorialistes qui s’agitent sur les plateaux télé et tentent des amalgames entre dénonciation du génocide et antisémitisme pour tenter d’isoler l’avant-garde de la lutte pro-palestinienne dans les universités.
Mais si gouvernement et médias se donnent autant de mal à rayonner la jeunesse, à condamner un dirigeant syndical ouvrier comme Jean-Paul Delescaut et à inquiéter des représentants parlementaires de LFI, c’est que les enjeux sont de taille. En effet, ils connaissent la puissance du mouvement ouvrier et de la jeunesse, encore démontrée lors du mouvement contre la réforme des retraites l’année dernière. Une alliance qui, si elle s’exprimait avec ses propres méthodes, pourrait rapidement mettre à bas les velléités répressives, néolibérales et guerrières de l’impérialisme français. Et bien plus encore, faire renaître le spectre de mai 68 qu’ils craignent tant.
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