La mobilisation des campus américains pour Gaza se transforme en piège électoral pour Joe Biden

NEW YORK, NEW YORK - APRIL 24: Speaker of the House Mike Johnson (R-LA) speaks during a press conference at Columbia University on April 24, 2024 in New York City. Johnson visited the campus as school administrators and pro-Palestine student protesters made progress on negotiations after the school set a midnight deadline for students to disband the encampment there, and agreed on a 48-hour extension. Johnson called for the resignation of Columbia University President Minouche Shafik. Alex Kent/Getty Images/AFP (Photo by Alex Kent / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

A quelques semaines de la fin de l’année universitaire, les manifestations et les sit-in des étudiants propalestiniens se multiplient dans les universités de tout le pays.

Par  (New York, correspondant)

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L’Amérique se déchire sur la guerre à Gaza et le campus de l’université Columbia, au nord de Manhattan, à New York, est devenu l’épicentre de la bataille. Les responsables politiques venus de la capitale fédérale Washington s’y invitent en pleine campagne électorale. Le conflit peut être ravageur pour Joe Biden, lui aliénant à la fois une partie de la jeunesse et une partie du vote juif.

Ainsi, le speaker républicain de la Chambre des représentants, Mike Johnson, s’est-il rendu, mercredi 24 avril, devant la bibliothèque de la prestigieuse université, juste en face des tentes installées par les étudiants propalestiniens qui dénoncent le soutien américain à Israël et la brutalité de la guerre menée à Gaza. « Retournez en cours et arrêtez ce non-sens, a-t-il exigé, condamnant les propos anti-israéliens ou antisémites. Ce sont des paroles que nous attendons des ayatollahs iraniens, et non des législateurs et des étudiants américains. »

Après avoir rencontré des étudiants juifs se disant harcelés ou menacés, le speaker de la Chambre a appelé à la démission de la présidente de l’université, Nemat Shafik, une économiste d’origine égyptienne, qui a pris ses fonctions à l’été 2023. « Nous ne pouvons pas permettre ce type de haine. Ceux qui commettent ces violences doivent être arrêtés. » Il a aussi déclaré qu’il téléphonerait, après sa visite, au président Joe Biden. « Il y aura un moment venu pour appeler la garde nationale », a prévenu M. Johnson, qui se refait une virginité politique en croisant le fer avec la gauche sur les campus. Ce dernier étant vivement critiqué par les ultras de son camp pour avoir fait voter le paquet d’aide financière à Israël et à l’Ukraine, et se trouve sous la menace d’une destitution.

Pendant son discours, des étudiants scandaient « Libérez la Palestine », un autre criait « Génocide ». « Qu’allez-vous faire ? Nous arrêter ? Arrêtez-nous ! », lui a lancé encore un autre. L’invocation de la garde nationale lui a valu des huées. L’université a dû démentir envisager ce recours, tout comme la gouverneure de l’Etat de New York, la démocrate Kathy Hochul.

La police à Columbia

Dans cette crise, Mme Shafik est prise en étau. Elle est attaquée sans relâche par les Républicains, mais a cassé la confiance avec les étudiants et une grande partie du corps professoral en faisant appel à la police de New York pour déloger, jeudi, les tentes installées par le collectif propalestinien. Il s’agissait d’une première depuis 1996, qui rappelait les interventions de la police en 1968, en pleine contestation de la guerre au Vietnam. Les cours ont été suspendus et se tiennent désormais en visioconférence, en raison des risques de sécurité.

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