Concert stoppé par la gendarmerie hier soir à Forcalquier à 20h25.

Voilà maintenant 3 ans que le spectacle de rue fait partie de mon quotidien, ou presque, pourtant, aujourd’hui, je me demande si ce mode de vie va pouvoir perdurer, est ce que j’en aurais la force..?

Des arrêtés municipaux qui interdisent la musique de rue, notamment aux Baux de Provence et depuis cette semaine, à Forcalquier… Des commerçants sur les marchés qui jalousent notre liberté et font en sorte que l’on ait aussi à payer un emplacement, alors que personnellement, je n’ai ni CD à vendre ni pancarte demandant quoi que ce soit, je joue, housse d’instrument ouverte devant moi, pourquoi je devrais payer un emplacement?

Le don est entièrement libre et à l’initiative des passants et passantes.

Pourtant, hier, en me faisant virée des Baux de Provence (je ne savais pas encore qu’il y avait un arrêté), on m’a au passage accusé de mendier… Une blague, la cerise sur le gâteau la mendicité est effectivement interdite par certains arrêtés municipaux (oui mesdames et messieurs, il est par endroit interdit de demander la charité entre être humain, oui, « t’as rien et pas de toit, bah changes de ville! »), en revanche, mon art de rue n’est en rien qualifiable de mendicité !

Et ce matin, dans Aix, la police municipale qui vient, avec regret, me demander d’arrêter de jouer car une voisine s’est plaint. Ils ont eux même jugé ma musique comme étant pourtant douce et pas forte, plutôt apaisante… Mais ils ont dû faire leur travail, en stoppant le mien. Je ne leur en veux pas, j’en veux à tous ces gens qui ne voit pas plus loin que leur besoin, leur envie, leur rythme, et qui cassent les rêves de ceux qui en ont encore. Ils vivent dans la morosité et semblent ne pas vouloir en sortir.

Lorsque j’ai commencé la musique de rue, en période de COVID, ça m’a permis de tenir psychologiquement, en gardant un contact avec l’humanité, en apercevant des yeux se plisser sous un masque cachant toute autre émotion, lorsque je souriais aux passants, ou les remercier pour leur compliment, leur écoute, leur don. A cette époque où on nous supprimait concerts, festivals, musée, cinéma, c’est les artistes de rue qui ont permis à la culture de ne pas s’éteindre… J’ai donc pris conscience de l’importance qu’avaient ces quelques minutes de douceur pour celles et ceux qui voulaient bien les recevoir, dans cette période si anxiogène pour tous.

Comme la caresse d’une plume, comme une bulle en flottaison dans l’air, j’avais juste envie d’offrir ma douceur, mon amour, ma bienveillance, au travers de ces quelques notes. Un instant hors du temps, avant de retrouver le rythme de nos vies

Aujourd’hui, je ne m’y sens plus à ma place, pourtant c’est là que je me suis sentie le mieux pendant ces 3 ans… Peut être est il temps de tourner une page, peut être est il temps de passer au niveau supérieur et oser tenter l’intermittence, ou peut être de changer complètement de voix?

Nous sommes bon nombre d’artistes, professionnels ou pas, à se plaindre des conditions de travail, de rue et d’ailleurs… En France comme à l’étranger.

S’il vous plaît, ne laissez pas la musique disparaître de vos rues, ne laissez pas les arts disparaîtrent de vos rues, ne laissez pas la morosité de ce monde s’installer dans votre coeur, vibrez, frissonnez, vivez, aimez. Enfin, c’est pas un ordre, mais juste un conseil

Avec tout mon amour, belle journée à vous

En liens, quelques artistes qui ont aussi posté à ce sujet :

Martin Piatek https://www.facebook.com/share/p/Ryag4z1VV4jkFhEH/