Trou de la Sécu : comment la Cour des comptes veut s’attaquer à l’indemnisation des arrêts de travail

information fournie par BOURSORAMA AVEC MEDIA SERVICES 29/05/2024 

Selon un rapport des Sages de la rue Cambon, les dépenses d’indemnisation des arrêts de travail ont augmenté de plus de 50% entre 2017 et 2022, pour atteindre 12 milliards d’euros dans le régime général.
( AFP / PHILIPPE HUGUEN )

Face à une dégradation « continue » et « non maitrisée » du déficit public, la Cour des comptes propose de restreindre l’indemnisation des arrêts de travail par l’Assurance maladie et raboter certaines exonérations de cotisations sociales pour tenter d’enrayer « l’insoutenable » creusement du déficit de la Sécurité sociale.

Les prévisions actuelles du gouvernement « montrent une dégradation continue » du déficit de la Sécu, « qui atteindrait 17,2 milliards d’euros en 2027, sans plus de perspective de stabilisation et encore moins de retour à l’équilibre », souligne la Cour des comptes dans son rapport d’application sur les lois de financement de la Sécurité sociale, présenté mercredi 29 mai.

Lutte contre la fraude et contrôle des prescriptions

Parmi ses recommandations pour tenter de reprendre le contrôle, la Cour des comptes suggère de s’attaquer aux dépenses d’indemnisation des arrêts de travail, « qui ont augmenté de plus de 50% entre 2017 et 2022 pour atteindre 12 milliards d’euros dans le régime général ».

Elle préconise « d’aller plus loin dans la lutte contre la fraude aux arrêts de travail et dans le contrôle des prescriptions des médecins », et de simplifier la réglementation existante.

Parmi d’autres « mesures possibles », la Cour cite la non-indemnisation par l’Assurance maladie des arrêts de moins de 8 jours (470 millions d’euros de dépense en moins), l’augmentation à 7 jours du délai de carence (950 millions d’euros de dépenses en moins), la réduction à deux ans (contre trois aujourd’hui) de la durée maximale d’indemnisation (750 millions d’euros de dépenses en moins)…

De manière générale, il faut « mieux répartir la charge » de l’indemnisation des arrêts de travail entre la Sécurité sociale, les entreprises et les assurés, résume la Cour.

Elle propose également de redonner des recettes à la Sécurité sociale en s’attaquant aux exonérations de cotisations sociales sur les compléments de salaire.

Très chères exonérations

Ces possibilités dont disposent les employeurs pour compléter la rémunération de leurs salariés (financement des complémentaires santé, prévoyance et retraite supplémentaire, aides directes comme les titre restaurants, partage de la valeur comme l’intéressement ou la participation…) ne cessent de croître, au détriment des salaires… et des cotisations sociales assises sur ceux-ci, explique la Cour des comptes. Les exonérations qui leur sont appliquées « se traduisent par une perte de recettes pour la Sécurité sociale qui peut être estimée à 18 milliards en 2022 », selon elle.

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