Des débats sur le « chiffrement de bout en bout » en cours au Parlement européen.
Depuis quelque temps, un certain nombre d’Etats européens s’activent en coulisses pour tenter de faire interdire le chiffrement de bout en bout. Mais de quoi parle-t-on ?
Sans rentrer dans les détails, le chiffrement de bout en bout vous permet de communiquer avec une autre personne sans que vos messages ne puissent être déchiffrés par une tierce personne.
L’application de messagerie Signal, désormais bien connue, est un exemple régulièrement cité. Lorsque vous envoyez un message à l’un de vos contacts, il transite d’abord par les serveurs de Signal avant d’arriver chez votre contact. Or, dès l’instant où il est envoyé, celui-ci est chiffré, c’est-à-dire qu’il est illisible, y compris pour un employé de Signal qui aurait accès au flux de données qui transitent sur leurs serveurs.
Seul l’appareil de votre contact dispose de la clé de chiffrement lui permettant de lire le message en question.
En bref, c’est un moyen de communication sûr, qui garantit la confidentialité de vos échanges, et aujourd’hui adopté par de nombreuses applications de messagerie instantanée. A titre de contre-exemple, un simple SMS n’est pas chiffré, ce qui signifie que votre opérateur peut en théorie accéder à l’ensemble du contenu des SMS que vous envoyez. Tout ceci vaut également pour les fichiers audios et vidéos.
Mais alors pourquoi l’Union Européenne voudrait-elle interdire une technologie qui protège la vie privée des utilisateurs ?
En vérité, Darmanin et quelques uns de ses homologues européens sont terriblement frustrés de ne pas pouvoir accéder à nos messages quand l’envie leur prend. Comme à son habitude, la police, qui a déjà tous les droits, joue aux victimes en affirmant qu’elle ne peut plus faire son travail correctement à cause du chiffrement.
Plus mesquin encore, elle veut jouer sur l’émotion en affirmant que l’interdiction du chiffrement a pour but de protéger les enfants et de lutter contre les contenus pédopornographiques. Ce qui semble ironique quand on sait à quel point les pouvoirs publics se contrefoutent de la question de l’inceste et du bien être des enfants.
Et puis c’est bien connu, c’est à cause du chiffrement que des milliers de prêtres ont violé des gamins par dizaines de milliers.
Si l’interdiction ou la limitation du chiffrement de en bout venait à être prononcée, le grand public perdrait un des derniers espaces de liberté qu’il lui reste, à l’ère de la surveillance de masse.
Si les dirigeants de Signal ont annoncé qu’ils se retireraient d’Europe plutôt que d’accepter la fin du chiffrement des conversations, nul doute que les GAFAM tels que META se plieront à cette nouvelle législation.
Et que pourrait-il mal se passer ? Pour rappel, aux Etats-Unis, Facebook livre en pâture aux flics des jeunes filles qui ont eu recours à l’avortement dans des Etats où cela est devenu illégal.
En France, on sait que les flics ont la fâcheuse tendance d’envoyer des messages aux femmes victimes de violences quand ils récupèrent le numéro de celles-ci lors du dépôt de plainte. On les imagine mal se gêner d’éplucher nos conversations prétextant une enquête ou autre connerie du genre.
Dans ce monde qui est le nôtre, les protocoles de chiffrement sont l’une des dernières choses qui nous protègent un tant soit peu face à l’autoritarisme de l’Etat.
Aujourd’hui, Signal et d’autres applications similaires sont utilisées par l’ensemble des lanceurs d’alertes et des journalistes travaillant sur des sujets sensibles ou dans des contextes dégradés. Une interdiction du chiffrement de bout en bout constituerait donc une grave atteinte aux libertés fondamentales, dont la protection des sources, valeur fondamentale du code de déontologie journalistique.
PS : On vous recommande d’en profiter pour explorer d’autres technologie de communication sûres et pas trop compliquées à prendre en main, tel que Briar, qui fonctionne en peer to peer, c’est-à-dire que vos messages ne transitent pas par des serveurs centralisés, et donc renforce encore davantage la sécurité de vos échanges.
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