Arrestations en Nouvelle-Calédonie : la directrice de cabinet du président du Congrès parmi les interpellés

Onze militants indépendantistes ont été placés en garde à vue mercredi dans le cadre d’une enquête ouverte par le parquet de Nouméa, notamment pour association de malfaiteurs. Parmi eux : la principale collaboratrice de Roch Wamytan, le président du Congrès de Nouvelle-Calédonie.

Ellen Salvi

La directrice de cabinet de Roch Wamytan, le président indépendantiste du Congrès de Nouvelle-Calédonie, fait partie des onze personnes interpellées mercredi, dans le cadre de l’enquête ouverte par le parquet de Nouméa le 17 mai et visant « les commanditaires présumés » des révoltes qui ont embrasé l’archipel.

Il s’agit principalement de militant·es de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), une organisation proche du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), dans le viseur du gouvernement depuis le début de la crise. La structure est une émanation de l’Union calédonienne (UC), principal parti indépendantiste auquel appartient Roch Wamytan.

« C’est scandaleux », réagit ce dernier auprès de Mediapart, dénonçant, au-delà du seul cas de sa directrice de cabinet, des « arrestations abusives » dont le caractère politique ne fait aucun doute à ses yeux. « Il fallait donner une compensation aux loyalistes après l’abandon de la révision constitutionnelle sur le dégel du corps électoral », estime-t-il.

Le président du Congrès de Nouvelle-Calédonie Roch Wamytan (au centre) lors du congrès annuel du FLNKS le 15 juin 2024 à Koné, en Nouvelle-Calédonie. © Photo Thomas Bernardi / AFP

Le président du Congrès de Nouvelle-Calédonie en veut pour preuve la lettre qu’Emmanuel Macron a adressée aux habitant·es de l’archipel, la veille de la vague d’interpellations. « La situation dans laquelle la Nouvelle-Calédonie a été réduite par quelques-uns demeure inadmissible, et ceux qui l’ont encouragée devront répondre de leurs actes », peut-on lire dans ce courrier.

La procédure du parquet de Nouméa vise notamment des faits d’association de malfaiteurs, de vols avec armes en bande organisée, de destruction en bande organisée du bien d’autrui par moyen dangereux pour les personnes, de complicité par instigation ou fourniture de moyens de meurtre ou de tentative de meurtre sur personnes dépositaires de l’autorité publique.

Dans un communiqué paru jeudi, l’UC a fait part de sa « stupeur » quant au fait que l’enquête avait été aussi confiée à la directrice antiterroriste. « Le dossier calédonien n’est pas un dossier à caractère terroriste […], c’est un problème politique de décolonisation », écrit le parti, en faisant un parallèle avec « l’engrenage catastrophique » ayant entraîné les événements de 1984-1988.

La CCAT dans le viseur des autorités françaises

Invité mercredi sur la chaîne NC la 1ère, le procureur de la République Yves Dupas a confirmé que les interpellations visaient les responsables de la CCAT. Des bureaux de l’organisation militante, situés dans un bâtiment qui abrite également le siège de l’UC, ont également été perquisitionnés mercredi.

« Ce n’est aucunement une perquisition qui vise l’Union calédonienne », a assuré le magistrat. Depuis des semaines, les autorités françaises tentent de distinguer le parti politique indépendantiste de cette structure de terrain, qualifiée de « groupe mafieux » par le ministre de l’intérieur et des outre-mer, Gérald Darmanin. La CCAT n’est pourtant rien d’autre qu’une émanation de l’UC.

« Sa création a été actée lors de notre congrès de novembre 2023C’est à ce moment-là que nous avons demandé à Christian Tein [l’une des figures médiatiques de la CCAT, placé lui aussi en garde à vue mercredi – ndlr], qui est membre du conseil exécutif de l’UC, de s’en charger », indique Roch Wamytan, précisant que sa directrice de cabinet s’occupe, elle, de la communication de l’organisation.

Outre ses fonctions au sein du cabinet du président du Congrès de Nouvelle-Calédonie, l’intéressée est aussi membre de l’UC. Elle en préside d’ailleurs le comité local à Nouméa. Roch Wamytan suppose que c’est à ce titre qu’elle a été interpellée, mais n’avait pas encore de nouvelles de sa collaboratrice à l’heure où nous publions cet article.

Contacté par Mediapart, le procureur de la République Yves Dupas n’a pas répondu à notre demande. De même que l’avocate de la directrice de cabinet de Roch Wamytan, désignée d’office.

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