A la veille de ladite « trêve » du samedi précédant le scrutin, le pays bruisse de rumeurs et de signes de crise. Quand Macron a perpétré son petit coup d’État dimanche soir 9 juin à 21h 02, il n’avait pas prévu la poussée d’en bas qui a imposé le front unique dénommé « Nouveau Front Populaire », ni l’implosion totale du parti historique de la V° République qui s’appelle aujourd’hui LR. Macron est devenu l’épicentre de la crise et son propre camp le considère comme fini, quasi ouvertement – mais il est toujours là.
Ces conditions doivent nous aider à comprendre par quel biais prendre la question des désistements « républicains ». Il ne s’agit plus et il ne s’agit pas d’une injonction faite à l’électorat de la gauche et du mouvement ouvrier de « faire barrage ». La balle a changé de camp : c’est parmi les ci-devants macroniens et ce qui reste de LR qui se déchirent ceux qui se préparent à voter RN, ceux qui se préparent à voter NFP, ceux qui se préparent à voter blanc ou ne pas voter.
Le « camp présidentiel », avant même le premier tour, implose ou explose. De larges secteurs du patronat envisagent maintenant le RN au pouvoir : au Comité Économique, Social et Environnemental (CESER), une institution vouée au « dialogue social », de la région Auvergne-Rhône Alpes, le collège 1, les employeurs, a quitté la salle pendant la lecture d’une déclaration CGT-CFDT-FSU-UNSA-Solidaires appelant à empêcher l’accession du RN au pouvoir. De tels signes, qui ne trompent pas, ne manquent pas.
Mais en même temps, grand patronat et hautes sphères de l’État, ainsi que la Bourse et les marchés financiers, s’affolent d’une telle installation au pouvoir avec en même temps un président sans base aucune, Macron, un RN n’ayant pas consolidé un appareil coercitif à l’échelle du pays, des couches sociales mobilisées et dressées contre eux. Voici une heure ou deux, Marine Le Pen a dû désavouer le trouble personnage qui passe pour futur ministre de l’Éducation Nationale dans un exécutif Macron/Bardella, Roger Chudeau, ancien haut fonctionnaire « gaulliste » devenu un RN déchaîné sitôt à la retraite, lorsque celui-ci s’en prend à N. Vallaud-Belkacem en raison de sa binationalité franco-marocaine. Ils ont peur par avance.
Mais attention : le panurgisme médiatique consistant à faire croire que le NFP, c’est LFI, alors que l’unité a été réalisée contre Mélenchon et malgré lui, et l’hystérie délirante consistant à en faire le danger principal qualifié d’ « antisémite », sont des faits qui indiquent ce dont le capital a le plus peur.
La voie du débouché, c’est le vote Front populaire ce dimanche, celui qui est à même, indépendamment de ses dirigeants, et par la constitution de comités d’action et l’organisation de celles et de ceux d’en bas, de battre le RN, de battre Macron, et d’ouvrir l’acte final de l’existence de la V° République.
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