Julian Assange est libre enfin…

Julian Assange est libre. Après douze années de privation de liberté – d’abord à l’ambassade d’Équateur à Londres, ensuite dans une prison britannique – au motif que le média WikiLeaks avait révélé au public des informations vraies beaucoup plus significatives que les ragots qu’on lit habituellement dans la presse. Il y était question d’espionnage et de crimes de guerre dont les coupables n’étaient pas de méchants « régimes illibéraux » mais la jolie démocratie américaine et les alliés qu’elle avait embarqués avec elle dans l’invasion et la destruction de l’Irak. Or « le premier qui dit la vérité, il doit être exécuté. On lui coupe la langue, on le dit fou à lier », comme dit la chanson. Assange a donc connu toutes sortes d’accusations, souvent farfelues, destinées à le maintenir détenu.

Pourquoi l’administration de M. Joseph Biden consent-elle enfin à renoncer aux poursuites pour espionnage engagées par celle de son prédécesseur, M. Donald Trump ? On peut imaginer que la dénonciation américaine, entièrement justifiée au demeurant, de l’incarcération d’un journaliste du Wall Street Journal Evan Gershkovich, accusé d’espionnage par Moscou et bientôt jugé, souffrait de la persécution diligentée par la Maison Blanche contre Assange. L’Australie, dont le rôle stratégique va croissant à mesure que les relations sino-américaines se détériorent, était également solidaire de son compatriote. Désormais libre, Assange nous dira sans doute de quoi il retourne. Et ce qu’il pense des journalistes occidentaux qui se sont nourris des informations de WikiLeaks avant de le diffamer pour mieux se désintéresser de son sort.

une archive

Pour Julian Assange

Serge Halimi, décembre 2018
La détention de Julian Assange doit tout au site d’information qu’il a fondé. WikiLeaks est à l’origine des principales révélations qui ont indisposé les puissants de ce monde depuis une dizaine d’années : images des crimes de guerre américains en Afghanistan et en Irak, espionnage industriel des États-Unis, comptes secrets aux îles Caïmans. ->
une chronologie

Une vie suspendue par la publication de câbles classifiés

De la fondation de WikiLeaks à la révocation de l’asile politique d’Assange (mai 2019). ->
une citation

Le légendaire lanceur d’alerte Daniel Ellsberg, qui fournit en 1971 les « Pentagon Papers » à la presse américaine, commentait en 2020 les audiences portant sur l’extradition aux États-Unis de Julian Assange, emprisonné au Royaume-Uni :

« Si Julian est extradé, il sera poursuivi ici et probablement condamné. Ce sera le premier journaliste et éditeur à subir ce sort, mais pas le dernier. Le New York Times ne sera probablement pas le deuxième, mais peut-être le troisième ou le quatrième. Donc, tout le monde est concerné dans cette affaire. Si Julian est envoyé aux États-Unis pour répondre des accusations portées contre lui – celles d’avoir fait… du journalisme -, aucun journaliste dans le monde ne sera plus à l’abri d’une peine de prison à vie ici. »

« Daniel Ellsberg Warns U.S. Press Freedom Under Attack in WikiLeaks’Julian Assange Extradition Case », Democracy Now, 17 septembre 2020. ->

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