La lettre hebdomadaire de Mediapart

Législatives : l’unité de la gauche face à l’adversité ; la résistible ascension de l’extrême droite ; une campagne irresponsable… Et le reste de l’actualité de la semaine…

L'Hebdo de Mediapart'
La lettre hebdomadaire
Vendredi 21 Juin 2024
 
Audiovisuel public et extrême droite : d’une menace, l’autre

Alors qu’un projet de fusion voulu par la macronie est déjà à l’œuvre, l’extrême droite, menace, elle, de privatiser l’audiovisuel public. Obsession de longue date de Marine Le Pen, cette mesure est martelée chaque jour de cette campagne. Bien que difficilement réalisable et légalement contestable, le spectre de la privatisation fait craindre le pire aux salarié·es de l’audiovisuel public.

À raison. Sans être au pouvoir, l’extrême droite peut déjà compter sur de puissants relais médiatiques privés. Les chaînes du groupe Bolloré font campagne pour le RN à travers leurs contenus mais aussi leurs candidats-chroniqueurs, posant, outre la question déontologique, celle du financement occulte de campagne. Quant à BFM-TV, consigne a été donnée par la direction de « veiller à l’équilibre des plateaux » en invitant davantage « d’éditorialistes de droite et droite + ».

Ne nous y méprenons pas : cette menace sur l’audiovisuel public pèse sur le droit à l’information en général. Dans sa stratégie de conquête du pouvoir, l’extrême droite, en France comme ailleurs dans le monde, a mis les médias au pas, au service de son projet xénophobe et réactionnaire. Parfois, les gouvernements néolibéraux qui l’ont précédée avaient préparé le terrain. C’est vrai de celui d’Emmanuel Macron.

C’est pourquoi Mediapart et une centaine de médias appellent à constituer un front commun des médias contre l’extrême droite. Car sans presse libre, pas de démocratie.

 
Par Yunnes Abzouz
Entre menaces de privatisation et risque de mise au pas, la perspective de voir le parti d’extrême droite prendre le contrôle des radios et des télévisions publiques suscite l’effroi au sein des équipes, qui s’engagent déjà pour préserver leur indépendance et leur mission de service public. Des journalistes de France Télévisions ont été mis en retrait par la direction de l’information pour avoir signé une tribune appelant à constituer un « front commun des médias contre l’extrême droite ».
Par Dan Israel
Officiellement, le RN n’a pas abandonné son ambition de vendre au secteur privé les télévisions et radios du service public. Mais mille et un obstacles se dresseraient avant de mener à bien ce projet. Au point que le parti semble en fait peu pressé de s’y coller.
Dans un désir de « s’adresser à tous les Français », Marc-Olivier Fogiel, le patron de BFMTV, a demandé aux programmateurs de « veiller à l’équilibre des plateaux ». Une liste d’éditorialistes réactionnaires a ensuite été envoyée aux journalistes chargés de sélectionner les invités, comprenant un ancien communicant du RN et plusieurs journalistes de « Valeurs actuelles » et du « JDD ».
Par Antton Rouget
La campagne de propagande pro-Bardella conduite par les médias audiovisuels du groupe Bolloré, qui a déjà joué le marionnettiste d’élections en Afrique, pose un défi inédit aux organes de contrôle.
Par Yunnes Abzouz
Pour Christina Holtz-Bacha, professeure émérite en sciences de la communication, les attaques des extrêmes droites européennes contre les services de l’audiovisuel public témoignent de leur volonté de se soustraire au contrôle démocratique.
Par Mediapart, journal indépendant et participatif
« Sans presse libre, pas de démocratie ». Pour préserver la possibilité même d’une presse libre, indépendante et pluraliste, plus de 100 médias, dont Mediapart, l’Humanité, StreetPress, Reporterre, Bondy Blog et Politis, appellent à soutenir le combat contre l’extrême droite. « Dans sa stratégie de conquête du pouvoir, l’extrême droite a fait des médias un terrain privilégié au service de son projet. Elle impose dans le débat public ses fausses nouvelles et ses obsessions contraires aux droits fondamentaux. »
Après des élections européennes remportées haut la main, et la dissolution surprise de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, le Rassemblement national, emmené par Marine Le Pen et Jordan Bardella, est à une marche du pouvoir. Mediapart a donc décidé, exceptionnellement, de permettre la lecture en accès libre d’une sélection d’articles qui racontent les menaces que l’extrême droite fait peser sur la France.
À gauche, l’unité dans l’adversité
 
Par Mathias Thépot, La rédaction de Mediapart
À l’appel notamment de l’intersyndicale, entre 250 000 et 640 000 personnes se sont rassemblées le 15 juin dans les rues de 150 villes de France contre l’extrême droite. L’inquiétude sur la montée de la xénophobie en cas d’accès au pouvoir du Rassemblement national dominait dans les cortèges.
Par Mathias Thépot
Auditionnés par les lobbys patronaux, les partis candidats aux élections législatives ont reçu un accueil très variable. Plein soutien au ministre des finances Bruno Le Maire, crispations face au Nouveau Front populaire d’Éric Coquerel et Boris Vallaud, et circonspection devant le couple baroque et xénophobe Ciotti-Bardella.
Par Romaric Godin
L’offensive sur le caractère « irréaliste » ou « impossible » des financements des programmes est un piège conservateur qui tente de réduire la politique à des choix comptables et d’écarter toute remise en cause de l’ordre existant. Mais l’heure oblige à fixer des priorités en dehors des cadres financiers.
Le prétendu camp de la raison pousse ses feux comme jamais, en sortant ses tableaux Excel et sa rhétorique rebattue mais toujours pénible des « extrêmes ». Le Nouveau Front populaire peut pourtant faire advenir une radicalité responsable, qui ne soit ni de l’eau tiède ni de la raison froide.
Par Mathieu Dejean
Lors d’un meeting organisé par des personnalités issues de la société civile en soutien au Nouveau Front populaire, dans la circonscription d’Alexis Corbière, les tensions au sein de La France insoumise ont refait surface.
Par Lénaïg Bredoux, Mathieu Dejean
Les partis de gauche avaient promis d’ouvrir leurs investitures à la société civile organisée. Seule La France insoumise promeut une part de profils inhabituels en politique, notamment issus des quartiers populaires. Même si l’effort est terni par les règlements de comptes politiques qu’elle opère au passage.
Plutôt le Rassemblement national que le Front populaire : telle est la musique sous-jacente de l’attaque calomnieuse d’Emmanuel Macron et de ses soutiens contre l’union des gauches et des écologistes, une union qualifiée d’indécente et accusée d’antisémitisme.
Par Mathieu Dejean
En campagne pour leur réélection sous les couleurs du Nouveau Front populaire, les Insoumis Damien Maudet et Manon Meunier mettent en avant François Ruffin et importent ses pratiques pour confirmer leur ancrage territorial dans les ruralités.
Par Daniel Carlier, Jacques Trentesaux (Mediacités)
Le premier secrétaire du PCF va devoir livrer un combat particulièrement âpre contre le RN sur la 20e circonscription du Nord. Son avenir politique est suspendu à une victoire.
Par Stéphane Alliès
À eux deux, ils représentent 116 années de mandats. Et ils incarnent, chacun à sa façon et dans son style, l’errance de la gauche bloquée et fracturée des années 2000-2020. Septuagénaires, jusqu’à quand entendent-ils imposer leur dualité rebutante à la gauche de 2024 ?
Par La rédaction de Mediapart
Une émission exceptionnelle en direct avec Olivier Faure, Clémence Guetté et Marine Tondelier, ainsi que des militants qui se mobilisent dans les villes et les campagnes avant les élections législatives.
Extrême droite : la résistible ascension
 
Par Martine Orange
Sonnés par la dissolution, les milieux patronaux cherchent à tisser au plus vite des liens avec le parti de Jordan Bardella. Entre « le cauchemar » de l’extrême droite et « le chaos » d’une chambre ingouvernable, ils optent pour le premier, avec l’espoir de tenir la main du RN sur l’économie.

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