PEUT-ON ETRE RACISTE ET COMBATTRE L’ANTISÉMITISME ?
La question peut paraitre provocatrice et absurde. Mais dans la France de 2024, elle se pose réellement.
Car depuis plusieurs mois, des personnalités fascistes s’affichent comme d’ardentes défenseuses de la lutte contre l’antisémitisme. Pire : des philosophes, politiques ou avocats de confession juive se rapprochent de l’extrême droite. Certains appellent à voter pour elle, d’autres participent à des débats organisés par l’Action Française (mouvement royaliste et antisémite).
A l’inverse, des organisations et collectifs de gauche, y compris dans le mouvement antifasciste, sont traités d’antisémites, par l’extrême droite, mais aussi par une part très importante du champ médiatique et politique.
L’inversion des valeurs semble totale.
Pour tenter de remettre les choses à leur place, il convient de rappeler une première évidence : l’extrême droite n’a malheureusement pas le monopole du poison raciste. Il existe depuis des décennies (et même siècles) des prises de positions racistes de la part de personnalités de droite comme de gauche (et d’extrême gauche).
Il faut bien évidemment les dénoncer, et les combattre.
Mais combattre le racisme en s’alliant à l’extrême droite est une inconséquence grave.
Car si le RN et d’autres mouvements fascistes européens se rapprochent de l’extrême droite israélienne, c’est uniquement pour porter le plus loin possible leur haine contre les musulmans (et plus globalement les arabes).
L’indécence de cette position est flagrante. Ces personnes qui affichent une façade de soutien aux victimes d’antisémitisme sont souvent celles qui propagent la xénophobie, l’islamophobie, la négrophobie ou encore l’homophobie.
En ciblant spécifiquement l’antisémitisme tout en alimentant d’autres formes de racisme, ces groupes adoptent une approche sélective et communautariste. Ils ne défendent pas un principe universel d’égalité et de respect, mais plutôt une vision fragmentée et opportuniste de la lutte contre la discrimination.
Pour combattre efficacement le racisme, y compris l’antisémitisme, il est impératif d’adopter une approche globale et inclusive. L’antiracisme ne peut être véritablement efficace que s’il s’attaque à toutes les formes de discrimination de manière égale et sans compromis. Cela signifie que ceux qui s’engagent contre l’antisémitisme doivent également se lever contre l’islamophobie, la discrimination envers les Noirs, les Asiatiques, et toutes les minorités. A ce jeu là, nous ne sommes pas prêt de voir le RN ou d’autres groupes d’extrême droite occuper ce terrain !
La question de l’antisémitisme est importante. Essentielle même. Il faut la regarder en face et la combattre. C’est d’autant plus vrai dans le contexte de ces derniers mois où les actes antisémites ont considérablement augmenté. Et où certaines personnes à gauche ont utilisé, consciemment ou non, des tropismes antisémites (dragons célestes, peuple deicides…). Dans une France qui a connu (et promu) structurellement l’antisémitisme (notamment lors de la collaboration), il ne faut laisser le moindre interstice possible pour que ce poison se répandent.
Cela nécessite également en 2024 une critique forte et inflexible du régime d’apartheid et de la politique coloniale de l’État israélien, qui, en prétendant perpétrer ces horreurs au nom de la judéité, est finalement devenu le principal carburant de l’antisémitisme dans le monde.
Le fascisme s’est installé un peu partout en France, et ce, avant même son arrivée « officielle » au pouvoir. Contrairement aux années 30 et 40, le racisme qui rassemble le plus l’Occident aujourd’hui est la haine des arabes/musulmans. L’extrême droite utilise donc la fléau de l’antisémitisme pour propager son islamophobie.
Ceux qui se rendent complices de ce basculement de la haine sont tout aussi responsables que les fascistes eux même.
Ainsi les médias ou organisations politiques qui ne cessent de diaboliser des personnalités de gauche en alimentant des polémiques souvent stériles et infondées de soupçons d’antisémitisme, ferment totalement les yeux sur des politiciens qui eux affirment ouvertement leur islamophobie (et sont même parfois condamnés par la justice pour racisme). Pire, ils fricotent avec eux.
Cette connivence avec le fascisme rend leurs critiques totalement irrecevables. On ne combat pas le racisme avec des racistes.
L’enjeu est donc de ne pas dévier d’horizon politique malgré les injonctions de toutes parts. Un horizon réellement antifasciste et révolutionnaire, qui combatte tous les racismes (y compris l’antisémitisme) et toutes les oppressions. Cet horizon est plus que nécessaire aujourd’hui. Et il sera vital demain.
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