Elle couvrait une manifestation dans les locaux d’Exxelia, visée par une plainte « pour complicité de crimes de guerre et homicide ». Son avocat considère sa garde à vue et la demande d’accès à son téléphone abusifs.
Une journaliste du média en ligne Blast, arrêtée après une manifestation dans l’entreprise Exxelia, fabricant de composants électroniques à usage civil et militaire, a engagé une procédure pour faute lourde contre l’Etat devant le tribunal judiciaire de Paris, a annoncé, jeudi 27 juin, son avocat, Me Laurent Pasquet-Marinacce.
La journaliste, dont l’identité n’a pas été communiquée, avait été interpellée avec six autres personnes, le 18 juin, après une « intrusion », selon le parquet, dans les locaux d’Exxelia. Selon Blast, elle enquêtait « sur les ventes d’armes en Israël », et plus précisément sur le rôle de cette entreprise « visée par une plainte pour complicité de crimes de guerre et homicide ».
« Il y a une recrudescence de pressions »
L’avocat de la journaliste, qui a filmé la manifestation, considère que l’interpellation et la garde à vue de sa cliente, la demande d’accès à son téléphone et de prélèvement biologique pour l’inscrire au fichier des empreintes génétiques constituent une « faute lourde ». Il demande 15 000 euros de réparation.
« Il n’est pas normal qu’une journaliste soit interpellée lorsqu’elle couvre un événement accompagné de troubles », dit-il, dénonçant des « pressions et ruses pour tenter de la persuader de livrer des informations couvertes par le secret des sources. On est face à une entrave à la liberté de la presse commise par les autorités publiques elles-mêmes et qui constitue à ce titre un abus particulièrement grave, qui doit être sanctionné et réparé ».
Les sept gardes à vue avaient été levées dès le lendemain en fin de journée. La procédure a été classée sans suite pour absence d’infraction « suffisamment caractérisée », selon le parquet.
Reporters sans frontières a annoncé son intention de « saisir le Défenseur des droits pour que toute la lumière soit faite ». « Les incidents répétés ces derniers mois qui mettent à mal le secret des sources invitent à une réponse forte de la part des pouvoirs publics », écrit l’ONG.
« Il y a une recrudescence de pressions sous des formes diverses et variées », a confié au Monde Manuel Sanson, rédacteur en chef du média d’investigation en ligne Le Poulpe, lui-même poursuivi en justice par l’ex-maire de Canteleu Mélanie Boulanger, actuellement jugée pour complicité de trafic de stupéfiants. Il cite le cas de la journaliste de Blast, mais aussi la garde à vue de la journaliste Ariane Lavrilleux, de Disclose, en septembre 2023.
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