Du déni au désistement : les trois semaines qui ont mené Joe Biden à se retirer de la course à la Maison blanche

FILE - President Joe Biden walks out to the Rose Garden of the White House in Washington, Sept. 27, 2022. Biden dropped out of the 2024 race for the White House on Sunday, July 21, 2024, ending his bid for reelection following a disastrous debate with Donald Trump that raised doubts about his fitness for office just four months before the election. (AP Photo/Susan Walsh, File)

Affaibli par sa prestation calamiteuse lors du débat télévisé du 27 juin face à Donald Trump, lâché progressivement par le camp démocrate, le président américain a fini par jeter l’éponge, dimanche 21 juillet.

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Publié aujourd’hui à 22h48

27 juin : une prestation catastrophique lors du débat contre Donald Trump

Ce soir-là, sur le plateau de CNN, le président des Etats-Unis sombre en direct, devant des millions de télespectateurs. Alors qu’il voulait montrer aux citoyens américains que son âge – 81 ans – n’était pas un obstacle à un nouveau mandat de quatre ans, il est trahi, dès les premières minutes par une voix étouffée, une mémoire défaillante, un argumentaire laborieux, une incapacité à suivre le fil de sa pensée.

5 juillet : Joe Biden maintient sa candidature

Au lendemain du débat, les médias américains, – notamment le New York Times, – jusqu’alors plutôt discrets sur son état de santé, presse Biden de se retirer de la course à la présidentielle. Mais le président, encouragé par le déni qui prévaut dans son entourage et par la gêne qui domine au sein du parti démocrate, maintient sa candidature. Dans une interview à la chaîne ABC, il s’estime toujours « le plus qualifié » pour battre Donald Trump.

6 juillet : plusieurs grands donateurs d’Hollywood suspendent leurs financements

De nombreuses voix de l’industrie du cinéma, comme Ari Emanuel, un célèbre agent et Reed Hastings, cofondateur de Netflix, demandent au président américain de passer le flambeau à un autre candidat démocrate. « L’argent est le poumon d’une campagne, et peut-être que le seul moyen est que l’argent commence à se tarir », déclare le premier, un grand donateur démocrate, dont le frère, Rahm, fut le chef de cabinet de Barack Obama quand il était à la Maison Blanche.

8 juillet : les dénégations de la porte-parole de la Maison Blanche

Ce jour-là, dans la salle de presse de la Maison Blanche, la porte-parole de la présidence, Karine Jean-Pierre, refuse à plusieurs reprises de répondre à des questions sur la santé du président et sur le fait qu’un spécialiste de la maladie de Parkinson a été reçu huit fois en huit mois à la Maison Blanche, entre l’été 2023 et le printemps 2024. « Le président a-t-il été traité pour Parkinson ? Non. Est-il traité pour Parkinson ? Non. Prend-il des médicaments pour Parkinson ? Non. »

10 juillet : les pressions du camp démocrate

Dans une tribune publiée par le New York Times, l’acteur George Clooney, compagnon de route des démocrates, appelle Joe Biden à jeter l’éponge. Le même jour, Nancy Pelosi, l’ancienne présidente de la Chambre des représentants, toujours très influente, conseille au président de bien mûrir sa décision, alors que ce dernier l’a confirmée à maintes reprises. Une intervention perçue comme un appel à la fronde. En public, Chuck Schumer, le chef de file des démocrates au Sénat, insiste sur le fait qu’il est « pour Joe ». Mais le site Axios affirme qu’en privé, il a déjà évoqué le retrait du président.

11 juillet : une nouvelle bourde de Joe Biden

Alors qu’il reçoit Volodymyr Zelensky, le chef d’Etat ukrainien, au sommet de l’OTAN, à Washington, Joe Biden l’introduit en disant : « Mesdames et Messieurs, le président Poutine. » Cette nouvelle bourde, venant après plusieurs lapsus, accentue le malaise. Chaque intervention publique du président devient un examen de santé.

17 juillet : première brèche dans l’inflexibilité du président

A la chaîne de télévision BET, Joe Biden dit qu’il réévaluerait sa candidature si on lui diagnostiquait un problème de santé. Interrogé sur ce qui pourrait l’inciter à se désister, le leader démocrate répond : « Si j’avais un problème médical qui apparaissait, si quelqu’un, des médecins venaient me voir et me disaient : “vous avez tel problème “ ». C’est la première fois que M. Biden entrouvre la porte à l’idée d’abandonner sa campagne.

17 juillet : Joe Biden testé positif au Covid

Le président américain, Joe Biden, est testé positif au Covid-19 lors d’un déplacement de campagne dans le Nevada. Il part s’isoler dans son fief du Delaware, tout en affirmant « se sentir bien » et en promettant de repartir en campagne la semaine suivante. Mais de plus en plus d’élus démocrates mettent en doute sa capacité à mener campagne et à l’emporter face à Donald Trump, qui est sorti renforcé de la tentative d’assassinat dont il a fait l’objet, le 13 juillet.

21 juillet : Joe Biden annonce qu’il se retire de la course à la présidentielle

Le président des Etats-Unis annonce, dans un communiqué diffusé sur X, qu’il renonce à briguer la présidence du pays le 5 novembre. « Servir en tant que président a été le grand honneur de mon existence. Et, bien que mon intention était de briguer ma réélection, je pense qu’il est dans l’intérêt de mon parti et de mon pays que je renonce et me focalise seulement sur l’accomplissement de mes devoirs pour le reste de mon mandat », écrit-il. Une décision inédite à ce stade avancé de la campagne électorale.

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