Ce 18 juillet, des dizaines de rassemblements et manifestations de tailles diverses ont eu lieu en France contre le déni antidémocratique de Macron. Là où les responsables syndicaux notamment CGT et FSU ont joué leur rôle – pas partout, donc -, de fortes interventions ont dénoncé à la fois l’arbitraire sans précédent du « gouvernement démissionnaire de plein exercice » de Macron et la désunion des chefs à plumes du NFP desquels nous n’exigeons qu’une seule chose : qu’ils s’unissent pour imposer le gouvernement qui, pour commencer, abrogera la contre-réforme des retraites. La plupart du temps, lorsque la discussion a pu se développer, il a été convenu de se retrouver et de préparer la rentrée, tout en étant vigilants et en soutenant les luttes sociales immédiates autour notamment des JO.
Ne nous y trompons pas : les partis du « centre » et de la droite bien que disloqués, et le RN, sont, eux, unis sur l’essentiel, et l’essentiel pour eux c’est d’interdire à tout prix que Macron soit contraint de se soumettre à un gouvernement de l’urgence sociale, ou de se démettre.
La crise institutionnelle s’est prolongée et approfondie toute la journée du 19 juillet à l’Assemblée nationale. Alors que la constitutionnalité du vote des 17 « ministres démissionnaires en exercice » est en cause, on a vu, pour l’élection des vice-présidents, tout à la fois un bourrage de l’urne, des bulletins imprimés par le RN avec un prénom erroné et un « tirage au sort » d’assesseurs excluant tout député du NFP ! Au final, et le fait n’est pas indifférent, le bureau de l’Assemblée est dominé par le NFP.
Pour la base militante, sociale et électorale du NFP, et plus largement pour la majorité de la population qui veut la hausse des salaires et l’abrogation de la contre-réforme des retraites, la question démocratique et matérielle immédiate est bien celle de l’inadmissible maintien d’un gouvernement choisi par Macron, qu’il s’agisse de l’actuel « démissionnaire » ou d’une autre formule qu’il imposerait dans les prochains jours ou semaines.
Ce vendredi 19 juillet, on a aussi vu la police du ministre de l’Intérieur de ce gouvernement chercher l’affrontement que les milliers de manifestants anti-bassines accusés d’être de dangereux « radicalisés » ont évité, ne tombant pas dans la provocation : alors, ce sont les grenades policières qui ont mis le feu aux blés !
Voila ce que signifie le maintien d’un gouvernement choisi par Macron.
Dans cette situation, c’est la division entre chefs du NFP qui lui permet seule de tenir. Et le principal moteur de cette division est le refus des chefs de LFI de reprendre les discussions sur une proposition de premier ministre. Laurence Tubiana a en effet déclaré ce 18 juillet aussi : « Il faut abroger la réforme des retraites, la geler, tout ce qu’on veut, mais on ne l’applique pas. » Le mieux serait de l’abroger, mais cette déclaration signifie qu’un gouvernement Tubiana serait mandaté pour cela.
Le PS a déclaré se rallier à la proposition, faite initialement par les députés « purgés de LFI » puis reprise par les groupes parlementaires EELV et PCF, d’un vote de l’ensemble des députés NFP sur la personne mise en avant pour Matignon. Ceci constituerait un appel d’air, une avancée démocratique unitaire.
C’est LFI qui, pour l’instant, s’oppose frontalement à l’unité contre Macron. L’argument du rejet de la candidature Bello par le PS (et de l’abstention d’EELV à son sujet) ne saurait justifier cette attitude : Bello est par elle-même tout aussi susceptible d’ « ouverture au centre » que Tubiana, ce qui compte c’est le mandat que porte la pression populaire et rien d’autre. Les trahisons passées du PS et la « radicalité » ne sauraient en aucun cas justifier la division contre la pression populaire, qui aide Macron et l’arbitraire de la V° République.
Si ce blocage se poursuit, lentement mais sûrement en ce cœur de l’été, la pression populaire à travers les comités de front populaire et les regroupements locaux va monter. Elle a la capacité d’imposer l’unité aux dirigeants du NFP et de contraindre Macron à se soumettre ou se démettre. Il faut aider et pousser à sa structuration par en bas. Et sa tendance profonde ne va pas vers la préservation des institutions et le scrutin de 2027, mais vers la réalisation de la démocratie contre l’État de la V° République et par une véritable constituante imposée par en bas.
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