Plusieurs tableaux de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques ont suscité des réactions politiques aux antipodes. La Conférence des évêques de France a déploré « des scènes de dérision et de moquerie du christianisme ».
Le medley de la chanteuse Aya Nakamura, accompagnée en musique par la garde républicaine, un show de drag-queens recréant la Cène, Philippe Katerine dénudé dans le rôle d’un Dionysos moderne, une représentation de Marie-Antoinette décapitée sur fond de musique métal… La cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris, qui s’est déroulée vendredi 26 juillet au soir, a suscité des réactions radicalement opposées, de la gauche à l’extrême droite.
« Quelle fierté quand la France parle au monde », a réagi samedi matin sur X le coordinateur de La France insoumise, Manuel Bompard, quand la cheffe de file des députés « insoumis », Mathilde Panot, a remercié les organisateurs pour « avoir sublimé notre héritage révolutionnaire et la France telle qu’elle est, dans toute sa richesse ».
De son côté, l’exécutif a notamment retweeté une vidéo de la prestation d’Aya Nakamura, l’accompagnant de commentaires élogieux. « En même temps », s’est félicité Emmanuel Macron, en reprenant son credo politique, qu’il met en avant depuis 2017. « Nommez-moi un meilleur duo ! », s’est également enthousiasmé le premier ministre démissionnaire, Gabriel Attal.
Une partie de la droite et de l’extrême droite outrée
Portant une robe à plumes dorées, la chanteuse francophone la plus écoutée dans le monde s’est produite aux côtés de la très sérieuse garde républicaine, en uniforme, elle, devant l’Académie française. Mais sa prestation, tout comme la présence de drag-queens recréant la Cène, ou encore l’apparition du chanteur Philippe Katerine (presque) nu, ainsi que d’une mannequin transgenre ont en revanche profondément déplu à une partie de la droite.
La sénatrice (Les Républicains, Bouches-du-Rhône) Valérie Boyer a dénoncé sur X « une vision de notre histoire, qui met en spectacle la décapitation de Marie-Antoinette et qui cherche à ridiculiser les chrétiens », tandis que Julien Aubert, ex-député des Républicains (LR), a fustigé ce qu’il a décrit comme un défilé « wokiste, où le sport a été invisibilisé par des messages politiques et sociétaux ». Le président (LR) de la région des Hauts-de-France, Xavier Bertrand a, à rebours, estimé que la cérémonie a permis à la France de « réaffirmer son universalisme, sa diversité et cette capacité à se rassembler, qui fait notre force ».
L’extrême droite s’est insurgée. « Quelle honte ! Aya Nakamura y a pas moyen ! L’ouverture des Jeux olympiques est un saccage pour la culture française », a dénoncé sur X le député Julien Odoul, porte-parole du Rassemblement national (RN). Quand l’eurodéputée Marion Maréchal a pourfendu ce qu’elle a rebaptisé les « J-Woke 2024 », ajoutant : « A tous les chrétiens du monde qui regardent la cérémonie d’ouverture et se sont sentis insultés par cette parodie drag-queen de la Cène, sachez que ce n’est pas la France qui parle mais une minorité de gauche prête à toutes les provocations. »
Marine Le Pen, qui avait estimé en amont de la cérémonie que la présence d’Aya Nakamura était une tentative d’Emmanuel Macron pour « humilier le peuple français », n’a pas commenté l’évènement, se contentant samedi matin de souhaiter « bonne chance à tous nos athlètes (…) prêts à porter haut les couleurs de la France et à rendre fier le peuple français ».
Les évêques de France déplorent des « scènes de moquerie du christianisme »
La Conférence des évêques de France (CEF) a également réagi samedi, en déplorant « des scènes de dérision et de moquerie du christianisme » lors de la cérémonie d’ouverture des JO, comprenant aussi, à leurs yeux, de « merveilleux moments ».
« La cérémonie d’ouverture proposée par le [Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques] a offert hier soir au monde entier de merveilleux moments de beauté, d’allégresse, riches en émotions et universellement salués. Cette cérémonie a malheureusement inclus des scènes de dérision et de moquerie du christianisme, ce que nous déplorons très profondément », a-t-elle écrit dans un communiqué, cosigné par les organisateurs des Holy Games – programme de l’Eglise catholique pour concilier sport et foi.
Si les scènes en questions ne sont pas précisément citées par la CEF, un tableau marquant de la cérémonie, intitulé « Festivité », a commencé par l’image d’un groupe à table, dont plusieurs drag-queens, reprenant l’imagerie de la Cène, le dernier repas de Jésus avec ses apôtres.
« Nous pensons à tous les chrétiens de tous les continents qui ont été blessés par l’outrance et la provocation de certaines scènes. Nous souhaitons qu’ils comprennent que la fête olympique se déploie très au-delà des partis pris idéologiques de quelques artistes », déclare la CEF. Ils remercient tous « les membres des autres confessions religieuses qui [leur] ont exprimé leur solidarité », avant de conclure : « Place au terrain des compétitions, qu’il apporte vérité, consolation et joie à tous ! »
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