Ouverture des JO : une cérémonie sous le signe de l’hypocrisie macroniste pour une « trêve » fragile

Crise politique

Ce vendredi la France a donné le coup d’envoi officiel des JO. Alors que la première journée a été marquée par le sabotage du réseau TGV et une cérémonie réussie malgré la pluie, célébrant de façon très hypocrite la diversité de la France et des causes que combat au quotidien le gouvernement, la profonde crise politique ouverte suite à la dissolution rend la volonté de « trêve politique » fragile.

Damien Bernard

26 juillet

Manifestation sportive et médiatique la plus importante à échelle mondiale, les Jeux Olympiques ont toujours été à la confluence d’enjeux politiques, économiques et géopolitiques. Avec le retour de la guerre en Europe et la crise économique latente, Paris 2024 ne fait pas exception. D’autant plus que, depuis la dissolution de l’Assemblée, la crise politique plane sur les JO 2024. Dans ce cadre, la cérémonie d’ouverture s’est tenue ce vendredi à Paris, après une matinée marquée par le sabotage d’une partie du réseau SNCF.

Largement salué, le show dirigé par le metteur en scène Thomas Jolly a paradoxalement choisi de mettre en avant des symboles totalement opposés à ce qu’est l’Etat français : la culture populaire, la diversité de race et de genre, la tradition révolutionnaire française, etc… Une hypocrisie bien typique de Macron, qui s’est amusé à tweeter « en même temps » à propos de la performance de Aya Nakamura aux côtés de la garde républicaine.

Si l’orientation de ce grand spectacle, qui ferait presque croire à une France à la pointe du progrès, a suscité la colère de l’extrême-droite, les seuls véritables symboles progressistes auront cependant été anticoloniaux : le geste de la délégation algérienne rendant hommage aux victimes du 17 octobre 1961, les sifflements sur le passage de la délégation israélienne, ou encore la présence remarquée d’une délégation palestinienne.

La réussite globale de la cérémonie évite à Macron un camouflet, dans une situation qui demeure pourtant tendue. Après avoir réussi à se maintenir au pouvoir en usant des rouages les plus anti-démocratiques du régime, le chef de l’Etat a balayé une nouvelle fois ce mardi la perspective d’un gouvernement NFP, avant de décréter une « trêve politique » jusqu’à la mi-août. Une façon de presser ses potentiels alliés, de Wauquiez à des secteurs du PS, à un accord autour d’un gouvernement de coalition, comme le pointe Aurore Bergé qui prévient « qu’elle travaillera, comme d’autres, depuis la coulisse, à la création « d’un nouveau pack gouvernemental stable », afin que le chef de l’Etat puisse nommer un gouvernement, penchant vers la droite, dès la mi-août. »

Loin de toute « trêve », le chef de l’Etat parie sur « l’effet JO » pour remédier au profond discrédit qui le touche et tenter de solidifier son camp miné par les divisions. Pour cela, Macron affiche sa volonté de se représidentialiser en indiquant, comme le relate le journal Le Monde, se placer dans les pas de « Charles de Gaulle, ou de François Mitterrand, respectivement présidents lors des Jeux olympiques d’hiver de Grenoble en 1968 et d’Albertville en 1992 ». Au plan international, le chef de l’Etat recevait ainsi une quarantaine de patrons français et surtout étrangers à l’Elysée pour tenter de rassurer sur l’instabilité politique.

Des symboles qui sont loin de résoudre les contradictions pour le gouvernement. Si celui-ci a pu compter pour les JO sur la politique conciliatrice de la CGT, symbolisée par la vidéo de Bernard Thibault portant la flamme olympique, la crise politique est loin d’être résolue, malgré les convergences entre LR et la macronie autour d’un projet raciste, sécuritaire et austéritaire. Une alliance qui ne suffira pas à trouver une majorité, et qui pourrait, en l’absence d’issue au Parlement, ouvrir la voie à une crise de régime à la rentrée, face à laquelle les travailleurs et les classes populaires vont devoir s’organiser pour imposer une issue favorable à leurs intérêts.

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