Sauvé de la faillite, Duralex va devenir une Scop

Epilogue heureux

L’offre de reprise formulée par une majorité de salariés du célèbre verrier et soutenue par les politiques locaux a été choisie ce vendredi 26 juillet par le tribunal de commerce d’Orléans. Aucun emploi ne devrait être supprimé.

Dans l’usine Duralex à La Chapelle-Saint-Mesmin, en juillet 2021. (Guillaume Souvant/AFP)
publié le 26 juillet 202

Finalement, ce n’est pas la fin pour Duralex. Le tribunal de commerce d’Orléans, qui examinait trois offres de reprise du célèbre verrier français a choisi ce vendredi 26 juillet la proposition de Scop portée par une grande partie des 226 salariés, la direction sortante et la section CFDT de l’entreprise. En rendant sa décision devant une salle comble, le tribunal a évoqué un «projet marketing et commercial cohérent et sérieux» avec des «garanties fortes», estimant que la Scop apparaît en mesure de maintenir les «activités des salariés dans des conditions réalisables».

Un dénouement doublement heureux pour l’usine de La Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret), placée en redressement judiciaire fin avril, puisque, parmi les offres qui étaient sur la table, le projet de société coopérative de production (une forme d’entreprise où les salariés sont les associés majoritaires) était le seul à prévoir la sauvegarde de tous les emplois. Selon le délégué CFDT de l’entreprise, Suliman El Moussaoui, un peu plus de 150 salariés de l’entreprise ont financé un début de capital «à hauteur de 500 euros par personne».

«Un projet industriel avant d’être une Scop»

Un autre argument a sans doute eu du poids dans la décision du tribunal : la Scop avait l’avantage d’être soutenue par la plupart des élus locaux. La métropole d’Orléans a ainsi proposé de racheter le site de la verrerie, pour une somme évaluée entre 5 et 8 millions d’euros, afin d’aider à convaincre les banques de financer la reprise et permettre une rentrée immédiate d’argent frais pour l’entreprise. La région Centre-Val de Loire a également promis son soutien sous forme de garantie bancaire et en doublant l’apport au capital des salariés. Ce soutien des acteurs publics a été décisif, puisqu’il a permis à la Scop d’obtenir l’aide des banques. Des caisses régionales du Crédit agricole et de la Caisse d’épargne se sont engagées à prêter 4 millions d’euros pour le rachat de l’entreprise et de ses stocks.

Les deux autres offres de reprise, émanant d’industriels, ont donc été écartées. La plus sérieuse provenait de l’entreprise Tourres et Cie, propriétaire de deux autres verreries. Cette option était soutenue par la CGT malgré le fait qu’elle prévoyait de supprimer environ 50 emplois. Le syndicat la jugeait plus solide économiquement que la Scop, considérée comme un plan B. La troisième offre avait été formulée par un groupe industriel familial qui n’envisageait de conserver que 125 personnes. «On est soulagé pour l’ensemble des salariés, qui se sont battus comme des lions depuis des mois», a soufflé le directeur du site, François Marciano, après le délibéré. Celui qui va devenir le «directeur général» de Duralex a tenu à mettre en avant la solidité d’un projet qui «est un projet industriel avant d’être une Scop». Pour se redresser, les représentants de la coopérative ont notamment prévu de revoir la politique commerciale de l’entreprise, au point mort ces dernières années, selon beaucoup de salariés. L’achat de nouvelles machines et un renouvellement des gammes sont aussi envisagés.

«Le plus dur reste à faire»

Pour les 226 salariés, c’est un gros soulagement et le début d’une aventure inédite. Encore «sous l’euphorie» quelques heures après l’annonce, Dominique, onze ans de maison, raconte avoir ressenti «beaucoup d’émotions» quand le juge a lu la décision du tribunal. Pour lui, «comme pour beaucoup de collègues», «les larmes ont coulé». Après l’abattement des jours suivant l’annonce du redressement judiciaire, le cariste, fervent soutien de la Scop, a vu, un à un, ses collègues se rassembler autour du projet : «Ce passage difficile a resserré les liens entre tout le monde et c’est ce qui nous a permis de surmonter cette épreuve.»

«Assez dubitatif au début» vis-à-vis de la Scop, Mickaël, 29 ans dans l’usine, est, lui, «très content que l’entreprise continue» à vivre et surtout que tous les emplois soient sauvés. «En matière de gestion, ça reste à voir, dit-il. Mais je suis quand même assez confiant. Il faut remercier le directeur, qui a beaucoup fait bouger les choses.» Pour lui, les propriétaires sortants (la Maison française du verre) et leurs actionnaires y sont pour beaucoup dans les récents déboires de Duralex. En 2023, l’entreprise avait annoncé un chiffre d’affaires de 25 millions d’euros et une perte de 12 millions d’euros : des difficultés attribuées à l’augmentation du coût de l’énergie et la baisse des ventes.

«Les embargos, les guerres, le coût de l’énergie… On n’y sera pas à l’abri avec la Scop. C’est pour ça qu’il faut qu’il y ait de la vente, beaucoup de vente», estime Mickaël, qui s’occupe du contrôle qualité. «Le plus dur reste à faire», concède aussi Suliman El Moussaoui, délégué CFDT. «Maintenant, il faut se mettre au travail, abonde Dominique. Mais l’avantage, c’est qu’on travaille pour nous maintenant, et plus pour des actionnaires.»

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