aujourd’hui
(BFM Bourse) – La banque allemande a abaissé son conseil sur le constructeur automobile d »‘acheter » à « conserver » ce lundi, redoutant que des les vents contraires durent encore deux années.
Dire que Stellantis a déçu le marché en cette saison des résultats revient à manier l’art de la litote. Le constructeur automobile issu de la fusion entre Peugeot SA et Fiat Chrysler en janvier 2021 a complètement manqué les attentes, avec des résultats en chute libre.
Le groupe a brulé du cash sur les six premiers mois de l’année, divisé par deux son bénéfice, tandis que ses marges se sont écroulées. Le taux de marge opérationnelle ajustée est tombé à 10% contre 14,4% un an plus tôt.
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Une exécution mise à mal
Depuis sa prise de fonction chez PSA, en 2014, Carlos Tavares s’est bâti une réputation d’excellence opérationnelle inédite, avec des résultats sans cesse plus rutilants les uns que les autres. Au point que Stellantis a dégagé des marges records, hors constructeurs de luxe comme Ferrari.
Mais cette exécution auparavant immaculée se retrouve désormais mise à l’épreuve, souligne Deutsche Bank.
La banque allemande a abaissé sa recommandation ce lundi sur le constructeur automobile, passant d' »acheter » à « conserver », tout en ajustant sa cible à 23 euros contre 35 euros précédemment.
Ce qui pèse un peu sur le cours de Stellantis, dont l’action abandonne 2,4% vers 14h45, accusant la deuxième plus forte baisse du CAC 40.
Une marge opérationnelle pas si bonne
Deutsche Bank note que sur le papier, la marge de 10% au premier semestre suggère que la capacité de Stellantis à tirer parti de son contrôle des coûts s’avère toujours importante. Mais l’établissement allemand estime que la société a passé pour 1,8 milliard d’euros d’ajustements comptables au premier semestre.
En retraitant ces effets, il recalcule une marge opérationnelle d’environ 7,8%, « soit moins que Renault et probablement autant que Volkswagen (qui publiera ses comptes le 1er août, NDLR) », pointe l’établissement.
« Nous craignons que ce ne soit qu’un début, car la plupart des problèmes ne font que commencer à apparaître », prévient Deutsche Bank.
La société fait face à des stocks élevés en Amérique du Nord. Carlos Tavares a reconnu devant des journalistes qui si le travail avait été fait en Europe, il fallait encore traiter ce sujet dans cette zone clef pour Stellantis. Selon Deutsche Bank, ce niveau de stocks représente encore environ 90 jours de ventes dans cette région, ce qui pèse sur la génération de cash. La banque allemande s’attend à des baisses de prix substantielles de la part du groupe pour abaisser ces stocks.
De plus, l’établissement considère que le « pricing » (les prix pratiqués) de Stellantis ont peut-être été « exagérés » aux Etats-Unis par rapport à ses concurrents, avec un prix de vente moyen supérieur de 8% en 2023 alors qu’il était 3% plus bas en 2019.
Un objectif de rentabilité « à risque »
En dehors des Etats-Unis, Stellantis risque de souffrir en Europe de l’entrée de groupes chinois à bas coûts, pointe Deutsche Bank.
Stellantis mise sur ses nouveaux véhicules pour redresser la barre au second semestre, avec pas moins de 20 nouveaux modèles arrivant sur le marché, au total, en 2024. Mais Deutsche Bank souligne qu’une telle offensive produits met du temps à générer ses effets et que le portefeuille de produits du groupe « n’est pas aussi attrayant que celui de ses pairs », qui eux aussi poussent leurs nouveaux modèles.
« Avec les premières fissures observables, nous continuons à prévoir d’autres vents contraires (sur Stellantis, NDLR) au cours des deux prochaines années », juge Deutsche Bank.
Stellantis a confirmé vouloir dégager une marge opérationnelle ajustée à deux chiffres cette année. Deutsche Bank juge que cet objectif est actuellement « à risque », redoutant que cette marge ne dépasse pas les 10% au second semestre. Ce qui l’amène donc à rester désormais sur la touche sur le titre.
A l’achat sur la valeur, Stifel a de son côté jugé la semaine dernière que la confirmation par Stellantis de l’objectif d’une marge à deux chiffre en 2024 était « audacieux » et risquait de s’avérer un peu juste.
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