Au CHU de Nantes, des décès indignes en zone d’attente scandalisent les soignants
La fermeture et la saturation de plusieurs hôpitaux du Grand Ouest entraînent des bouchons records dans la zone d’attente des urgences nantaises. Qui deviennent le théâtre de fins de vie indignes.
Le Figaro Nantes
Nouveau signal d’alarme au CHU de Nantes. Les conditions d’accueil des patients au sein des urgences du centre médical sont pointées du doigt à la suite d’une série d’incidents qui a provoqué le malaise au sein du personnel soignant de l’établissement public, déjà acculé par la fermeture de nombreux lits. Quatre patients seraient décédés aux urgences en trois semaines, entre fin juillet et début août. Une de ces personnes, âgée de 72 ans, aurait été retrouvée morte dans la nuit du 2 au 3 août, après 10 heures d’attente sur un brancard. Un autre malade serait décédé après avoir attendu 50 heures d’être transféré dans un service adéquat.
«Cette situation est totalement inacceptable. Cela fait depuis juin que certains patients doivent patienter jusqu’à 70 heures avant d’être pris en charge dans un service de soins adaptés», déplore Jérémy Beurel, secrétaire général adjoint de Force ouvrière (FO), au CHU de Nantes. Comme l’explique le représentant syndical, l’hôpital nantais traverse un été particulièrement tendu en raison de la fermeture des centres médicaux d’Ancenis – la nuit – et de Montaigu, sans oublier la surfréquentation des CHU de Saint-Nazaire, de La Rochelle ou encore de Rennes.
Des soignants à bout
Cette surcharge provoque deux cas de figure. «Soit l’état de certains patients se dégrade faute d’être pris en charge assez vite ; soit le malade était déjà en fin de vie, mais termine alors ses jours dans des conditions indignes, dans la solitude et sur un brancard, au lieu d’être installé dans un box et entouré des siens», précise Olivier Terrien, délégué CGT au CHU de Nantes, qui se désole également de la situation. La direction du CHU de Nantes n’a confirmé qu’un seul incident ces derniers mois, avec le décès, la semaine du 29 juillet, d’un patient dont l’état s’était dégradé avant d’avoir pu être pris en charge.
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Comme le rappellent les représentants du personnel, le choc de ces décès indignes ne touche pas que les familles concernées. «Beaucoup de soignants rentrent chez eux avec ces images en tête et avec le sentiment amer de n’avoir pu accompagner dans la dignité les derniers jours de ces personnes», témoigne Olivier Terrien. «Ces incidents insupportables sont une épreuve pour les médecins et infirmiers qui ne peuvent en faire plus, compte tenu de leurs effectifs et de l’état d’épuisement général des urgences. C’est pourquoi beaucoup en arrivent à rendre leur blouse », ajoute Jérémy Beurel, qui se souvient d’un temps où avoir 100 malades aux urgences était rare. «Aujourd’hui, n’en avoir que 100 permet aux professionnels de souffler un peu».
Selon la CGT, la zone d’attente des urgences est censée accueillir des patients jusqu’à 12 heures sur des brancards. Le temps moyen observé au CHU de Nantes serait pourtant d’environ 48 heures. Les syndicats réclament par conséquent des réouvertures de lits ainsi que de nouvelles embauches pour mieux prendre en charge les patients – et sont soulagés de n’avoir eu aucun drame à gérer pendant les Jeux olympiques. «En cas de catastrophe, nous aurions été complètement dépassés», affirme Jérémy Beurel. Pour son collègue de la CGT, ce sont moins les risques liés aux JO que les sommes engagées qui laissent amer. Olivier Terrien soupire. «La dépollution imparfaite de la Seine a coûté 1,4 milliard d’euros. Vous imaginez ce que l’on aurait pu faire avec cette somme au sein de l’hôpital public ?».
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