Christian Vama, un écologiste kanak dans les geôles coloniales

mercredi 21 août 2024
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Le regard doux, il explique patiemment à la caméra le sens de son projet d’agroforesterie sur l’île des Pins, dans la province Sud de la Nouvelle-Calédonie. Il s’agit d’une technique qui permet d’utiliser le pouvoir régénérant de l’arbre pour développer des cultures sur des sols peu productifs, détaille-t-il dans un reportage que lui consacrait la chaîne Nouvelle-Calédonie La 1ère, il y a un an.

Christian Vama est connu sur le « Caillou » pour promouvoir l’agroforesterie, une manière de cultiver particulièrement développée au Brésil et qui permet de retrouver, avec une haute qualité écologique, les voies d’une autosuffisance alimentaire pour les Calédonien·nes. Un projet éminemment politique dans un territoire désormais extrêmement dépendant de l’importation pour son alimentation.
Passionné par les différents types d’agriculture, il fait partie de cette jeunesse kanak, attachée à son identité, qui s’est formée à l’étranger avant de revenir au pays pour le faire bénéficier de son savoir.C’est par un voyage en Hongrie, grâce au service volontaire à l’étranger, qu’il découvre la face cachée de l’agro-industrie dans des énormes fermes-usines. « Les vaches ressemblaient à des zombies, tout était géré par ordinateur, la terre n’avait plus la couleur de la terre », rapportera-t-il. Il se convainc qu’il faudra faire dans son pays exactement le contraire. Il s’initie donc parallèlement à la permaculture et entreprend des formations en Nouvelle-Calédonie.

Alors que le gouvernement français veut imposer au forceps le dégel du corps électoral, qui signifie la mise en minorité des Kanak sur leur terre, Christian Vama s’engage dans la CCAT (Cellule de coordination des actions de terrain), organisation indépendantiste en pointe dans la mobilisation contre cette réforme.

Accusé comme onze autres leaders kanak d’avoir fomenté les émeutes de mai dernier sur l’archipel, il est envoyé en métropole, à Bourges (Cher), en détention préventive à 17 000 kilomètres de chez lui. La France a choisi de faire de celui qui avait entrepris, avec détermination, de réparer les ravages de la colonisation sur l’écosystème calédonien, un prisonnier politique.

Alors que l’ONU vient de nous rappeler que son obstination à vouloir dégeler le corps électoral « porte gravement atteinte à leurs droits humains et à l’intégrité du processus global de décolonisation », nous ne l’oublions pas.

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Par La rédaction de Mediapart
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