Dans la campagne présidentielle US, Trump a voulu faire quelque chose pour contrer Kamala Harris, qui lui vole la vedette. Il a donc organise une conférence de presse dans son castel néo-mauresque kitsch de Mar-a-Lago. D’un bout a l’autre, durant plus d’une heure ( j’ai tout écouté…) ce n’a été qu’un salmigondis de mensonges éhontés, d’insultes, d’insinuations machistes et de fatuités ridicules. En dehors de cela, le type n’a rien a dire.
Cote mensonges, un exemple parmi tant d’autres: « il n’y a eu aucun mort lors de l’assaut du Capitole » en janvier 2021. Il y en a eu cinq, c’est dans tous les journaux… Le reste est a l’avenant.
Cote insultes, Trump traite systématiquement son adversaire de « folle » (« crazy Kamala ») et d’incompétente: « Elle ne tient pas de conférence de presse parce qu’elle n’est pas assez intelligente pour ca ».
En même temps, Trump ne peut s’empêcher d’attaquer Harris en tant que femme. C’est visiblement plus fort que lui. Il a été jusqu’à insinuer que le pauvre Biden, pour lequel il feint subitement une male sympathie, aurait ete victime de la méchanceté de sa vice-présidente. « Toutes des sorcières », on connaît la chanson…
Cote fatuité, le clou du spectacle etait l’etalage de propos narcissiques. La, on a l’embarras du choix: « J’ai reuni plus de gens a Washington lors de mon investiture que Martin Luther King lors de la grande marche pour les droits civiques » (« I made a dream »). « J’avais une tres bonne relation avec Xi, avec Poutine, avec Kim Jong Un, ils me respectaient. Ils ne nous respectent plus. Avec moi, il n’y aurait pas eu l’Ukraine, il n’y aurait pas eu le 7 octobre (le raid du Hamas), il n’y aurait pas eu l’Afghanistan, il n’y aurait pas eu l’inflation ». Ce n’est pas du cinéma, le mec croit vraiment que la géopolitique se joue dans les rapports entre Chefs et qu’il a, lui, Trump, des supers pouvoirs. Du coup, il se pavane comme un paon, alors qu’il n’est qu’un dindon.
Ce qui est nouveau dans la campagne, c’est que Harris et Walz ont adopte face a Trump un ton très combatif, ironique, et même joyeux, que Biden était incapable d’avoir. Le fond politique n’a pas change, ou a peine, mais la forme est ares différentes. C’est très clair dans les plaidoyers de Harris pour le droit a l’avortement, par exemple (homme catholique, Biden était d’un ton moins « militant » a ce sujet), ou contre le « project 2025 » concocte pour Trump par la Heritage Foundation (et qui implique la destruction des syndicats, notamment). C’est tres clair aussi dans les saillies de son colistier Tim Walz: on est tente d’adopter les concepts de Spinoza pour dire que Walz, par sa jovialite bonhomme en meeting, apparaît comme l’oppose rassurant des inquietantes « passions tristes » incarnées par Donald Trump.
Il est clair que le concept de la campagne Harris-Walz a ete pense en amont du retrait de Joe Biden, et que ce retrait était la condition de sa mise en œuvre. « Kamala ramène la joie » a déclaré Walz a plusieurs reprises. En effet. Un changement de ton ne fait pas une changement politique, evidemment. Mais il ranime l’espoir de battre Trump en novembre, ce qui constitue un objectif en soi. Les syndicats (l’UAW notamment), les organisations féministes, les représentants des communautés, les activistes climatiques y sont confrontes.
- Les similitudes avec d’autres pays sont évidentes. Collaborer a la défaite électorale de l’extrême-droite tout en continuant a plaider sans concessions pour une alternative anticapitaliste, féministe, écologique, internationaliste: tel est, avec des variantes selon les réalités nationales, le défi auquel la gauche radicale est partout confrontée. On ne peut le relever qu’en construisant des rapports de forces a la base, dans les mouvements sociaux.
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