Arguments pour la lutte sociale | Lire sur le blog ou le lecteur |
Macron a donc annoncé qu’il convoque les responsables des groupes parlementaires … vendredi prochain 23 août, afin de se livrer à des « consultations » d’où pourrait sortir le nom d’une ou d’un nouveau premier ministre ! Il exige des partis et des groupes parlementaires qu’ils lui offrent une combinaison gouvernementale dont la caractéristique première doit être que les électrices et électeurs en ignoraient l’existence lorsqu’ils ont voté les 30 juin et 7 juillet derniers, et n’ont donc pu en aucun cas voter pour elle ! Les quatre partis du NFP représentés à l’Assemblée nationale ayant demandé à être reçus ensemble et avec Lucie Castets, Son Éminence a bien voulu faire savoir, par un communiqué des services de l’Élysée, qu’il « ne s’y oppose pas ». Le maintien d’un gouvernement « démissionnaire », incensurable, irresponsable, incendiaire, permis par la constitution de la V° République, combiné à l’invraisemblable, en ces circonstances, vacance de l’Assemblée nationale dont il faut rappeler que tous les groupes la constituant l’ont acceptée presto, est un scandale absolu qui conduit à l’impasse. La nomination de tout autre premier ministre que Lucie Castets ne ferait que démultiplier ce scandale et cette impasse. Dans sa lettre aux groupes parlementaires autres que le RN, cosignée par les responsables PS, Ecolos, PCF et LFI, Lucie Castets met en avant 5 axes gouvernementaux : les mesures immédiates pour les salaires et l’abrogation de la loi Macron contre les retraites ; la « transition écologique » ; le rétablissement du service public de santé ; le rétablissement de l’école publique ; et les mesures fiscales censées permettre le tout « sans endetter » plus le pays. Elle ajoute que des majorités parlementaires variables sont possibles au coup par coup selon les lois. La question immédiate est celle de l’action par en bas pour imposer la nomination de Lucie Castets, qui serait une défaite majeure du président et un coup démocratique porté à la V° République, lequel, à son tour, amplifierait la crise. Nul doute que nous aurions alors des manœuvres pour empêcher l’abrogation de la loi sur les retraites, différer la hausse des salaires, poursuivre la casse de l’école publique avec le « choc des savoirs » et celle de l’hôpital public : l’intervention directe des larges masses sera la seule issue comme elle est d’ores et déjà la condition pour battre Macron. Une lettre de plusieurs dirigeants LFI, J.L. Mélenchon en tête, publiée samedi soir, qualifiant à juste titre ce que fait Macron de « coup de force institutionnel contre la démocratie », présente comme un « avertissement solennel » la menace d’une procédure de destitution du président si ce cirque devait se prolonger. Pétard mouillé : c’est la constitution de la V° République que LFI dit défendre contre Macron, alors que c’est elle qu’il utilise à plein, et c’est son article 68 qui est invoqué : il faudrait qu’une Haute Cour formée par l’Assemblée nationale et par le Sénat, et présidée par … Mme Braun-Pivet, destitue Macron pour non-respect de la constitution de la V° République ! Macron est engagé sur une voie qui est celle d’un Maduro. La question de le démettre est effectivement posée : elle n’adviendra que par la mobilisation d’en bas, qui, tout de suite, se cherche et va se trouver pour les salaires, les retraites, les services publics et un gouvernement NFP. C’est là la seule issue. Elle vise non à ce que Macron se soumette ou se démette, mais soit à ce qu’il se soumette puis se démette, soit à ce qu’il se démette directement. Elle ne passe pas par quelque article de la constitution que ce soit et ne débouche pas sur le rétablissement de ce régime par une nouvelle élection présidentielle, mais elle ouvre au contraire la voie à un processus constituant. Chaque semaine, chaque jour, chaque heure, gagnée par Macron, construit un peu plus les conditions de l’affrontement social qui imposera le vrai débouché démocratique. |
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