Entretien avec Lucie Castets, candidate du Nouveau Front Populaire au poste de Première ministre dans Libération du 21 août 2024, extraits

Par aplutsoc le 21 août 2024

Q – On parle quand même d’une Assemblée composée aux deux tiers d’adversaires idéologiques, du centre libéral à l’extrême droite…

LC – Je ne dis pas qu’il y aura un consensus sur 100 % du programme du NFP, mais je maintiens que nous saurons trouver des accords sur nos sujets prioritaires comme l’abrogation de la réforme des retraites, le pouvoir d’achat, les conditions de travail, la question des services publics et l’écologie. Ou encore la santé dans les territoires, pour l’implantation de médecins partout en France et l’amélioration des conditions de travail à l’hôpital.

J’ai rencontré ces dernières semaines de nombreux élus locaux, qui travaillent avec leurs collègues de l’opposition sur ce sujet, car ils savent tous que c’est prioritaire pour leurs concitoyens. J’ai du mal à croire que nous ne trouverons pas de consensus sur ces sujets prioritaires pour les Français. Dans le cas contraire, ils devront en répondre devant leurs électeurs.

Par ailleurs, d’autres mesures seront prises par voie réglementaire. En tout cas, nous souhaitons tourner le dos à la méthode Macron qui n’a cessé de brutaliser le Parlement et les corps intermédiaires. Les forces syndicales ont transmis énormément de propositions, notamment sur les sujets salariaux lors des conférences sociales d’octobre 2023, qui ont été enterrées. Nous ferons différemment.

Q – Votre gouvernement comportera-t-il des membres de LFI, même si certains adversaires vous menacent en ce cas d’une motion de censure ?

LC – Il est hors de question que toutes les forces du NFP ne soient pas représentées dans notre gouvernement. Les électeurs ont tranché et LFI est le premier groupe de gauche à l’Assemblée. Ce n’est qu’un prétexte de la macronie pour refuser ce gouvernement.

Q – Si vous étiez nommée, comment envisagez-vous la cohabitation avec Emmanuel Macron ?

LC – Très sereinement. Avec des discussions entre la Première ministre et le Président, comme dans toutes les cohabitations. Je m’appuierai sur la Constitution et sur la pratique. Le président a une main particulière sur les sujets de défense et les affaires étrangères, et je ne compte pas le remettre en question. La bonne nouvelle, c’est que la cohabitation remet le Parlement au centre du jeu. Emmanuel Macron devra s’y préparer et le respecter.

Q – Quelle serait votre première décision ?

LC – L’abrogation de la réforme des retraites. Nous prendrons tout d’abord un décret pour décaler les générations touchées, ce qui suspendra de fait l’entrée en vigueur de la réforme, avant de procéder par voie législative. Ensuite, nous redonnerons la main aux partenaires sociaux. Il faudra également organiser une grande conférence salariale. Récemment, j’ai employé le mot «horizon» pour évoquer la hausse du SMIC à 1 600 euros, et on a jugé que je reculais. L’expression n’était peut-être pas suffisamment précise, le SMIC à 1600 euros est bien un objectif que nous allons tenir. Comme je l’ai toujours dit, les modalités seront discutées d’abord avec les partenaires sociaux.

Q – La Nupes a éclaté au bout d’un an, le NFP n’est-il pas condamné au même destin ?

LC – Non, il a réussi à ne pas éclater lorsque de fortes tensions ont pesé sur lui, notamment lors des discussions pour désigner un ou une candidat(e) à Matignon. Les conditions sont différentes, car les dernières législatives ont montré le fort attachement des électeurs de gauche à l’union, c’est quelque chose qui m’anime beaucoup, c’est pour cela que j’ai accepté cette mission difficile. Beaucoup des électeurs, et j’en fais partie, sont de gauche sans se reconnaître spécifiquement dans un parti.

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