point de vue du WORD SOCIALIST WEB
Alexandre Lantier
Cette semaine, la presse a révélé que Macron veut former un gouvernement de droite, piétinant les résultats des élections du 7 juillet. Le Nouveau Front populaire (NFP) de Jean-Luc Mélenchon a remporté ces élections sur fond de montée de l’opposition à Macron et au Rassemblement national (RN) d’extrême-droite. Mais Macron envisage toujours de nommer le gaulliste Xavier Bertrand au poste de Premier ministre.
Hier, Le Figaro a rapporté que Macron interrogeait les proches de Bertrand, un ancien ministre de la Santé et du Travail sous des gouvernements de droite, pour voir si Macron pourrait le nommer en tant que premier minitsre. «Comment est-il?» Macron leur a demandé. Ils ont répondu: «Il est prêt à relever le défi. Il est preparé».
Ces projets s’apparentent à une conspiration contre le peuple et surtout contre les travailleurs. Au plus fort des vacances d’été, ils sont ourdis dans les dos des masses, alors que les médias se concentrent presque exclusivement sur le Jeux olympiques à Paris. Mais même après que le parti de Macron a été réduit à une petite minorité à l’Assemblée et que sa politique a été rejetée par une écrasante majorité de Français, des manœuvres sont en cours pour nommer un gouvernement basé sur les mêmes forces qu’avant les élections du 7 juillet.
Le principal facilitateur de cette conspiration, cependant, est Mélenchon et le NFP. Le NFP a le plus grand bloc de voix à l’Assemblée, ayant recueilli les voix de la majeure partie de la classe ouvrière urbaine lors des élections de 2022 et de 2024. Pourtant, le NFP s’est avéré incapable d’appeler ses millions d’électeurs ouvriers à se mobiliser et à faire grève pour faire chuter la conspiration de Macron.
Le NFP s’est avéré incapable d’agir contre les manœuvres réactionnaires de Macron. Mélenchon n’a pas publié un seul tweet ou déclaration sur son blog depuis juillet. Le NFP a laissé la tâche de critiquer les manœuvres de Macron avec Bertrand à la nullité politique qu’il proposé en tant que Premier ministre, l’obscure bureaucrate du ministère des Finances, Lucie Castets, âgée de 37 ans.
En abandonnant ainsi la lutte, le NFP permet à Macron de comploter à loisir l’installation d’un gouvernement de droite illégitime. Bertrand poursuivrait un programme d’austérité, de répression policière et d’attaques contre les immigrants, tandis que Macron dirigerait la participation française aux guerres de l’OTAN à l’international. Relatant les tentatives de Bertrand de se présenter comme un possible Premier ministre lors de ses entretiens en coulisses avec Macron, Le Figaro écrit :
il rappelle que la fermeture de la jungle de Calais, en 2016, s’est faite sous sa présidence, avec Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur. Tout comme la résiliation du contrat de l’État avec le lycée privé musulman Averroès. Manière de montrer que sur les questions régaliennes, il n’est pas partisan du « consensus mou ». Il multiplie les contacts à droite comme à gauche, avec le patronat comme avec les syndicats.
Macron et Bertrand espérent obtenir le soutien de forces au sein du NFP. Leurs deux partis, Ensemble et LR, ne disposent que de 146 des 577 sièges de l’Assemblée, bien en deçà des 289 sièges nécessaires. Bertrand est donc en pourparlers non seulement avec les bureaucraties syndicales, qui ont soutenu le NFP, mais aussi avec les partis qui ont rejoint Mélenchon dans le NFP: le Parti socialiste (PS) bourgeois, le Parti communiste français (PCF) stalinien et les Verts.
La faillite du NFP révèle le caractère profondément petit-bourgeois de Mélenchon et de son parti, La France insoumise (LFI), la force principale dans le NFP. Au-delà du NFP, toute une couche de renégats petit-bourgeois du trotskysme, comme Lutte ouvrière (LO) ou la tendance moréniste Révolution permanente (RP), qui ont promu le NFP comme une voie pour aller de l’avant pour les travailleurs, est aussi démasquée.
Macron, le président des riches, gouverne contre le peuple car il impose les politiques exigées par le capital financier mais rejetées par la classe ouvrière mondiale. 91 pour cent des Américains et 89 pour cent des Européens de l’Ouest s’opposent à l’envoi de troupes de l’OTAN en Ukraine se battre contre la Russie, une puissance nucléaire. De même, 91 pour cent des Français s’opposent à la réforme de retraites que Macron a imposée l’année dernière sans vote, face aux manifestations de masse, pour financer cette guerre.
Le vote du 7 juillet a révélé l’opposition généralisée en France aux politiques xénophobes, anti-musulmanes et anti-immigrés du RN néofasciste et de Macron, ainsi qu’au génocide du régime israélien à Gaza. Mais le NFP a gaspillé cette opportunité politique en formant rapidement une alliance électorale avec Macron.
Le NFP et ses alliés ne représentent pas les travailleurs, mais – comme des partis alliés à travers l’Europe dont Syriza en Grèce, Podemos en Espagne ou Die Linke en Allemagne – des couches aisées d’universitaires, des bureaucraties syndicales et dans l’establishment politico-médiatique. Liés à l’appareil d’État capitaliste et à la classe dirigeante, ils font des manœuvres pragmatiques dans un cadre national, basé sur des politiques de genre et raciale.
Le NFP ne peut pas se mettre à la tête de l’opposition écrasante dans la classe ouvrière à Macron, car cela l’entraînerait bien plus à gauche qu’il n’accepte de faire. En effet, le programme électoral du NFP convenu entre LFI et le PS appelait à envoyer des troupes françaises en tant que «casques bleus» en Ukraine et à renforcer le renseignement et la gendarmerie. Un mouvement de la classe ouvrière contre Macron serait également dirigé contre la propre politique du NFP.
Castets préfère mettre en avant son orientation sexuelle. Elle a accordé une entrevue à Paris Match révélant qu’en plus d’être une «technocrate parisienne» qui gère les 8 milliards d’euros de dettes de la capitale, c’est aussi une lesbienne avec une femme et des enfants. Elle a dit: «Je veux dire qui je suis.»
Mais la question décisive dans l’identité politique du NFP est qu’il s’oppose au socialisme et bloque la construction d’un mouvement dans la classe ouvrière internationale contre la guerre, le génocide et le capitalisme. La question brûlante posée aux travailleurs et aux jeunes est: Quelles conclusions politiques tirer de l’expérience de son rôle contre-révolutionnaire?
Une confrontation explosive émergera entre la classe ouvrière et le gouvernement qui ressortira des élections du 7 juillet. Mais les travailleurs ne peuvent pas mener cette lutte sous le contrôle des appareils syndicaux nationaux liées au NFP. Cela nécessite de construire des comités de la base indépendants sur les lieux de travail, dans les écoles et dans les quartiers ouvriers qui peuvent mobiliser la vaste opposition sociale à Macron et la relier aux luttes de leurs frères et sœurs de classe dans le monde entier.
Inséparable de cela est la lutte pour construire une nouvelle direction révolutionnaire dans la classe ouvrière pour briser l’obstacle politique posé par les forces staliniennes, sociales-démocrates et populistes du NFP. Un seul parti a mis en garde contre le rôle réactionnaire de Mélenchon et du NFP. Il faut construire ce parti aujourd’hui: le Parti de l’égalité socialiste, la section française du Comité international de la IVe Internationale, le mouvement trotskyste mondial.
Je ne suis pas d’accord avec cet article qui accuse le NFP et plus encore la LFI et Mélenchon. J’aurais voulu pour la première une action forte et rapide dès les annonces de la trêve olympique … Pour autant on sait l’attachement des français au Sport et les JO ont été montés en épingle ! C’est en plus, la sacro-sainte période des vacances où l’on connaît un dégagement des français à la situation politique… Je me dis que le NFP a sans doute choisi de ne pas entamer une action qui aurait non seulement vouée à l’échec mais qui aurait servi au gouvernement et aux médias à sa botte pour discréditer le NFP et bien évidemment la LFI qu’ils veulent mettre à défaut ! Je crois que c’est aux citoyens de se mettre en action sans attendre le clairon des organisations syndicales ou politiques ! Un rassemblement hexagonal des GJ va avoir lieu le 16 août dans le minervois et j’espère qu’il en ressortira une volonté massive d’agir et de repartir sur nos ronds points et autres rassemblements ! Jeter de l’huile sur le feu ne sert à rien, il faut au contraire se mobiliser et vite car Macron s’organise pour préparer un gouvernement ultra-autoritaire, un coup de force, un coup d’Etat !