Le point sur l’attaque d’ampleur du mouvement chiite libanais

La branche armée du Hamas a revendiqué dimanche soir le tir d’une roquette sur Tel-Aviv, l’armée israélienne affirmant que ce projectile était tombé sur une zone inhabitée.

Selon la défense passive israélienne, les sirènes d’alerte à la roquette ont retenti vers 22 heures (21 heures, heure de Paris), à Rishon LeZion, ville au sud de Tel-Aviv. « Un projectile identifié comme provenant de la bande de Gaza est tombé sur une zone inhabitée dans la région de Rishon LeZion », a fait savoir l’armée israélienne.

La délégation du Hamas a quitté Le Caire dimanche soir, a indiqué Ezzat Rishq, l’un de ses cadres, alors que les Etats-Unis, l’Egypte et le Qatar tentent d’obtenir un accord entre Israël et le mouvement islamiste palestinien pour une trêve à Gaza.

Les envoyés du Hamas ont « rencontré les médiateurs égyptiens et qataris qui les ont informés des résultats des dernières négociations », a affirmé M. Rishq. La position de son mouvement reste inchangée : il veut, a-t-il redit, « un cessez-le-feu complet, un retrait complet [des troupes israéliennes], le retour des déplacés, l’entrée de l’aide humanitaire, la reconstruction et un accord d’échange » entre prisonniers palestiniens et otages à Gaza.

Le chef d’état-major des forces armées américaines, le général Charles Brown, est arrivé en Israël dimanche en fin de journée pour des réunions sur ce que l’armée israélienne a appelé « les préparatifs conjoints dans la région dans le cadre de la réponse aux menaces au Moyen-Orient ».

Selon Sean Savett, porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain, le président des Etats-Unis, Joe Biden, « suit de près les événements en Israël et au Liban ». Le Pentagone a fait savoir que le secrétaire à la défense, Lloyd Austin, s’était entretenu avec son homologue israélien, Yoav Gallant.

« La situation au Moyen-Orient a atteint un niveau dangereux critique », écrit le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, sur X.

II a ajouté soutenir l’appel du premier ministre libanais, Najib Mikati, « en faveur de l’application immédiate de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies », adoptée le 11 août 2006, qui vise à mettre fin à la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah. « Afin de conjurer le risque d’une guerre totale », son application est nécessaire « en plus du cessez-le-feu indispensable à Gaza », estime-t-il.

Le chef du Hezbollah a précisé dans son allocution que la formation islamiste avait lancé son attaque d’envergure en deux temps. Le Hezbollah a d’abord lancé « 340 roquettes Katioucha » sur 11 objectifs militaires dans le nord d’Israël et le plateau du Golan, occupé par Israël.

Puis, des drones, lancés à partir du Liban sud, mais également, pour la première fois selon lui, depuis la plaine de la Bekaa, dans l’est du Liban, frontalière de la Syrie, ont visé des objectifs militaires en profondeur, a-t-il expliqué. Outre Glilot, le Hezbollah a visé la base de l’armée de l’air d’Ein Shemer, à 70 kilomètres de la frontière, a-t-il dit.

Hassan Nasrallah a laissé entendre que cette attaque était terminée : « Si le résultat est satisfaisant et atteint les objectifs recherchés, nous estimerons que l’opération de riposte » à l’assassinat de Fouad Chokr « a été accomplie », a-t-il dit.

Le chef Hezbollah, Hassan Nasrallah, a démenti les « allégations mensongères » d’Israël sur la destruction dimanche par ce pays de « milliers de rampes de lancement de roquettes » au Liban et « l’interception de milliers de roquettes ».

Dimanche matin, l’armée israélienne a affirmé avoir mené des « frappes préventives » au Liban, pour empêcher l’« attaque d’envergure », après avoir repéré des signes de préparation du Hezbollah. « Les propos selon lesquels la résistance allait lancer 8 000 ou 6 000 roquettes et drones, et qu’[Israël] a déjoué, ce (…) sont des allégations mensongères », a déclaré Hassan Nasrallah, en ajoutant que seules « des dizaines de rampes ont été détruites ».

« Il faut à tout prix éviter une nouvelle escalade au Moyen-Orient », a déclaré sur X David Lammy, le ministre des affaires étrangères britannique. Il a ajouté avoir « réitéré le soutien du Royaume-Uni à la sécurité d’Israël, l’importance de la retenue, la nécessité d’un cessez-le-feu immédiat à Gaza et la libération de tous les otages » lors d’un entretien avec le ministre des affaires stratégiques israélien, Ron Dermer.

Selon un haut responsable de la défense américain, les Etats-Unis ont aidé l’armée israélienne à surveiller et à suivre tôt dimanche les tirs du Hezbollah libanais vers Israël, mais ne sont pas intervenus directement.

« Les Etats-Unis ne sont pas impliqués dans les frappes préventives d’Israël hier soir. Nous avons fourni du renseignement, de la surveillance et de la reconnaissance pour suivre les frappes arrivant du Hezbollah libanais », a déclaré à l’Agence-France Presse ce responsable sous le couvert de l’anonymat, qui a ajouté qu’une aide américaine pour faire face à ces attaques « n’était pas nécessaire ».

Un porte-parole de l’armée israélienne a dit à l’Agence France-Presse dimanche pouvoir « confirmer que la base de Glilot n’a pas été touchée », alors qu’elle était le principal objectif annoncé par le Hezbollah libanais pour son attaque menée à l’aube avec des centaines de drones et de roquettes.

Cette base du renseignement militaire qui abriterait aussi, selon des médias israéliens, le siège du Mossad, le renseignement extérieur israélien, se situe en bordure de Tel-Aviv, dans le centre d’Israël.

Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a annoncé que son parti avait visé une base du renseignement militaire israélien près de Tel-Aviv dans le cadre de l’attaque d’ampleur lancée dimanche matin contre Israël. La « cible principale de l’opération » était « la base de Glilot, la principale base de renseignement militaire israélienne » à « 110 kilomètres de la frontière », a déclaré Hassan Nasrallah lors d’une allocution télévisée.

M. Nasrallah a précisé que le mouvement avait décidé de ne pas riposter en visant des zones et infrastructures israéliennes civiles à la mort de Fouad Chokr, un de ses hauts chefs militaires, tué dans une frappe israélienne sur Beyrouth le 30 juillet.

Il a évoqué plusieurs raisons pour justifier le « retard » de cette opération de riposte, dont « la mobilisation américaine et israélienne » dans la région ainsi qu’« un besoin de temps pour voir si l’axe de la résistance allait riposter en même temps ou séparément ». Une autre raison de ce retard était de « donner une chance aux négociations pour un cessez-le-feu », a ajouté le chef du Hezbollah.

Amman a fait valoir que l’escalade entre Israël et le Hezbollah pourrait conduire à une « guerre régionale ». Le porte-parole du ministère des affaires étrangères jordanien, Sufian Al-Qudah, a déclaré que l’« agression » incessante d’Israël à Gaza et l’impossibilité de parvenir à un cessez-le-feu exposaient la région aux dangers d’une extension du conflit, ont rapporté les médias d’Etat jordaniens, cités par The Guardian.

Cette déclaration survient après que Benyamin Nétanyahou a fait savoir qu’Israël n’avait pas dit « son dernier mot » avec ses frappes à l’aube sur le Liban sud pour déjouer une attaque d’ampleur du mouvement chiite Hezbollah. « En plus, l’armée a intercepté tous les drones que le Hezbollah avait lancés sur une cible stratégique du centre d’Israël », a ajouté le premier ministre israélien, sans en dire plus sur cette cible.

Un soldat de la marine israélienne a été tué, et deux autres ont été blessés, lors d’un combat dans le nord d’Israël dimanche, a déclaré l’armée israélienne. « David Moshé Ben Shitrit, âgé de 21 ans, est tombé au combat dans le nord d’Israël », a détaillé l’armée dans un communiqué.

Selon « une enquête préliminaire », les trois soldats ont été touchés « directement par un projectile d’interception du Dôme de fer ou par un éclat de ce projectile tombé accidentellement sur un patrouilleur rapide après avoir intercepté un drone », a précisé à l’Agence France-Presse un responsable militaire sous le couvert de l’anonymat.

Sur X, Lloyd Austin, le secrétaire à la défense américain, a dit avoir appelé le ministre de la défense israélien, Yoav Gallant, « pour discuter de la défense d’Israël contre les attaques du Hezbollah libanais ». « J’ai réaffirmé l’engagement sans faille des Etats-Unis en faveur de la défense d’Israël contre toute attaque de l’Iran et de ses partenaires et mandataires régionaux », a-t-il déclaré.

Selon un communiqué du bureau de M. Gallant, cité par The Washington Post, ce dernier aurait déclaré à M. Austin que « les forces de sécurité [du pays] sont déterminées à protéger les citoyens de l’Etat d’Israël et utiliseront tous les moyens à leur disposition pour éliminer les menaces immédiates ».

A la suite de l’escalade des hostilités au Moyen-Orient au cours de la nuit, British Airways suspend ses vols entre Londres et Tel-Aviv.

« Nous surveillons en permanence la situation au Moyen-Orient et avons pris la décision opérationnelle de suspendre nos vols à destination de Tel-Aviv jusqu’au mercredi 28 août inclus », a déclaré un porte-parole de la compagnie aérienne, cité par The Guardian. « La sécurité est toujours notre priorité absolue et nous contactons nos clients pour les informer de leurs options de voyage », a-t-il ajouté.

A la suite de l’attaque que le Hezbollah a dit avoir menée dimanche contre Israël, le président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, qui s’exprimait lors d’une rencontre avec le général Charles Brown, le chef d’état-major des forces armées américaines, « a sonné l’alarme au sujet des dangers de l’ouverture d’un nouveau front au Liban et a souligné la nécessité de préserver la stabilité et la souveraineté du Liban », selon un communiqué de son bureau, cité par l’Agence France-Presse (AFP).

Le président égyptien a par ailleurs appelé la communauté internationale à appuyer les « efforts conjoints » des pays médiateurs – l’Egypte, les Etats-Unis et le Qatar – en vue d’un cessez-le-feu dans la bande de Gaza assorti d’une libération d’otages pour ouvrir « la voie au calme et à la stabilité dans la région », selon le communiqué.

La visite du chef d’état-major des forces armées américaines en Egypte coïncide avec une nouvelle session de discussions en vue d’une trêve à Gaza qui se tient depuis jeudi au Caire, en présence des chefs du renseignement israélien, du directeur de la CIA, William Burns, ainsi que des chefs du renseignement égyptien et qatari.

Le porte-parole du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, avait déclaré à l’AFP que la décision d’envoyer une délégation au Caire pour poursuivre les négociations serait prise plus tard dans la journée.