Situation au Venezuela et nécessaire solidarité contre la répression du régime de Maduro. Informations et commentaires au 14 août.

Par aplutsoc le 15 août 2024

État des lieux au 14 août

On découvre que le PCF a publié un communiqué daté du 9 août intitulé Venezuela : la souveraineté appartient au peuple et à lui seul. Mais étonnamment, on ne l’avait pas vu beaucoup circuler… Nous publions ci-dessous quelques remarques critiques sur le contenu de ce communiqué.

De son côté, l’appel Solidarité avec les revendications démocratiques du peuple vénézuélien (PDF) a enregistré à la date du 12 août deux nouvelles signatures, celles de Nouvelle Donne et de Place Publique.

Donc, pour l’instant, dans la gauche française, on attend toujours une réaction de LFI et de Jean-Luc Mélenchon. Ce mercredi soir à 23H, nous constatons que la dernière publication sur le blog de JL Mélenchon date du 29 juillet et porte sur Gaza et la cérémonie d’ouverture des JO à Paris. De son côté, le site de LFI se révèle toujours muet sur le sujet.

Au Venezuela, une coalition de gauche contre la répression vient d’être réalisée sous la dénomination Front Démocratique Populaire (FREDEPO) avec le slogan « Uni•es pour la vérité, la Constitution, la souveraineté populaire et les droits humains ». Cette coalition est constituée des organisations suivantes : La Otra Campaña, Partido Comunista de Venezuela, Centrados en la Gente, Voces Antiimperialistas, Movimiento Popular Alternativo, Bloque Histórico Popular, Frente Nacional de Lucha de la Clase Trabajadora, EnComún, PPT-APR.

Nous publions à titre documentaire la déclaration constitutive de cette coalition (PDF).

Voir sur le site d’Aporrea la conférence de presse du FREDEPO du 12 août.

Remarques sur le communiqué du PCF par FA

Le communiqué du PCF du 9 août condamne la répression et soutient la demande des gauches anti- ou non-maduristes (nationales et régionales) de publication détaillée et d’audit des résultats du scrutin, mais reproduit cependant deux éléments de langage clés du pouvoir maduriste :

– après la mention de la répression et des libertés à respecter, une confusion globalement diachronique et fonctionnelle pour le régime, entre protestation sociale et partisane, stratégie insurrectionnelle et coup d’État. « Le PCF condamne aussi la stratégie insurrectionnelle et extra-institutionnelle menée de longue date par une partie de l’opposition de droite, en particulier les appels récents à une action militaire ».

– puis, après la demande de publication et décompte transparents des résultats :

« L’expression libre de la volonté démocratique du peuple ne peut s’exercer pleinement sous la contrainte et les menaces. C’est pourquoi il est indispensable de lever immédiatement les mesures coercitives unilatérales imposées au Venezuela, notamment par les États-Unis et l’Union européenne, en violation du droit international et qui continuent de provoquer d’immenses souffrances au peuple vénézuélien et des dommages profonds à l’économie du pays. »

Dans ce passage :

-> la première phrase vaut autant pour Cuba que le Venezuela ou le Nicaragua : implicitement, l’absence de démocratie peut être justifiée par le conflit avec les USA et l’UE et ce qu’on peut appeler leur impérialisme juridique, qui est assimilé à un état de guerre – alors que des sanctions ont été levées ;

-> la seconde phrase confond, à l’instar du régime, les sanctions individuelles ciblant des hiérarques faisant l’objet d’enquêtes US ou UE, ou associant corruption et/ou narcotrafic et/ou graves violations des droits humains, avec les sanctions collectives ou embargos partiels, mesures uniquement des USA, et qui du reste ont été partiellement levées, formellement en signe de bonne volonté si le scrutin était organisé de façon à peu près équitable, et réellement pour garantir la reprise et poursuite de la co-exploitation et de l’exportation de pétrole vers les USA (moyen aussi de ne pas tout laisser à d’autres comme la Chine). Sanctions dont les USA, tout en soutenant ouvertement l’opposition, ont dit qu’ils ne les rétabliraient pas avant janvier 2025 (date de l’entrée en fonction du prochain président) ;

-> la fin de cette seconde phrase assène une demi-vérité en laissant entendre que lesdites « sanctions » (tant collectives qu’individuelles) sont les principales responsables de la paupérisation généralisée. Celle-ci a été continue entre 2014 et 2020, atteignant son niveau le plus bas en 2018-2019, soit au moment où les effets des sanctions US sur la dette commençaient à se faire (un peu) ressentir (la dette faisant alors déjà l’objet de bons « odieux » émis par Maduro par refus de la renégocier de concert avec l’Assemblée nationale d’opposition qu’il avait illégalisée, préférant comprimer au maximum les importations vitales et les dépenses sociales). Moment où l’embargo sur le pétrole entrait à peine en vigueur…

Remarquablement, quand le PCF ou d’autres condamnent sanctions, embargos et autres « blocus » (comme pour Cuba, malgré 60 ans de perfusion soviétique puis russe, 20 ans de perfusion chaviste, et en parallèle une bonne vingtaine d’années en parfaite harmonie avec l’Espagne de Franco et encore plus avec un bon nombre de pays d’Europe occidentale), ils ne les dénoncent jamais au nom du fait qu’elles soient fonctionnelles pour ces régimes, tant en termes d’autoritarisme que de mise en dépendance des plus pauvres à leur égard, mais uniquement de par les effets abstraits et supposément transclassistes « contre la Révolution ».

En outre, il faut relever l’écart entre l’absence totale de mention de ces deux aspects dans la déclaration des gauches vénézuéliennes unies dans le Front démocratique populaire, dont le PCV, « parti frère » du PCF, est signataire, et l’espace pris par ces « saluts au drapeau » qui mélangent discours policiers, demi-vérités et approximations dans le communiqué du PCF.

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