Jeudi 31 octobre, le groupe parlementaire RN dispose de sa « fenêtre parlementaire » et fera des propositions de lois, dont l’une vise, selon son préambule, à l’abrogation de la loi Macron contre notre droit à la retraite – en fait, elle abroge l’âge de départ à 64 ans, on en reviendrait donc à 62 ans, et les 43 annuités pour une retraite à taux plein, on en reviendrait donc à 42 annuités, sans revenir sur la mise en extinction des régimes dits spéciaux qui étaient autant de conquêtes sociales.
Ainsi, dans cette Assemblée dont l’élection et la composition signifient le rejet ultra-majoritaire de Macron et de sa loi la plus « emblématique », c’est au RN qu’il échoie de proposer l’abrogation de la retraite à 64 ans !
Quelle honte ! Comment en est-on rendu là ?
C’est très simple. Le 23 juillet dernier, Mathilde Panot a annoncé aux médias pour LFI qu’elle déposait une loi abrogeant la réforme Macron. En réalité, RIEN n’a été déposé.
Seul le RN a pu déposer sa proposition de loi, le 18 septembre : il a eu tout son temps !
Par ailleurs, dans la discussion du PLFSS (Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale), les députés LFI et PS ont, de manière concertée, déposé des amendements parfaitement similaires dans leur résultat à la proposition de loi du RN : abrogation des 64 ans et des 43 annuités, pas un mot sur les régimes dits « spéciaux », et recherche de financements autres que le salaire socialisé. Mais leur discussion arrivera forcément après le 31 octobre.
Même si elle était adoptée, la proposition de loi du RN a des chances nulles de passer ensuite au Sénat. Mais la question n’est pas là. Il va y avoir un vote présenté comme portant sur l’abrogation de la loi retraites à l’Assemblée, à l’initiative du RN qui compte sortir gagnant dans tous les cas, si ça passe comme si ça ne passe pas.
Le RN est le garant de l’exécutif Macron/Barnier, il détient les clefs de son budget, et en même temps, il va se présenter comme à l’initiative contre lui sur un sujet social fondamental. Passer pour opposant tout en tenant le pouvoir dans sa main. Son but : ce pouvoir tout entier. Prendre en main la V° République pour la restaurer comme pouvoir fort et autoritaire, diviser et écraser le monde du travail.
Le RN annonce une campagne publique de « name and shame » – on traduit : mise au pilori ! – des députés élus contre la loi retraite de Macron, donc des députés NFP, qui n’auraient pas voté sa loi !
Dans le NFP va survenir une discussion sur comment voter le 31 octobre. Car la position de refus de tout vote avec le RN est en train d’être ébranlée : un appel prétendant que « voter l’abrogation de la réforme des retraites avec le RN, c’est vaincre le RN et la Macronie … en même temps ! », et son panel de signataires (POI, indigénistes, Institut La Boétie …) indique clairement que la direction de LFI, marchant sur les engagements d’Éric Coquerel, s’apprête à faire « tourner » son groupe parlementaire sur ce sujet.
Le vote des députés PS étant indispensable à un vote majoritaire NFP/RN le 31 octobre (même en ajoutant les voix du groupe LIOT), aurons-nous alors affaire, parallèlement à la campagne « name and shame » du RN, à une campagne dénonçant les « social-traitres » qui auraient soi-disant empêché l’abrogation de la loi Macron ? C’est là une vraie question.
Et à l’arrivée, la loi retraite de Macron ne sera PAS abrogée !
L’immense majorité veut s’en débarrasser. La base sociale et électorale du NFP veut l’unité et n’acceptera pas la division, surtout à propos d’une initiative du RN. Et l’on voit bien que les combinaisons parlementaires avec le RN aussi bien que les combinaisons parlementaires sans le RN, sans mobilisation sociale unitaire, c’est du vent.
Que faire ?
En réalité c’est simple. Si l’on veut éviter de faire le jeu du RN tout en s’exposant à la fois à ses coups et à sa pénétration, il faut affronter REELLEMENT Barnier et Macron !
Nul doute qu’un appel unitaire intersyndical à manifester en faisant grève contre le budget de guerre sociale et pour l’abrogation de la loi retraite, serait massivement entendu.
Nous l’affirmons : nul doute ! Car s’il n’y a eu pratiquement personne le 1° octobre, c’est parce que tout le monde avait compris qu’il ne s’agissait pas de gagner. Il faut renouer avec la poussée unitaire, la poussée d’en bas, de juin-juillet. Imposer l’unité comme nous l’avons déjà fait, unité du NFP et unité syndicale découlant de l’unité sur les besoins fondamentaux du plus grand nombre.
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