Protéger l’enfance ne peut plus être un vœu pieux
« La protection de l’enfance sera au cœur des cinq années qui viennent », avait lancé le candidat Macron en avril 2022.
Cette semaine dans Mediapart, deux histoires d’enfances brisées montrent que la promesse ne peut que susciter un rire nerveux.
Parlons d’abord de Lisa, 3 ans, battue à mort en 2023 par sa mère et son beau-père. Nous avons révélé comment une proche de la famille, quelques jours avant le décès, avait tenté de donner l’alerte en appelant le 119, la ligne d’écoute dédiée aux enfants en danger. En vain : « Elle n’a pas pu être mise en relation avec un écoutant », écrivent les gendarmes sur un procès-verbal consulté par Mediapart. Rien d’étonnant : il y a quelques mois, le 119 s’était mis en grève, pour protester contre un manque de moyens déjà largement documenté.
Nous avons aussi chroniqué le procès d’un réseau d’anciennes familles d’accueil dans le Nord, poursuivies pour avoir accueilli des enfants sans autorisation mais aussi pour les avoir fait travailler et leur avoir fait subir des violences. Tous les enfants, expertisés par des psychiatres, souffrent de stress post-traumatique. La grande absente de ce procès ? L’aide sociale à l’enfance, pas poursuivie. Un des prévenus a d’ailleurs admis avoir profité des « failles du système ». Des failles dont on ne peut douter tant, là encore, les moyens manquent.
Ces deux histoires, parmi tant d’autres, soulignent que les institutions censées protéger les enfants ont lourdement failli, entraînant, dans chaque cas, des conséquences tragiques.
En France, un enfant meurt tous les cinq jours sous les coups de ses parents ou de proches, selon un décompte d’associations de protection de l’enfance. Un chiffre qui peine à imprimer dans le débat public mais doit provquer le sursaut. Le manque de moyens pour la protection de l’enfance ne peut être ni une excuse ni une fatalité.
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