24 octobre 2024
Le seizième sommet des Brics+ s’est tenu à Kazan, en Russie, du 22 au 24 octobre 2024. Sous les projecteurs, l’hôte de la cérémonie, le président Vladimir Poutine, a mis en scène l’échec de la stratégie occidentale visant à l’isoler. Loin des accolades, toutefois, les travaux se sont concentrés sur une thématique : celle de la monnaie, au sujet de laquelle les autorités russes avaient préparé un « document de travail » à la suite d’une rencontre des ministres des finances des Brics+ en février dernier. Sa lecture offre quelques éclairages sur la nature du monde qu’entendent construire ceux qui se présentent désormais comme l’incarnation d’un « Sud global ». Un monde qu’une partie de la gauche espère en rupture. Avec l’hégémonie américaine et celle des marchés.
A priori, elle n’a pas tort : avec un sens certain de la litote, le document dénonce le poids du dollar dans le système monétaire international (SMI), « qui place l’économie mondiale en difficulté dès lors que les intérêts des États-Unis ne sont pas toujours alignés avec ceux des autres participants au SMI ». Sans utiliser le mot, les ministres des finances des Brics+ appellent en substance à rompre avec l’un des piliers de l’impérialisme américain.
Mais s’ils dénoncent le fonctionnement actuel de l’économie mondiale, ils n’en rejettent pas les principes. Leur préoccupation ? Que la hiérarchie entre Nord et Sud, qui oppose les « monnaies fortes » aux « monnaies risquées », empêche les pays émergents et en développement, « de tirer tous les bienfaits de la mondialisation », laquelle « devrait se caractériser par davantage d’afflux de capitaux étrangers » et « une plus grande facilité à lever des fonds par le biais de la vente d’action sur les marchés ». La feuille de route discutée à Kazan ne propose donc pas d’en finir avec la loi du marché, mais de permettre à ce dernier de mieux fonctionner.
Est-ce vraiment la fin du dollar ?
Dans cette ode à une forme de « libre-échange anti-impérialiste », dénonçant « le retour des barrières douanières » et « la fragmentation (…) des marchés financiers », le mot « inégalité » n’apparaît pas. Celui de « pauvreté » deux fois. En revanche, « marché de capitaux » figure vingt-six fois et le terme « investissement » quatre-vingt-neuf.
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