Paul, l’ami, notre maire,
Tu n’as pas survécu à ce 1er novembre. Une maladie aura fini par t’emporter. Ces dernières années ne t’avaient pas épargné, ni dans ta vie familiale avec le décès de ton fils, ni dans ton sacerdoce laïc de 30 années au service de tous les niozellens.
L’ignominie d’attaques personnelles sur les réseaux (a)sociaux (qui t’ont été rapportées, tu t’en tenais loin) lors de l’incendie qui ravagea les hauts de Niozelles en août 2022 & qui te mobilisa jours & nuits, trop seul au côté des pompiers, puis avec l’administration, t’écœurèrent profondément. Nous avec. Elles t’amenèrent, épuisé, à démissionner dans la 3ème année de ton dernier mandat.
Paul, en te retirant sur la pointe des pieds, tu as laissé à tous les niozellens & leurs représentants, un village sauvé, rajeuni, paisible, aux finances saines embelli & riche de ses biens communs naturels.
A commencer par l’eau avec un réseau dont tu as su prendre grand soin, des décennies durant, avec les compétences des amis Léon, puis Claude.
Après n’avoir compté plus qu’une centaine d’habitants au mitan des années 1970, la population de Niozelles frise à présent, avec 130 familles, les 300 habitants : 30% ont moins de 30 ans & 20% plus de 64 ans, donc environ 150 actifs.
Paul, le 12 juillet 2013 (recevant la Ministre du Tourisme) Photo Patrick Gaudin
Paul, par ces lignes, maladroites et trop courtes, nous voulons te rendre hommage. Les mots ou les pensées d’un jour ne suffiront pas à te rendre justice, aussi souhaitons, avec l’aide de toutes et de tous ceux qui les ont écrites ou les liront, faire beaucoup mieux que cela : contribuer à prolonger ton œuvre.
Paul, tu le pressentais, les temps vont se faire plus difficiles pour tous, à commencer pour les plus fragiles, les plus âgés et les plus jeunes. Il nous faut faire vivre & améliorer au quotidien ce que tu as eu le talent de nous léguer.
Paul, tu nous l’as dit : nous ne nous en sortirons pas en vendant nos biens les plus précieux à vil prix, de l’eau aux productions de la terre en passant par celles du soleil à des multinationales et leurs politiciens avides de profits anonymes.
Les écarts du « pouvoir d’achat » constituent la plus détestable manière d’être au monde, en concurrents hargneux et de plus en plus seuls au bout de téléphones connectés à des cartons livrés à domicile. C’est pour cela, qu’en vrai républicain, tu avais accordé ta signature à l’Arlette en 2005 puis au Jean-Luc en 2022.
De Mane fin 2019, à Niozelles en août 2022, nous avons pris deux cartons, deux avertissements majeurs. Deux samedis torrentiels avec La Laye puis un brasier léchant notre village. « Ecologie punitive » ? Foutaise, une réalité qui s’imposera de plus en plus méchamment si nous en restons à tricoter des doigts sur des écrans bourrés d’Intelligence Artificielle, pour avoir des « IAka » et des « Faut qu’on ».
Paul, nous avons compris qu’il nous faut réapprendre à vivre pas seulement côte à côte, mais ensemble dans nos villages.
Que pour cela, la mémoire, l’observation, l’anticipation sont nos meilleurs atouts.
Puis que le partage de l’effort et de la sueur, est notre plus sûr allié face à des assureurs tentés de s’évanouir à la première occasion.
Paul, c’est toi qui nous a montré ce chemin ; à nous de jouer, sans toi, en échangeant & nous formant sans crainte pour bien choisir celles & ceux qui redonneront un nouveau souffle à « ta » mairie. Pour que notre « maison commune » ne soit jamais remplacée par un B.A.T. (Bus Administratif Territorial) sous la pression d’intérêts économiques & politiques hautains & lointains.
A toutes & tous, nous avons plus de talents que nous le croyons. Quel que soit notre âge, par le travail de la main au bénéfice de toutes & tous, faisons nous les apprentis sages de ce village. Prenons soin de l’eau, des forêts et de nos paysans.
L’ami Paul, pour toutes et tous, merci.
PS – Remerciements à celles et ceux qui t’ont accompagné jusqu’au bout du chemin. En particulier à ton frère Alain et Francine, à Serge qui, par la force de votre amitié, a eu le bon goût de venir exercer ici, son métier et à Marielle, à Roger et Jean, Jocelyne, Florence, Claudette et Claude, Corine et France, Catherine et Jacques, Christine et Didier, Françoise et Alain, Léon, Jean-Louis et son épouse, Marie, … A Charlie et Elke aussi. Et à toutes celles et ceux sans qui cette lettre, qui n’a rien d’un hommage officiel, n’aurait pu être écrite, imprimée, diffusée.
PPS – Ce samedi, cette lettre sera déposée dans les boîtes aux lettres de celles et ceux qui furent « tes » administrés et transmise aux collègues que tu auras côtoyés dans les communes du piedmont Sud de la Montagne de Lure.
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