CARTE. Jusqu’à 200.000 emplois menacés en France?

CARTE. Jusqu’à 200.000 emplois menacés en France?

CARTE. Jusqu’à 200.000 emplois menacés en France?

Timothée Talbi

C’est un document qui montre l’ampleur des suppressions d’emplois survenues en France depuis près de 15 mois. La CGT a dévoilé mercredi après-midi une carte de l’Hexagone qui recense l’ensemble des emplois supprimés ou menacés entre septembre 2023 et novembre 2024.

Au total, l’organisation syndicale dénombre 286 plans de suppression d’emplois. Et peu de zones géographiques sont épargnées par le phénomène qui touche particulièrement le Grand-Est, les Hauts-de-France, la Normandie, la vallée du Rhône ainsi qu’une bonne partie de la façade Atlantique.

Le secteur secondaire est très largement touché par cette vague de plans sociaux puisque 210 sites industriels sont identifiés. Dans le détail, ce sont 70.586 qui sont directement menacés voire supprimés dont 30.870 pour la seule industrie. En considérant les répercussions indirectes dans l’industrie, la CGT estime que le nombre d’emplois concernés varient dans une fourchette allant de 128.250 à 200.330.

La métallurgie sinistrée

Dans le détail, la carte témoigne des grandes difficultés du secteur métallurgique puisqu’il comprend à lui-seul 13.000 emplois directs supprimés ou menacés. C’est presque deux fois plus que les industries chimiques et leurs 7.000 emplois directs supprimés ou menacés. Ces deux secteurs d’activité illustrent la casse industrielle à l’oeuvre depuis plusieurs années dans la filière automobile et qui se propage dans les rangs des équipementiers.

Invité de BFMTV, le secrétaire confédéral de la CGT David Gistau avait subi la fermeture de la fonderie SAM en 2021. « A l’époque, nous avions alerté Bruno Le Maire et Emmanuel Macron du contexte des équipementiers sous-traitants d’automobile et rien n’a été fait pour empêcher ce qui est en train de s’étendre depuis », constate-t-il avec amertume. Le représentant syndical déplore que « les salariés, leurs familles et les territoires » soient toujours les premiers à faire les frais du temps d’adaptation nécessaire des équipementiers et des constructeurs automobiles à la transition des moteurs thermiques aux modèles électriques.

« La situation s’aggrave car le prix des véhicules électriques est extrêmement élevé et les Français, comme de nombreux Européens, n’ont pas les moyens de s’acheter ces véhicules-là aujourd’hui. »

A ce titre, il dénonce la stratégie des grands constructeurs français qui délocalisent la fabrication des voitures dans des pays où les coûts de production sont plus faibles comme la Roumanie ou la Chine : « La volonté n’est pas de faire des véhicules accessibles mais des taux de profits de plus en plus élevés et ça interroge : comment l’Etat peut subventionner Renault et Stellantis sans leur imposer qu’ils se fournissent chez des équipementiers français ? »

Une accélération du nombre de plans sociaux

De son côté, le secteur tertiaire n’est pas en reste puisque le commerce accuse près de 10.000 emplois directs supprimés auxquels s’ajoutent 6.000 dans le périmètre des banques et assurances. Idem pour le secteur public et plus particulièrement les domaines du sanitaire et du social récemment touchés par un regain de plans de suppressions de postes.

A ce titre, cette accélération est une tendance globalement observée puisque pas moins de 120 plans de suppressions d’emplois ont été mis en oeuvre sur la période de juillet à novembre 2024 dont une large majorité (99) depuis la rentrée. Parmi les plus notoires se trouvent notamment ceux annoncés par Auchan et Michelin au début du mois ou plus récemment par ArcelorMittal.

Timothée Talbi

286 PSE : près de 300 000 emplois menacés ou supprimés

Publié le 27 nov. 2024
Dans un contexte où les entreprises s’enrichissent toujours plus, les vagues de suppressions d’emplois dans l’industrie se multiplient et impactent durement la France. Mercredi 27 novembre, la CGT a présenté à la presse ses propositions pour répondre à l’urgence sociale. Elle organisera des actions sur l’ensemble du territoire, pour l’emploi et l’industrie le 12 décembre.
Imagette
carte emplois supprimée ou menacés novembre 2024

La CGT dénombre près de 300 plans de licenciement

Depuis plusieurs mois, la CGT alerte sur la situation industrielle désastreuse. En mai dernier, la CGT a présenté une liste de 130 plans de suppressions d’emplois afin de dénoncer ce processus de désindustrialisation. En octobre, lorsqu’elle est présentée au Premier Ministre par la CGT, cette liste atteint les 180 plans de licenciement.

Et moins de 6 mois après notre première liste, la CGT recense aujourd’hui 286 plans de suppressions d’emplois depuis septembre 2023.

Entre 128 250 et 200 330 emplois menacés ou supprimés depuis septembre 2023 recensés par la CGT

Une tendance globale à l’accélération du rythme de mise en oeuvre de plans de suppressions d’emplois se dégage, avec plus de 120 plans concentrés sur la période juillet-novembre 2024, dont 89 sur la seule période septembre/novembre.

Les secteurs le plus impactés par les suppressions d’emploi sont :

  • la métallurgie : 13 000 emplois directs supprimés ou menacés,
  • le commerce : plus de 10 000 emplois directs supprimés,
  • le secteur public et associatif : plus de 7 000 emplois supprimés,
  • les banques et assurances : plus de 6000 emplois supprimés ou menacés
  • la chimie : plus de 7000 emplois directs supprimés

Il donc permis de penser que ce sont plusieurs dizaines de milliers d’emplois supplémentaires menacés qui peuvent être ajoutés à ceux recensés par la CGT.

Le recensement de la CGT documenté est donc cohérent avec les évaluations qui ont pu circuler récemment, notamment celle du cabinet Altares portant sur 300 000 emplois menacés du fait de la vague de défaillances d’entreprises.

Au-delà des ravages sociaux avec la destruction d’emplois directs et indirects, la désindustrialisation entraîne aussi des ravages territoriaux avec la désertification impactant tout le tissu économique et les services publics français.

Chaque emploi supprimé entraîne des effets domino sur les sous-traitants, les prestataires de services et tout l’écosystème économique local. Ces plans de licenciements n’effacent pas seulement des emplois, ils vident des régions de leur attractivité, de leur commerce de proximité…

Des vies brisées, des familles dans l’incertitude : derrière les chiffres c’est un drame humain qui se joue

Il n’y a pas pire violence sociale que le chômage, ces suppressions d’emplois plongent également des familles dans l’incertitude. Ces annonces peuvent être effectuées en visio ou par SMS en un temps extrêmement court, sans prendre en compte les conditions de vie des salarié·es et leurs chances de retrouver un emploi, notamment s’ils et elles sont en fin de carrière.

Ces plans de licenciements entraînent des impacts sociaux profonds, des difficultés financières jusqu’à la perte de logement, fragilisant le tissu social dans de nombreux territoires.

Des conséquences environnementales sont inévitables

La délocalisation de nos productions vers des pays où les normes environnementales sont faibles, voire inexistantes, amplifie l’impact écologique de ces choix.

À cela s’ajoute un paradoxe, les productions exportées à l’étranger reviendront manufacturées dans notre pays, alourdissant encore plus le bilan carbone de la délocalisation. La souveraineté de notre pays est, quant à elle, menacée.

En externalisant ces pans entiers de sa capacité productive, la France perd non seulement des emplois, mais aussi le contrôle sur des secteurs clés de son économie. Cette situation alimente une dépendance accrue à l’égard d’autres pays.

De l’argent public distribué sans contrepartie aux entreprises qui licencient et délocalisent

Face à cela, l’État ne joue pas son rôle de garant, et au contraire, il aggrave la situation. L’argent public est massivement versé dans des aides et subventions aux entreprises qui, sans contrepartie, licencient et délocalisent.

En juillet 2023, la Cour des comptes estime à 260,4 milliards d’euros le soutien financier total aux entreprises, y compris les prêts garantis et le report du paiement des cotisations sociales. Aucun contrôle ni mécanisme coercitif n’empêche ces pratiques qui affaiblissent notre tissu industriel et nos emplois.

Ces fermetures d’entreprises et d’usines sont les conséquences directes de la politique de l’offre menée par Emmanuel Macron depuis son premier mandat.

Sa seule boussole a été d’attirer des investisseurs étrangers, qui une fois sur le territoire, pillent les savoirs et les brevets avant de repartir ouvrir des usines à bas coûts dans d’autres pays.

L’État doit impérativement agir pour restaurer la souveraineté industrielle de la France et mettre en place une véritable politique industrielle ambitieuse. Cela passe par l’arrêt des délocalisations et par une relocalisation des productions.

Il est également essentiel de lutter contre le dumping social qui exploite les travailleur·ses sous-payés dans d’autres pays, tout en détruisant les emplois locaux. Une véritable stratégie industrielle est donc indispensable afin de garantir un avenir durable pour la France.

la CGT demande à l’Etat de prendre ses responsabilités et de lancer en urgence des assises pour l’industrie afin de relancer notre outil productif et agir pour les emplois en France.

➡️ La CGT organise des actions pour l’emploi et l’industrie, le 12 décembre. 

Les mesures d’urgence de la CGT pour endiguer les PSE

Face à la gravité de la saignée industrielle, il faut agir, sans attendre, sur trois aspects :

  1. Un plan d’urgence pour l’emploi et l’industrie
    1. Un moratoire sur les licenciements et un renforcement des dispositifs garantissant la recherche effective d’un repreneur
    2. Un plan national de maintien et de relocalisation des outils et emplois industriels, piloté par un État assumant un rôle d’acteur central de l’industrie
    3. Permettre un retour immédiat aux tarifs réglementés de vente de l’électricité et du gaz
  2. Des assises de l’industrie et une grande loi pour réindustrialiser le pays et répondre au défi environnemental
    1. Planifier et protéger notre industrie
    2. Donner la possibilité aux travailleurs d’intervenir sur les orientations stratégiques des entreprises
    3. Mettre en place une Sécurité Sociale professionnelle et environnementale
    4. Responsabiliser les donneurs d’ordre par rapport aux sous-traitants
    5. Mettre l’industrie au service de l’intérêt général
    6. Investir pour préparer l’avenir
  3. Réorienter la politique Européenne
    1. Renforcer les normes sociales et environnementales et protéger notre industrie
    2. Mettre en place un plan d’investissement européen, à rebours des politiques d’austérité
    3. Sortir du dogme de la concurrence libre et non faussée

Pour en savoir plus : télécharger le document « Urgence sociale – les mesures d’urgence pour endiguer les PSE » ⤵️

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