Ce gouvernement peut tomber ? Oui, ce gouvernement doit tomber. Editorial du 20 novembre 2024.

Par aplutsoc le 20 novembre 2024
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Rappel : Barnier représente la force politique qui a le plus perdu aux législatives, la plus minoritaire ; il a été nommé par Macron ; il est parrainé par Le Pen. Et d’une.

Et de deux : ce gouvernement est organisé autour d’un budget de guerre sociale. Quelques chiffres suffiront : 4035 postes d’enseignants seraient supprimés dont 3155 dans les écoles primaires, et les collectivités locales doivent fournir 5 milliards, et plus en réalité, au gouvernement.

Donc, cette guerre sociale, il l’engage : Kasbarian attaque les salaires et les droits à congés maladie rémunérés de tous les agents publics (fonctionnaires, contractuels, CDI), Retailleau veut une nouvelle loi Immigration, l’un et l’autre avec le soutien du RN. Et en même temps, le grand patronat déclenche de grands plans de licenciements.

Ce même Kasbarian a donné le pot-aux-roses en annonçant vouloir suivre les recommandations d’Elon Musk, l’âme damnée de Donald Trump !

Mais en même temps, lorsqu’il a « reçu » à la va-vite les fédérations syndicales, il a annoncé laisser tomber la suppression des catégories de fonctionnaires fondées par leur statut qu’il déteste tant : cette manœuvre a permis à la CFDT d’imaginer un « premier recul », mais qu’un tel agité doive la faire montre sa fragilité réelle, et celle de tout ce gouvernement.

Aujourd’hui, mercredi 20 novembre, deux faits institutionnels confirment et aggravent cette fragilité et cette instabilité.

A la Commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale, la proposition de loi censée abroger la réforme des retraites, par un texte ramenant l’âge légal à 62 ans et le nombre d’annuités à 42, déposé par le groupe LFI en vue de la seconde niche parlementaire qui lui revient, après celle du RN, le 28 novembre prochain, a été adoptée, le vote Pour du RN faisant envisager son adoption par l’Assemblée le 28 novembre. Dans ce cas, elle serait soumise au Sénat lors d’une niche du groupe communiste le 23 janvier, et reviendrait à l’Assemblée à la faveur d’une niche du groupe écologiste le 6 février.

Le fait politique marquant ici n’est pas que la possibilité d’abrogation par la seule voie parlementaire soit évidente : elle ne l’est pas du tout et elle dépend du RN, et en outre le texte proposé « oublie » le volet de la loi Macron contre les retraites qui a mis en extinction les régimes dits spéciaux.

Le fait politique marquant est bien sûr que le choix du RN vaut avertissement lorsque viendra le 49-3 sur le budget de Macron-Barnier.

En outre, le vote de la proposition LFI est attaqué de l’intérieur du groupe PS par François Hollande parce que, de fait, elle revient aussi sur la loi Touraine de 2014, qui instaure une décote avec les 42 annuités. C’est une évidence : revenir sur la contre-réforme Macron oblige à revenir sur la contre-réforme Hollande-Touraine qui l’avait préparée. Le groupe PS en commission a voté pour l’abrogation, et Olivier Faure défend cette position. Ce ne sont donc pas « les socialistes », comme le dit LFI, qui risqueraient de ne plus suivre l’unité pour l’abrogation, mais les « hollandais », qu’il convient donc d’isoler en cessant de les amalgamer à l’ensemble du PS.

Le second fait institutionnel intéressant survenu ce mercredi 20 novembre est le suivant.

Le rapporteur du Conseil d’État, que plusieurs syndicats (SNES-FSU, SE-UNSA, CFDT) et la FCPE avaient saisi, demande au Conseil d’État d’annuler l’article du décret ministériel du précédent gouvernement instaurant les « groupes de besoins », en fait les groupes de niveaux, en collèges. Ces saisines, et sans doute l’argumentaire du rapporteur, inconnu à cette heure, reposaient sur une vraie contradiction juridique entre le décret de Belloubet et le Code de l’éducation concernant l’autonomie des établissements. Mais cette raison juridique, incontournable, est surdéterminée par le désordre et la gabegie des moyens produits par la demi-application de cette contre-réforme clef. L’avis du Conseil d’État qui, s’il confirme cette recommandation, devrait atténuer sa portée en demandant cette abrogation pour l’année prochaine (alors que la ministre vient d’annoncer vouloir étendre ce système en 4° et en 3° !), est annoncé pour dans 3 semaines …

La décomposition du « choc des savoirs », dont personnels, parents et jeunes exigeront l’abrogation totale immédiate, serait ainsi à l’ordre-du-jour.

Les agents publics vont faire grève le jeudi 5 décembre. S’ouvrira alors une série d’affrontements sociaux et politiques entre les larges masses et ce gouvernement. Abrogation de la réforme des retraites, du « choc des savoirs » et de la « loi Immigration », blocage des plans de licenciements, hausse des salaires et défense des services publics vont opposer la grande majorité à ce gouvernement minoritaire et illégitime. Là se trouve la force par laquelle il peut tomber, par laquelle il doit tomber, ouvrant la voie au départ de Macron et à l’affrontement social pour changer de régime.

Le 20/11/2024.

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