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En direct, colère des agriculteurs : l’alliance syndicale FNSEA-JA annonce « 85 points de manifestation » à travers le pays lors de la première journée de mobilisation
Près d’un an après des manifestations qui avaient duré plusieurs semaines, les principaux syndicats agricoles se mobilisent depuis lundi pour protester cette fois contre l’accord UE-Mercosur. Des agriculteurs ont notamment bloqué le pont de l’Europe, qui relie Strabourg et l’Allemagne, avec des collègues allemands.
Pour Jordan Bardella, Emmanuel Macron doit « menacer de suspendre les versements » au budget de l’Union européenne, en cas de signature de l’accord avec le Mercosur
Si Bruxelles essaie de passer en force en signant l’accord de libre-échange avec le Mercosur malgré l’opposition de la France, le président de la République, Emmanuel Macron, doit « menacer de suspendre les versements au budget de l’Union européenne », a estimé lundi Jordan Bardella, le président du Rassemblement national. « Emmanuel Macron doit faire respecter la France, doit faire respecter les intérêts de la France », a martelé Jordan Bardella sur BFM-TV, estimant que cet accord serait « le dernier clou dans le cercueil d’une filière agricole qui est aujourd’hui très mal en point ».
Emmanuel Macron a affirmé dimanche à Buenos Aires, en Argentine, pendant sa visite diplomatique, que la France ne le « signerait pas en l’état », disant vouloir « rassurer les agriculteurs » et « continuer » de s’y opposer. Mais M. Bardella estime que le chef de l’Etat « n’a pas su défendre les intérêts de la France sur la scène européenne ». « Rien n’a changé depuis les révoltes agricoles au début de l’année 2024 », a-t-il ajouté, jugeant que les promesses formulées par l’ancien premier ministre Gabriel Attal « n’ont pas été tenues ».
Dans les Côtes-d’Armor, les agriculteurs promettent de se mobiliser « crescendo »
Devant un bidon John Deere installé sur un rond-point de Lamballe (Côtes-d’Armor), Olivier Jouan s’échine à alimenter un feu avec des morceaux de palettes en bois. L’éleveur de porcs lève la tête du brasier et désigne deux mannequins suspendus au bout d’une corde : « Voilà ce qu’il va nous arriver si l’Europe vote le traité du Mercosur. Cet accord va tuer notre agriculture en permettant l’importation de produits de moindre qualité. Des transformateurs peu scrupuleux vont se ruer dessus pour produire des aliments toujours moins chers. En période d’inflation, la clientèle les achètera. Nos marchés seront mécaniquement tirés vers le bas. »
Les inquiétudes d’Olivier Jouan trouvent peu d’écho, lundi, à Lamballe, commune connue pour ses abattoirs de cochons. Seulement une cinquantaine de paysans ont répondu à l’appel à manifester. Ceux présents prédisent une montée « crescendo » de l’expression du ras-le-bol des agriculteurs.
Après des semaines de pluie, la météo clémente de ces derniers jours a convaincu nombre d’agriculteurs bretons de « donner la priorité » au travail dans leurs champs. Président de la chambre d’agriculture des Côtes-d’Armor, Didier Lucas confirme et précise : « Aujourd’hui, la tension est moins forte chez nous. L’agriculture bretonne a été épargnée par les catastrophes climatiques et sanitaires vécues ailleurs. Nos prix sont globalement corrects. Les rendements aussi. Il n’empêche, la colère de l’hiver 2023 est toujours vive, d’autant que l’Etat n’a pas respecté toutes ses promesses. »
Le point sur la situation lundi 18 novembre, en fin de journée
- L’alliance FNSEA-JA a annoncé lundi « 85 points de manifestation » à travers le pays, sans aucun blocage autoroutier, en opposition à l’accord de libre-échange entre l’Union européenne (UE) et le Mercosur. La Coordination rurale a choisi d’attendre la tenue de son congrès mardi et mercredi pour amplifier sa mobilisation, promettant « une révolte agricole ». Lundi, des agriculteurs ont notamment bloqué le pont de l’Europe, qui relie Strabourg et l’Allemagne, avec des collègues allemands. Au-dessus du Rhin, les représentants de syndicats agricoles français et allemands se sont rejoints dans une accolade symbolique au son des klaxons.
- Des mobilisations perdureront mardi. En Ile-de-France notamment, des perturbations sont à attendre dès 6 heures du matin sur plusieurs axes de l’Essonne, selon la préfecture, alors qu’une manifestation est prévue devant ses portes. Les axes touchés sont : les routes départementales 145, 191, 153, 446, l’A6 vers Paris, la nationale 104 vers Corbeil-Essonnes, et la nationale 7 vers Evry-Courcouronnes. Le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, a toutefois mis en garde lundi contre des « blocages qui durent ». « Les agriculteurs ont quelques raisons de » manifester, mais « il y a un cadre », selon M. Retailleau. « On peut parfaitement manifester dans la tranquillité. »
- Francesco Lollobrigida, le ministre de l’agriculture italien, s’est exprimé lundi contre le projet d’accord entre l’UE et le Mercosur sous sa forme actuelle, exigeant que les agriculteurs du Mercosur soient soumis aux mêmes « obligations » que celles de l’UE. « Le traité UE-Mercosur sous sa forme actuelle n’est pas acceptable », a-t-il estimé dans un communiqué. De son côté, le chancelier allemand, Olaf Scholz, a réaffirmé que l’accord « devait enfin être bouclé ». « Après plus de vingt ans [de négociations], nous devons maintenant enfin finaliser l’accord de libre-échange avec le Mercosur », a déclaré M. Scholz. « Nous avons besoin de davantage d’accords de libre-échange. Le monde change », a-t-il estimé.
- Invité sur France 5, le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, a estimé lundi qu’il n’était « pas question de ne pas commercer », en rejetant l’accord avec le Mercosur. « Le sujet de fond porte sur la qualité et la réciprocité », a expliqué M. Rousseau, affirmant que l’Europe ne contrôlait « à peu près que 3 % » des importations, émettant ainsi des doutes sur ces contrôles. Interrogé par ailleurs sur les promesses formulées en début d’année par le gouvernement, Arnaud Rousseau a dit qu’elles étaient évaluées « à hauteur de ferme » par les exploitants, dénonçant un « décalage entre les annonces politiques et la réalité ».
- Les politiques se sont saisis de la colère agricole lundi. Présent sur un point de mobilisation dans l’Aisne, le président Les Républicains des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, a affirmé soutenir les agriculteurs « parce que nos assiettes ne sont pas des poubelles ». « Tout ça parce que les Allemands veulent vendre des bagnoles en Amérique du Sud. (…) Ce n’est pas notre problème quand on veut manger de la viande qui est saine », a-t-il conclu. La secrétaire nationale des Ecologistes, Marine Tondelier, s’est, elle, dite favorable à un débat avec vote à l’Assemblée nationale, et « même à un référendum » sur le projet d’accord de libre-échange. Elle a par ailleurs appelé le président de la République, Emmanuel Macron, à « prendre son bâton de pèlerin », estimant qu’il « serait temps » qu’il aille jusqu’au bras de fer et qu’il s’agissait d’une « question de volonté ».
Arnaud Rousseau, président de la FNSEA : « Le sujet de fond à propos de l’accord avec le Mercosur porte sur la qualité et la réciprocité »
Invité de l’émission « C à vous », sur France 5, lundi, le président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), Arnaud Rousseau, a estimé qu’il n’était « pas question de ne pas commercer », en rejetant l’accord de libre-échange entre l’Union européenne (UE) et le Mercosur. « Le sujet de fond porte sur la qualité et la réciprocité », a expliqué M. Rousseau, affirmant que l’Europe ne contrôlait « à peu près que 3 % » des importations, émettant ainsi des doutes sur ces contrôles.
Estimant par ailleurs que « le Mercosur n’est que le catalyseur » des mécontentements des agriculteurs, Arnaud Rousseau a salué des « conditions de production parmi les plus élevées » au monde imposées par l’UE, mais a demandé que « ces standards [soient] également imposés aux importations », citant d’autres accords, notamment celui avec l’Ukraine.
Interrogé également sur les promesses formulées en début d’année par le gouvernement, le président de la FNSEA a expliqué qu’elles étaient perçues et évaluées « à hauteur de ferme » par les exploitants, dénonçant un « décalage entre les annonces politiques et la réalité ». « Ce qu’on a comptabilisé comme fait, c’est ce qui est acquis dans nos exploitations », a-t-il insisté. Le premier ministre en exercice au début de 2024, Gabriel Attal, avait « annoncé des prêts de trésorerie en mars, [aujourd’hui] pas un seul prêt n’a été fait, pas un seul centime n’a été débloqué » à cause de la dissolution. « Quand vous êtes entrepreneur, vous ne vous nourrissez pas de la parole publique », a-t-il affirmé.
Marine Tondelier favorable à un « référendum » sur l’accord avec le Mercosur
Marine Tondelier s’est dite favorable lundi à un débat avec vote à l’Assemblée nationale, et « même à un référendum » sur le projet d’accord de libre-échange entre l’Union européenne et des pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay). « Sur des sujets comme ça, il faut que les Français puissent s’exprimer », a argumenté la secrétaire nationale des écologistes dans l’émission « Lundi, c’est politique » sur Twitch et sur LCP.
Elle s’est dite persuadée que s’ils s’exprimaient, ils seraient « très très largement » pour la défense de l’agriculture française. Elle a par ailleurs appelé le président de la République, Emmanuel Macron, à « prendre son bâton de pèlerin », estimant qu’il « serait temps » qu’il aille jusqu’au bras de fer et qu’il s’agissait d’une « question de volonté ». « Il est chef d’Etat, qu’il décroche son téléphone, qu’il fasse preuve de persuasion », a-t-elle demandé, jugeant que la France devait faire « preuve de leadership » sur ce sujet.
Marine Tondelier, qui « soutient totalement les manifestations contre le Mercosur », a précisé que même si les écologistes et les agriculteurs n’étaient parfois pas d’accord sur certains sujets, « il y a[vait] des moments d’histoire où il y a des convergences de luttes ».
« Tout le pays est contre la signature de cet accord », estime le préfet de Nouvelle-Aquitaine, auprès des manifestants sur les quais de Bordeaux
« Vous m’envoyez un petit e-mail ? », demande le préfet de Nouvelle-Aquitaine, Etienne Guyot, en tendant sa carte de visite aux agriculteurs qui l’interpellent sur leurs difficultés. A peine arrivé sur les quais de Bordeaux, où brûlent encore les ceps de vigne, Etienne Guyot est interrogé par plusieurs exploitants sur la position de l’Etat.
« Cette manifestation est symbolique pour interpeller les services de l’Etat et la Commission européenne sur le sujet brûlant du moment qui est celui de [l’accord avec le] Mercosur », avance d’emblée un agriculteur, annonçant la venue du préfet qui a accepté la proposition de la FNSEA. « Vous avez entendu les autorités. J’ai le sentiment que tout le pays est contre la signature de cet accord. Je comprends parfaitement ce raisonnement de bon sens », abonde Etienne Guyot.
Le représentant de l’Etat ajoute : « Vous nous dites que le compte n’y est pas, le gouvernement vous dit : “On continue d’arrache-pied”. » Selon M. Guyot, sa venue lundi soir montre aussi « la compréhension de la gravité du moment que vit notre pays ». Ainsi que « la volonté de continuer de travailler, comme on l’a toujours fait, avec la profession agricole sur les sujets de financements, structurels, de maladies animales… il y a beaucoup de réponses qui ont été apportées, mais il faut continuer ».
Des agriculteurs s’apprêtent à passer la nuit devant la préfecture de la Marne
Dans la Marne, à Châlons-en-Champagne, des dizaines d’agriculteurs ont manifesté lundi devant la préfecture, où certains s’apprêtent à passer la nuit, ont constaté des journalistes de l’Agence France-Presse. Devant le bâtiment, une soixantaine de tracteurs et quelque 200 personnes étaient rassemblés dans le calme. Certains d’entre eux se relayeront tout au long de la nuit devant la préfecture. Des tentes ont été dressées pour y abriter tables et nourriture.
« Mercosur, France en danger », « Pas de pays sans paysans », « N’importons pas l’alimentation que nous ne voulons pas », pouvait-on lire sur les pancartes accrochées aux tracteurs. Vers 19 heures, douze feux ont été allumés dans des bidons, en symbole du drapeau européen. « Importer de la viande bovine qui n’est pas produite [de la même manière qu’en Europe], qui n’a pas les mêmes normes, et qui sera sans doute moins chère que la nôtre, forcément, ça nous fait peur, car ça nous impactera directement », s’alarme Théo Galichet, agriculteur de 29 ans installé sur l’exploitation familiale depuis 2021 à Auve (Marne).
« C’est une distorsion de concurrence énorme, c’est non aux importations qui ne respectent pas nos normes sanitaires, environnementales et sociales exigées en France et en Europe », tance Hervé Lapie, secrétaire général de la FNSEA et président de la FDSEA de la Marne. A la « veille des négociations commerciales avec les grandes et moyennes surfaces », il a appelé à « préserver le revenu des agriculteurs », et ne pas les « pressurer (…) par le prix, par le bas ».
Perturbations à prévoir mardi matin sur plusieurs axes de l’Essonne, prévient la préfecture
La préfecture de l’Essonne met en garde lundi soir contre des perturbations à partir de mardi, dès 6 heures du matin, en raison d’une manifestation prévue devant la préfecture.
Les axes touchés sont, selon la préfète, qui a précisé sur X : les routes départementales 145, 191, 153, 446, l’A6 vers Paris, la nationale 104 vers Corbeil-Essonnes, et la nationale 7 vers Evry-Courcouronnes.
« Nos assiettes ne sont pas des poubelles », déclare Xavier Bertrand, présent sur un point de mobilisation dans l’Aisne
Le président des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, était lundi à Neuville-Saint-Amand (Aisne) pour soutenir la mobilisation des agriculteurs, notamment contre l’accord avec le Mercosur : « Si on les soutient, c’est parce qu’on dit que nos assiettes ne sont pas des poubelles », a-t-il déclaré à BFM-TV.
Pour lui, « il est hors de question d’avoir notamment de la viande, qui va venir avec l’accord du Mercosur, traitée aux hormones de croissance qui sont interdites chez nous. C’est aussi simple que cela ». « Tout ça parce que les Allemands veulent vendre des bagnoles en Amérique du sud. (…) Ce n’est pas notre problème quand on veut manger de la viande qui est saine », a-t-il conclu.
Le chancelier allemand réaffirme sa détermination à « finaliser l’accord de libre-échange avec le Mercosur »
Le chancelier allemand a réaffirmé lundi que l’accord de libre-échange entre l’Union européenne (UE) et le Mercosur « devait enfin être bouclé » malgré les vives oppositions qu’il suscite, notamment de la part de la France. « Après plus de vingt ans [de négociations], nous devons maintenant enfin finaliser l’accord de libre-échange avec le Mercosur », a déclaré Olaf Scholz lors d’une conférence de presse, en marge du sommet du G20 à Rio de Janeiro, au Brésil.
« Cela a duré bien trop longtemps, la façon dont cela a été négocié. Ce n’est pas un bon exemple », a-t-il ajouté. « Nous avons besoin de davantage d’accords de libre-échange. Le monde change », a-t-il estimé.
La Commission européenne, soutenue par plusieurs pays comme l’Allemagne et l’Espagne, espère signer d’ici à la fin de l’année le traité de libre-échange négocié depuis des décennies entre l’UE et les pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay, Paraguay et Bolivie). Mais d’autres membres de l’UE y sont opposés, la France en tête, premier pays agricole du continent en valeur.
« Le temps de l’action est revenu », sur les quais de Bordeaux
Tandis que les ceps de vigne prennent feu sur les quais de Bordeaux, symbolisant le « feu de la colère », Serge Bergeon, éleveur laitier et viticulteur à Galgon (Gironde), déclare que ce n’est « malheureusement que le premier acte d’une longue série, qui fait suite à des mouvements de début d’année qui n’ont pas abouti. Le temps de l’action est revenu ». Selon le secrétaire général de la FNSEA de Gironde, la dissolution de l’Assemblée nationale « et les freins administratifs [ont fait] qu’on ne prend pas les bonnes décisions au bon moment ».
Parmi les revendications, l’arrêt des accords tels que celui entre le Mercosur et l’UE, « qui fait des efforts, mais pas les autres ». L’éleveur prend l’exemple de la viande bovine, dont l’importation devrait se faire, dans le cadre de l’accord UE-Mercosur, à 2 euros/kilo, alors que le coût de production en est de 6 euros. Face au refus de la France de signer cet accord en l’état, Serge Bergeon espère qu’elle sera rejointe par d’autres Etats européens tels que les Pays-Bas, l’Italie et l’Espagne afin de totaliser 35 % de la population européenne, seuil nécessaire pour que l’accord ne s’applique pas.
« Les paroles des politiques ne nous importent plus, on veut des actes maintenant », appuie-t-il.
En Corrèze, des syndicalistes de la Confédération paysanne portent plainte après avoir été accusés de recourir à des « méthodes nazies »
Dans le cadre d’un mouvement de contestation agricole lundi, des syndicalistes qui protestaient en Corrèze contre un projet d’agrivoltaïsme ont déposé plainte après avoir été taxés de recourir à des « méthodes nazies » par un vice-président de la chambre d’agriculture, élu d’un autre syndicat.
Lors d’une manifestation de 80 à 100 personnes à Tulle, avec installation symbolique de panneaux photovoltaïques sur un parking, des membres de la Confédération paysanne ont été autorisés à prendre la parole lors d’une session de la chambre. Mais une fois que ceux-ci sont sortis, un vice-président de l’instance, représentant de la FDSEA, a vivement critiqué leur attitude dans ce dossier. Ces derniers sont revenus dans la salle pour lui réclamer des excuses.
« Effectivement, j’ai été dur », a reconnu Pierre Beysserie au micro. « Je n’ai pas dit que vous étiez des nazis. Regardez et écoutez le discours. J’ai dit : “méthodes nazies” », s’est-il défendu. Des propos qualifiés d’« inadmissibles » par Jean-François Ensergueix, élu Modef à la chambre d’agriculture, qui a déposé plainte au commissariat de la ville avec quatre représentants de la Confédération paysanne, selon un correspondant de l’Agence France-Presse. « On a l’habitude d’être traités de beatniks, d’écoterroristes… Mais de “nazis”, on n’a pas l’habitude », a lancé dans l’hémicycle l’un des manifestants.
A Strasbourg, agriculteurs français et allemands bloquent le pont de l’Europe
Plusieurs centaines de tracteurs français et allemands ont bloqué lundi le pont de l’Europe, qui relie la ville de Strasbourg à l’Allemagne. Au-dessus du Rhin, les représentants de syndicats agricoles français et allemands se sont rejoints dans une accolade symbolique au son des klaxons. « Toujours ensemble », ont assuré, tout sourire, les agriculteurs allemands à leurs collègues français dans une poignée de mains enthousiaste. A la nuit tombée, le pont était toujours fermé à la circulation.
« Quand j’ai commencé ma carrière en 1990, on a interdit l’utilisation des hormones de croissance dans l’engraissement des productions de viande en France », rappelle Gérard Lorber, secrétaire général de la FDSEA du Bas-Rhin. « Pendant toute ma carrière, j’ai suivi ces règles, mais dans les pays du Mercosur avec lesquels on veut nous mettre en concurrence, ils continuent d’utiliser ces hormones », dénonce-t-il.
Pour le syndicat départemental, la mobilisation a un goût amer, après les manifestations du début de l’année. « Lors de notre mobilisation nationale, on s’est dit que l’Union européenne avait compris qu’elle devait protéger ses agriculteurs, et on se rend compte qu’aujourd’hui, finalement, l’agriculture est sur l’autel du sacrifice », déplore Yohann Lecoustey, directeur de la FDSEA du Bas-Rhin. « C’est une folie de déléguer à des pays tiers des sujets aussi fondamentaux que se nourrir », s’indigne-t-il.
Après une heure d’allers-retours sur le pont, les agriculteurs français et allemands se sont rejoints autour d’un feu côté du côté français. « Cela nous semblait logique de combattre aux côtés des agriculteurs français, puisque nos objectifs sont les mêmes », souligne Horst Körkel, représentant du syndicat agricole allemand BLHV, auprès de l’Agence France-Presse.
« Nous sommes soumis aux mêmes réglementations et avons tous peur pour l’avenir, donc c’était une évidence de réunir nos voix, en espérant que cela donne plus d’écho à nos revendications », ajoute-t-il. « Nous espérons que le Parlement européen va réfléchir et établir des règles de production équitables pour nous vis-à-vis de l’Amérique latine », soutient Alexander Heitz, 31 ans, représentant de l’association agricole allemande de Bade. « En l’état, le traité est injuste et risque de nous mettre en danger en tant que producteurs », s’alarme ce producteur de bovins implanté à Kehl, juste en face de Strasbourg.
Sur les quais de Bordeaux, les agriculteurs estiment avoir « été mis sous cloche » depuis la mobilisation de janvier
Sur les quais de Bordeaux, une montagne de ceps de vigne déposés par les agriculteurs s’est formée. L’objectif : y mettre le feu à la nuit tombée, pour cette première mobilisation girondine. Vincent Bougès, vice-président des Jeunes Agriculteurs (JA) Gironde, viticulteur à Saint-Sauveur, explique : « L’idée de cette mobilisation, c’est l’acte 1 ; depuis quinze jours, on commence gentiment à retourner les panneaux, à montrer qu’on marche à l’envers. »
Ce soir, FNSEA et JA mènent cette action conjointe pour dénoncer que depuis le mouvement du début d’année, « rien n’a bougé ». Le viticulteur de 36 ans espère que la position de l’Etat, qui s’est déclaré contre les accords avec le Mercosur, sera tenue. « Nous ne sommes pas contre les accords de libre-échange, les exportations sont importantes. Mais le libre-échange ne doit pas être une source de saccage de nos filières », ajoute Vincent Bougès.
« Depuis la dernière mobilisation, on a été mis sous cloche. Il y a eu le vide politique que l’on connaît, sauf que nos situations n’ont pas évolué. On a vécu les pires récoltes, toute filière confondue, et notre situation reste toujours la même. » L’objectif de ce début de mobilisation, « montrer qu’on est là, et faire écho dans plusieurs villes de France avec plusieurs actions. Car l’agriculture maille tout le territoire, et les difficultés sont autant dans le nord de la France que dans le sud ».
« Rémunérons correctement le travail paysan et diminuons sa pénibilité, plutôt que d’accorder des aides aux agriculteurs en proportion des surfaces »
Le Monde a invité Marc Dufumier, agronome et professeur honoraire à AgroParisTech, à partager ses analyses et à répondre à certaines de vos questions dans ce direct.
Vous défendez une agriculture paysanne intensive relevant de l’agroécologie pour répondre aux défis alimentaires et agricoles. Cette double injonction n’est-elle pas paradoxale ? Pour résumer cette question de manière très schématique : peut-on nourrir toute la population et garantir un revenu décent et stable à nos agriculteurs en faisant de l’agriculture écologique ?
« Oui, c’est parfaitement possible. La question est en fait de savoir de quelles ressources il nous faut faire un usage intensif à l’hectare. Pourquoi ne pas privilégier l’usage intensif de l’énergie solaire pour fabriquer notre énergie alimentaire ? Mais cela suppose de maintenir une couverture végétale de nos terrains agricoles la plus totale et la plus permanente possible. Pourquoi ne pas faire un usage intensif du gaz carbonique dont la teneur ne cesse de s’accroître dans l’atmosphère pour fabriquer nos glucides et nos lipides, ces molécules hautement carbonées, via la photosynthèse ? Mais cela suppose que les plantes puissent transpirer et qu’elles soient donc suffisamment alimentées en eau. Pourquoi ne pas faire un usage intensif de l’air avec des plantes de l’ordre des légumineuses plutôt qu’avec ces engrais azotés de synthèse coûteux en énergies fossiles ?
Pourquoi ne pas faire un usage intensif des champignons mycorhiziens pour alimenter les plantes en éléments minéraux en extrayant ces derniers du sous-sol ou des argiles ? Serait-ce vraiment stupide de privilégier l’usage intensif de ce qui est abondant et gratuit ? Bien sûr que non. Mais il est vrai que ces formes d’agricultures qui relèvent de l’agroécologie sont très exigeantes en travail : intensives en emplois ! Donc rémunérons correctement le travail paysan et diminuons sa pénibilité, plutôt que d’accorder des aides aux agriculteurs en proportion des surfaces. »
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Des centaines de panneaux déposés devant les préfectures pour montrer la colère agricole
A Vesoul, à Lyon ou à Montpellier, des agriculteurs ont déposé des centaines de panneaux d’entrées de ville. Des rassemblements devant les préfectures ou des opérations escargot sont organisés un peu partout en France. Retrouvez les images de la journée de lundi :
« 85 points de manifestation » à travers la France, selon la FNSEA et les JA ; la Coordination rurale promet une « révolte agricole » mardi
L’alliance FNSEA-JA annonce lundi « 85 points de manifestation » à travers le pays, mais sans aucun blocage autoroutier. La FNSEA, qui se présente comme un syndicat « responsable », soucieux de ne « pas ennuyer les Français », cherche à se démarquer de la Coordination rurale (CR, deuxième syndicat agricole), qui est coutumière des actions coup de poing et qui a beaucoup gagné en visibilité l’hiver 2023.
La CR a choisi d’attendre la tenue de son congrès (mardi et mercredi) pour amplifier sa mobilisation. Elle promet « une révolte agricole » avec un « blocage du fret alimentaire » dès mercredi dans le Sud-Ouest si « aucune avancée » n’est constatée sur le dossier Mercosur.
La Confédération paysanne, troisième syndicat agricole, a, de son côté, déposé lundi des panneaux solaires devant la chambre d’agriculture de Corrèze pour dénoncer le grignotage des terres par des projets énergétiques.
Bonjour Jeannot,
Vous avez raison, il existe bien des « règles sanitaires et phytosanitaires » pour tous les produits alimentaires mis sur le marché de l’UE, comme l’explique cet article disponible sur le site de la Commission européenne. Ainsi, « tous les produits importés de pays tiers sont bien soumis aux mêmes normes de qualité que les produits issus de l’agriculture européenne ».
Le respect de ces normes se vérifie, selon la Coordination rurale, avec une « limite de détection » de substances interdites. « Ce n’est pas parce que la limite de détection n’est pas atteinte, ou que le produit est d’une parfaite innocuité, qu’il n’y a pas de problème », écrit la Coordination rurale, qui dénonce une « distorsion de concurrence ». Cette limite de détection n’empêche pas les agriculteurs étrangers d’utiliser ces substances interdites pour produire les denrées agricoles. « Les exigences relatives à la manière dont les produits sont fabriqués ne sont pas imposées aux produits importés », reconnaît la Commission européenne.
En Bretagne, les agriculteurs veulent « se faire entendre sur le Mercosur, mais aussi sur tout le reste, laissé en suspens depuis la dissolution »
Son téléphone sonne en ce début de lundi après-midi : encore un voisin agriculteur qui s’enquiert de la mobilisation du soir, à Dinan (Côtes-d’Armor). Florian Gaultier, éleveur laitier de 33 ans à Broons, répond : « Oui, rendez-vous à 20 heures au rond-point de l’Aublette. On va sans doute assurer un barrage filtrant pour faire du tractage. On espère voir les politiques, notamment le député. »
Florian Gaultier est une figure locale du syndicat Jeunes Agriculteurs (JA). En 2023, il avait orchestré le blocage de la quatre voies entre Rennes et Saint-Brieuc. L’éleveur insiste : « Ce soir, on sort pour remobiliser les gars. L’ambiance générale est toujours au ras-le-bol. On doit se faire entendre sur le Mercosur, mais aussi sur tout le reste, laissé en suspens depuis la dissolution. » L’agriculteur parle notamment « des promesses de simplification administrative » : « Je ne suis pas contre les normes environnementales ou les contrôles, mais nous affrontons une demande de paperasse sans fin. On doit remplir des dossiers pour tout, tout le temps. C’est tellement compliqué que je sous-traite une partie de mes démarches pour éviter les erreurs alors que je doute de la pertinence de certains dossiers… »
Florian Gaultier regarde sa montre, tandis que ses deux chiens filent entre ses jambes. Avant de partir à la manifestation du soir, l’agriculteur doit terminer le travail du jour : quelques dossiers pour ses 90 hectares de cultures, deux génisses à soigner et 65 vaches à traire.
« Il est à craindre que cette apparente dénonciation des accords UE-Mercosur soit davantage une revendication pour de moindres mesures sanitaires et environnementales »
Le Monde a invité Marc Dufumier, agronome et professeur honoraire à AgroParisTech, à partager ses analyses et à répondre à certaines de vos questions dans ce direct.
N’y a-t-il pas une forme de contradiction de la part des grandes centrales syndicales agricoles, qui, d’un côté, fustigent l’accord avec le Mercosur, et la possible importation de viande bovine dopée à l’œstradiol 17-β, et qui, de l’autre, demandent un relâchement de ces normes environnementales en France, ou qui défendent par exemple l’emploi des néonicotinoïdes ?
« Oui, c’est totalement contradictoire et il est à craindre que cette apparente dénonciation des accords UE-Mercosur soit davantage une revendication pour de moindres mesures sanitaires et environnementales. De ce point de vue, la Confédération paysanne, soucieuse de défendre le revenu des agriculteurs, est bien plus crédible que la FNSEA et la Coordination rurale qui continuent envers et contre tout de défendre des formes d’agricultures désuètes.
C’est bien la culture de la betterave avec recours aux néonicotinoïdes et autres coûteux intrants manufacturés qui n’est plus guère rentable aujourd’hui (comme en témoigne la fermeture récente de plusieurs centrales sucrières) et qui, de surcroît, occasionne l’effondrement des abeilles et bien d’autres pollinisateurs. Alors même que l’on sait comment prémunir cette culture de la jaunisse transmise par un insecte en l’intégrant dans de longues rotations de cultures et des assolements diversifiés ! »
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Dans le Tarn, « on ne veut pas être la monnaie d’échange du commerce international »
A Albi, une centaine d’agriculteurs du Tarn ont arrêté, dès le début de la matinée, leurs tracteurs à la sortie de la ville, sur un rond-point en direction de Rodez (Aveyron). Au menu de la journée, « des actions symboliques et l’expression d’une longue colère », explique Christopher Régis, président des Jeunes Agriculteurs (JA) du Tarn.
L’opération du jour consistait également à stopper et contrôler les camions frigorifiques contenant des denrées en provenance de l’étranger. En fin de matinée, un camion transportant des agneaux de Nouvelle-Zélande a été brièvement détourné, et sa cargaison vérifiée. « Le sujet, c’est la loyauté des échanges, et non les échanges eux-mêmes », avance Christophe Rieunau, coprésident de la FDSEA. Pour cet éleveur, « le Mercosur instaurera une concurrence déloyale, on ne veut pas être la monnaie d’échange du commerce international ».
En milieu d’après-midi, alors qu’un semi-remorque immatriculé en Roumanie voyait lui aussi son chargement contrôlé, les manifestants sont partis en convoi vers le centre-ville d’Albi. Objectif : des actions devant la direction départementale du travail (DDT) et celle des finances publiques (DDFIP). « On attend encore des réponses sur la simplification des normes, mais aussi sur le dégrèvement de la taxe foncière, promise mais toujours pas effective à ce jour », précise Christophe Rieunau.
Devant des forces de l’ordre bien présentes mais discrètes, les manifestants ont promis d’autres actions dans les prochains jours. « Cette fois-ci, on veut vraiment du concret, sinon on durcira le mouvement », préviennent les deux organisations syndicales présentes sur le barrage filtrant.
Le ministre de l’agriculture italien rejette l’accord UE-Mercosur en l’état
Francesco Lollobrigida, le ministre de l’agriculture italien s’est exprimé lundi contre le projet d’accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur sous sa forme actuelle, exigeant que les agriculteurs du Mercosur soient soumis aux mêmes « obligations » que celles de l’UE. « Le traité UE-Mercosur sous sa forme actuelle n’est pas acceptable », a-t-il estimé dans un communiqué.
Bonjour, Pouvez vous nous expliquer pourquoi les agriculteurs français manifestent contre le Mercosur et pas les agriculteurs espagnols, italiens ou allemands ? merci
Bonjour Emile,
En Espagne, l’ensemble des grands syndicats agricoles ont dit leurs craintes, notamment pour l’élevage. Cet accord est « dépassé et incohérent », pour l’organisation Asaja. Aucune mobilisation n’est annoncée, mais l’inquiétude suscitée par le projet avait pesé dans le mouvement de colère des agriculteurs en début d’année. Pour autant, le gouvernement du premier ministre socialiste, Pedro Sanchez, s’est prononcé pour. Il est « nécessaire stratégiquement », assurait mi-octobre le ministre de l’agriculture, Luis Planas : des filières pourraient souffrir, comme la filière bovine, mais d’autres en profiter comme le vin et l’huile d’olive.
En Italie, la grande organisation Coldiretti a écrit à la première ministre, Giorgia Meloni, pour exprimer la « profonde inquiétude » à l’égard d’un accord qui « aurait des effets dévastateurs sur le secteur agroalimentaire ». « Nous estimons qu’une collaboration étroite avec d’autres Etats membres de l’UE, comme la France, qui partagent nos inquiétudes, peut empêcher l’adoption de l’accord sous sa forme actuelle », appelle la lettre.
L’Allemagne, réticente à l’accord sous Angela Merkel pour cause de déforestation en Amazonie, a changé de pied avec Olaf Scholz, désireux d’élargir ses débouchés industriels. Aujourd’hui, l’effondrement de la coalition gouvernementale place les agriculteurs dans l’expectative. Le président de l’Association des agriculteurs allemands, Joachim Rukwied, demande l’arrêt de l’accord du Mercosur et sa renégociation. Pour lui, « il est urgent de renégocier » cet accord. Il « conduirait à remplacer la production nationale par des importations aux normes du siècle dernier, au détriment des consommateurs, des agriculteurs, des animaux, de l’environnement et du climat ». Selon lui, « l’agriculture de l’UE ne peut survivre que si des mécanismes viennent compenser les différences entre les normes internationales et européennes ».
Aucune manifestation officielle n’est prévue, ce qui ne devrait pas empêcher des convergences à la frontière franco-allemande, comme à la frontière franco-espagnole.
« Les agriculteurs français qui pourraient être les plus affectés par la ratification de l’accord avec le Mercosur sont les producteurs de viande, de betteraves à sucre et de miel »
Le Monde a invité Marc Dufumier, agronome et professeur honoraire à AgroParisTech, à partager ses analyses et à répondre à certaines de vos questions dans ce direct.
Pourquoi l’accord UE-Mercosur cristallise-t-il la colère des agriculteurs français ? Quels sont au contraire les bénéfices de ce traité selon ses défenseurs, notamment l’UE ? Qu’est-ce qui fait que les accords de libre-échange sont encore considérés comme attractifs, malgré leur coût en matière de normes environnementales, sanitaires et sociales ?
« Les agriculteurs français ont bien des raisons de craindre la ratification de l’accord UE-Mercosur, du fait de se savoir bien moins compétitifs sur le marché mondial que les très grands exploitants agricoles d’Argentine, du Brésil, du Paraguay et de l’Uruguay. Ils ont déjà été échaudés par des accords précédents, tel celui dit de “Blair House”, signé avec les Etats-Unis en novembre 1992.
Le fait de s’engager à ne pas mettre de barrières tarifaires ni de contingentements à l’importation de protéagineux s’est très vite traduit par des importations massives de graines et tourteaux de soja en provenance des Amériques. Et nous payons aujourd’hui très cher cette dépendance en protéines végétales pour l’alimentation animale. Un coût qui n’est pas seulement monétaire mais aussi environnemental.
Du fait de produire chez nous beaucoup moins de luzerne, trèfle, lupin et féverole, autant de cultures qui avaient pour effet de fertiliser nos sols en azote par la voie biologique, nous sommes contraints de recourir désormais à des engrais azotés de synthèse, très coûteux en énergie fossile et très émetteurs de protoxyde d’azote, un puissant gaz à effet de serre. A quoi s’ajoute le fait que nos importations de soja ont contribué à la déforestation et au déboisement de savanes arborées au Brésil (certes, dans de moindres proportions que les importations chinoises).
Les agriculteurs français qui pourraient être les plus affectés par la ratification de l’accord sont les producteurs de viande (bovines et de volailles), de betteraves à sucre et de miel. Ceux qui pourraient par contre en bénéficier sont les producteurs de vins, fromages et spiritueux, du fait notamment de la reconnaissance par l’accord d’un grand nombre de nos appellations d’origine protégée.
Quant aux peuples des pays du Mercosur, est-il vraiment de leur intérêt de voir leurs excédents de soja nourrir des cochons français alors même que les Brésiliens pauvres confinés dans les bidonvilles ne peuvent guère en acheter, faute de pouvoir d’achat ? Faut-il aussi vraiment les priver de viande parce que les Européens semblent capables d’acheter celle-ci un peu plus cher ?
Les seuls vrais défenseurs de cet accord semblent être plutôt des industriels et ceux qui souhaitent voir les marchés publics des pays du Mercousur ouverts à des entreprises européennes et non pas chinoises. »
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UE-Mercosur : pourquoi les Français s’opposent à l’accord de libre-échange
Bruno Retailleau met en garde contre des blocages qui dureraient dans le temps
S’exprimant à Meaux, le ministre de l’intérieur a rappelé que si « les agriculteurs ont quelques raisons de » manifester « il y a un cadre. Je suis ministre de l’intérieur, l’ordre public, l’ordre républicain s’applique à tous les Français. Personne n’est au-dessus de la loi ».
« Pas d’atteinte aux personnes, pas d’atteintes au bien, et pas de blocages qui durent, pas d’enkystement. C’est ce que je leur ai dit », a-t-il poursuivi. « On peut parfaitement manifester dans la tranquillité. »
Les socialistes rappellent qu’ils sont contre le traité avec le Mercosur
Les députés socialistes vont défendre devant la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale leur proposition de résolution européenne pour empêcher la signature de l’accord commercial controversé. « Le combat continue pour protéger nos agriculteurs, notre environnement et notre santé », a écrit sur X Boris Vallaud, président du groupe PS à l’Assemblée.
Bonjour, on entend beaucoup parler de la FNSEA. Évoquez-vous quelque part les positions et les différences de la confédération paysanne ? En vous remerciant
Bonjour FNSEApartout,
Sans être hostile au libre-échange, la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), associée aux Jeunes agriculteurs (JA), dénonce une « Europe passoire » qui laisse entrer des produits agricoles « ne respectant pas les normes imposées aux agriculteurs européens », tout en réclamant des « moyens de production », parmi lesquels un stockage accru de l’eau et l’accès à des pesticides interdits en France mais autorisés ailleurs en Europe. Les modalités des manifestations sont laissées à la discrétion des sections départementales du syndicat, les FDSEA.
La Coordination rurale (CR), qui est le deuxième syndicat agricole, demande « un vrai plan de sauvetage », en exigeant de « sortir l’agriculture de tous les accords de libre-échange ». Elle réclame des aides à la trésorerie plus massives, un gazole non routier (GNR) « plafonné à 1 euro TTC », et veut voir l’Etat sévir contre les grosses coopératives qui « se sont développées à l’international et délocalisent leurs résultats ».
Du côté de la Confédération paysanne, le troisième syndicat agricole, la question centrale reste celle du « revenu des paysans ». Le syndicat demande des « prix minimum garantis » et l’accompagnement de réformes structurelles pour soutenir la transition agroécologique.
Cette mobilisation annoncée par la FNSEA est à mettre en perspective avec une échéance électorale majeure, très attendue par le monde agricole : les agriculteurs sont, en effet, invités à voter, le 31 janvier 2025, pour élire leurs représentants aux chambres d’agriculture. Or, la Coordination rurale, qui est devenue la deuxième force syndicale devant la Confédération paysanne, pousse ses pions.
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Agriculteurs : la tension monte, ce que prépare la FNSEA à partir de lundi
Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, face à des éleveurs de dindes : « On ne veut plus d’une Europe passoire »
En cet après-midi pluvieux, un cercueil de chêne trône à l’entrée de salle des fêtes de Blancafort, une commune du Cher. Sur les chaises, une trentaine d’éleveurs de dindes menacés par la fermeture annoncée pour mars 2025 de l’abattoir de volailles, déficitaire. Face à eux, sur l’estrade, le patron de la FNSEA, Arnaud Rousseau, est venu apporter son soutien. Il en profite pour commenter l’actualité agricole, dont le dossier du Mercosur :
« On ne veut plus d’une Europe passoire. Dans la bataille géopolitique ouverte entre la Chine et les Etats-Unis, les agriculteurs français sont la variable d’ajustement. Quand l’Europe veut taxer les voitures électriques chinoises, ce sont les producteurs d’armagnac ou de vin français qui vont être pénalisés par des sanctions. Il faudra aussi être très attentif à ce que fera M. Trump. Quel que soit le bord politique, il faut des gouvernants qui protègent d’abord notre nation. »
Plusieurs barrages filtrants prévus dans la métropole de Grenoble
Les agriculteurs adhérents de la FDSEA et des Jeunes Agriculteurs occuperont un rond-point dans les communes de Chimilin, Rives, Sablons et Grenoble. L’opération ne devrait durer qu’un jour.
Au niveau des ronds-points, les agriculteurs organiseront des barrages filtrants entre 15 heures et 22 heures et allumeront des feux de détresse. À Grenoble, la mobilisation prendra place sur le rond-point Pierre-et-Marie-Curie, au bout de l’avenue de l’Europe.
Dans plusieurs villes et villages isérois, la FDSEA envisage aussi de remplacer les panneaux indiquant le nom des communes, par des panneaux affichant le nom de villes d’Amérique latine.
Plusieurs communes du Cantal rebaptisées avec des noms de villes d’Amérique du Sud
Dimanche, quelque 400 agriculteurs cantaliens, membres de la FDSEA et des Jeunes Agriculteurs, ont recouvert les panneaux d’agglomération de noms de communes sud-américaines, rapporte La Montagne. Ytrac est devenue La Paz. Sansac-de-Marmiesse, Sao Paulo. Aurillac, Buenos Aires. « Aujourd’hui, c’est notre survie qui est en jeu », a déclaré à France 3 Auvergne-Rhône-Alpes une agricultrice qui a participé à l’action.
L’essentiel du 18 novembre à 14 heures
- En Ile-de-France, des ralentissements concentrés sur la RN 118
Les manifestants ont quitté leur point de rassemblement. La préfecture des Yvelines a annoncé que des ralentissements sont à prévoir sur la RN 118, l’A86 et la RN 12, les axes empruntés par les convois dans le sens de Paris vers la province.
- La météo bride la mobilisation des agriculteurs bretons
En Bretagne, seulement trois manifestations sont annoncées lundi à 20 heures. Dans cette région produisant de la nourriture pour 22 millions d’habitants, nombre de professionnels expliquent « prioriser » le travail dans leur exploitation.
- Des « feux de la colère » partout en Occitanie
Conformément aux annonces de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), qui ne souhaite pas gêner le grand public par de grands blocages des axes routiers, de nombreuses actions vont être menées par l’organisation agricole dans de nombreux cantons. En Haute-Garonne, comme dans l’Aveyron ou ans le Tarn, ce sont des « feux de la colère » qui seront allumés à partir de lundi soir sur des ronds-points ou dans des champs. Ailleurs dans la région, plusieurs barrages filtrants seront cependant mis en place, notamment dans l’Ariège, à Foix, en direction de l’Andorre, et à partir de demain mardi autour de Carcassonne (Aude).
- Mobilisation des agriculteurs : « tolérance zéro » en cas de « blocage durable », prévient Bruno Retailleau
Dimanche, le ministre de l’intérieur a prévenu les agriculteurs avant un nouveau cycle de mobilisation du secteur. M. Retailleau a reçu cette semaine des responsables syndicaux agricoles pour « avoir un dialogue et pour leur dire aussi les limites », a-t-il déclaré sur le plateau du « Grand Jury » RTL/M6/Le Figaro/Public Sénat.
Des agriculteurs déposent des panneaux de signalisation sur l’escalier du Musée des Confluences à Lyon
A Lyon, une délégation des syndicats Jeunes Agriculteurs Rhône et FDSEA 69 s’est installée au pied du Musée des Confluences. Ils y ont déposé une trentaine de panneaux de communes du département, symbolisant les territoires en danger. Des représentants des filières animale, viande, fruits, viticulture et bio sont venus rencontrer Sébastien Michel, maire (LR) d’Ecully, les députées Sandrine Runel (PS) et Anaïs Belouassa Cherifi (LFI) et les autres parlementaires du Rhône.
Réunion à Montpellier entre le préfet et les viticulteurs de l’Hérault
France 3 Occitanie rapporte qu’une centaine d’agriculteurs se sont réunis devant les grilles de la préfecture de Montpellier. Ils espéraient pouvoir « faire descendre le préfet » pour discuter avec lui et lui faire connaître « la vraie vie » telle qu’ils la vivent dans leurs exploitations. Le tout « dans le respect, comme d’habitude », assure un porte-parole.
De son côté, le préfet de l’Hérault qui a reçu la délégation des agriculteurs et détaillé l’ensemble des mesures prises par l’Etat pour venir en aide à la filière.
L’accord avec le Mercosur « est une ineptie », estime Michel-Edouard Leclerc
Sur BFM-TV/RMC, Michel-Edouard Leclerc, le président du comité stratégique des centres E.Leclerc, a déclaré : « C’est une ineptie d’aller signer des contrats qui sont mal négociés et d’ailleurs qui sont négociés sans nous. (…) Nos acheteurs n’ont jamais été associés à la construction de ces traités. »
Interrogé sur la manière dont les prix sont fixés « par la grande distribution » – c’est l’objet de critiques de la part des agriculteurs –, il a proposé un « bouclier sur les propositions tarifaires des agriculteurs, on ne les discute pas. On protège. On ne touche pas aux prix agricoles tels qu’ils ont été négociés entre l’agriculteur et l’industriel ».
Xavier Bertrand dénonce « un coup de poignard dans le dos de la France » en cas de signature de l’accord
Sur le plateau de TF1, Xavier Bertrand, le président de la région Hauts-de-France a évoqué la mobilisation nationale des agriculteurs : « Il faut dire à la Commission européenne que si elle valide cet accord, c’est un coup de poignard dans le dos de la France et de l’agriculture. Ce serait la première fois que l’Union européenne envisagerait son avenir sans la France et contre la France. Ça serait quelque chose de dramatique sur l’histoire encore à écrire de l’UE. Cette agriculture européenne ne se fait pas sans la France. On va importer en France et en Europe une agriculture qu’on ne veut pas dans nos assiettes. La France doit faire pression sur la Commission et continuer à chercher des alliés. »
Mobilisation des agriculteurs : « tolérance zéro » en cas de « blocage durable », prévient Bruno Retailleau
Dimanche, le ministre de l’intérieur a prévenu les agriculteurs avant un nouveau cycle de mobilisation du secteur. M. Retailleau a reçu cette semaine des responsables syndicaux agricoles pour « avoir un dialogue et pour leur dire aussi les limites », a-t-il déclaré sur le plateau du Grand Jury RTL/M6/Le Figaro/Public Sénat.
Si le droit de manifester est garanti par la Constitution, le ministre a évoqué « trois limites : pas d’atteintes aux biens, pas d’atteintes aux personnes, et pas d’enkystement, pas de blocage durable parce que sinon ce sera tolérance zéro », a-t-il poursuivi, ajoutant qu’il n’hésiterait pas « à mobiliser » les forces de l’ordre pour rétablir la circulation.
Des « feux de la colère » partout en Occitanie
Conformément aux annonces de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), qui ne souhaite pas gêner le grand public par de grands blocages des axes routiers, de nombreuses actions vont être menées par l’organisation agricole dans de nombreux cantons. En Haute-Garonne, comme dans l’Aveyron ou le Tarn, ce sont des « feux de la colère » qui seront allumés à partir de lundi soir dans différents ronds-points ou champs. Ailleurs dans la région, plusieurs barrages filtrants seront cependant mis en place notamment dans l’Ariège, à Foix en direction de l’Andorre, et à partir de demain mardi autour de Carcassonne (Aude). Pour Luc Mesbah, secrétaire général de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) Haute-Garonne, « il s’agit de sensibiliser le grand public, notamment sur l’éventualité destructrice de signature de l’accord du Mercosur. Si la France ne fait rien, on accentuera nos actions jusqu’à la fin du mois ».
Toujours en Haute-Garonne, alors qu’ils étaient à l’origine des barrages autoroutiers de l’hiver dernier, les « Ultras de l’A64 », et leur leader Jérôme Bayle, n’entreront pas en action avant plusieurs jours. « Pour le moment, on finit nos travaux dans les champs, dont les semis, on décidera ensuite des actions à mener » affirme-t-il auprès du Monde.
Tout comme la Coordination rurale, les éleveurs du Sud-Ouest, fortement concernés par ces accords de libre-échange avec l’Amérique du Sud, attendent le résultat des négociations de cette semaine, avant de lancer probablement de grandes manifestations à la frontière avec l’Espagne, puis dans les grandes villes.
Le poids de l’agriculture dans le commerce extérieur français
En 2022, les exploitations agricoles françaises ont réalisé 88,2 milliards d’euros de produits agricoles (31,4 milliards d’euros de productions animales et 56,9 milliards d’euros de productions végétales).
Avec une part de 17,9 % de la production en valeur de l’Union européenne, la France est ainsi le premier producteur agricole européen.
Depuis le début des années 2000, la balance commerciale française se dégrade fortement, atteignant 194,9 milliards d’euros (Md€) de déficit en 2022. Les échanges agroalimentaires continuent cependant de faire partie des rares excédents commerciaux (10,2 Md€ en 2022).
L’excédent agroalimentaire se maintient ainsi autour de 8 Md€ en moyenne depuis 2000 mais, boissons exclues, il est structurellement déficitaire depuis 2014.
Les chiffres-clés de l’agriculture
Entre 2010 et 2020, le nombre d’exploitations agricoles a continué de baisser en France métropolitaine, mais à un rythme moins élevé que lors de la précédente décennie : − 2,3 % par an, contre − 3 % entre 2000 et 2010. Selon les résultats définitifs du recensement agricole (réalisé tous les dix ans), on comptait 389 800 exploitations agricoles en France métropolitaine, soit environ 100 000 de moins qu’il y a dix ans.
La surface agricole utilisée (SAU) s’élève à 26,7 millions d’hectares (− 0,8 % par rapport à 2010). Moins nombreuses, les exploitations s’agrandissent. En 2020, elles exploitent en moyenne 69 hectares (ha), soit 14 ha de plus qu’en 2010 et 27 de plus qu’en 2000.
Selon ces chiffres, en 2020, 496 365 chefs et coexploitants étaient à la tête des exploitations agricoles de France métropolitaine. Ils étaient moins nombreux et plus âgés qu’en 2010. La moitié des exploitations sont dirigées par au moins un exploitant de 55 ans ou plus.
Sandrine Rousseau critique les « effets de menton » de Macron sur l’accord avec le Mercosur
La députée écologiste Sandrine Rousseau a critiqué Emmanuel Macron qui a assuré que la France ne « signerait pas en l’état » le traité de libre-échange UE-Mercosur sans, selon elle, organiser de « minorité de blocage » au sein des pays européens.
« Vous faites des effets de menton mais pour l’instant, il n’y a aucune déclaration ou aucune mesure qui permet véritablement de ne pas signer le [traité avec le] Mercosur », a dénoncé Sandrine Rousseau sur LCI alors que le chef de l’Etat est en déplacement au Brésil après l’Argentine ce week-end. « Vous n’avez pas renégocié le mandat de négociation auprès de l’Union européenne, c’est-à-dire que l’Union européenne a toujours le même mandat de négociation et vous n’organisez pas au sein de l’Europe une minorité de blocage », a-t-elle déploré. « Il faut que vous vous engagiez à ce que l’Assemblée nationale et le Sénat ratifient ou pas le Mercosur », a ajouté la députée de Paris.
La météo bride la mobilisation des agriculteurs bretons
En Bretagne, seulement trois manifestations sont annoncées lundi à 20 heures. Dans cette région produisant de la nourriture pour 22 millions d’habitants, nombre de professionnels expliquent « prioriser » le travail dans leur exploitation.
Charles Fossé, éleveur laitier à Langon (Ille-et-Vilaine) et président des Jeunes agriculteurs de Bretagne, confirme : « Ici, il pleut depuis un an. Nous profitons actuellement d’une météo clémente. Certains professionnels s’activent encore pour ramasser leur maïs alors qu’ils devraient planter leurs semis d’automne. Les travaux dans les champs ont été chamboulés et s’imposent comme la priorité du moment pour beaucoup. »
Le responsable syndical planche, néanmoins, à l’organisation d’autres mobilisations en soirée et promet un sursaut breton : « Après les manifestations de l’année passée et la fatigue causée, je redoutais la lassitude de nos troupes, mais les agriculteurs éprouvent un sentiment d’inachevé. Les promesses doivent aboutir ! Quant au Mercosur, ce traité nous semblait être une problématique très lointaine. A présent, nous mesurons les risques et refusons sa mise en place. »
Dans le département, déjà très mobilisé à l’hiver 2023, la colère monte depuis plusieurs semaines. Malgré le versement d’aides d’urgence, les exploitants agricoles estiment que les promesses du gouvernement n’ont pas été tenues.
Christophe Piquet, agriculteur qui manifeste dans le Gard : « On ne va pas bloquer la circulation ni pénaliser la population, mais on veut se faire entendre »
Lecture : 3 min.
C’est la fin de ce tchat !
Merci à toutes et à tous pour vos nombreuses questions. Désolé de ne pas avoir pu répondre à tout le monde. Nous vous laissons avec l’équipe du live pour poursuivre ce suivi de la mobilisation des agriculteurs. Bonne journée !
Bonjour. Y-a-til des secteurs agricoles français qui peuvent être gagnants grace à ce traité Mercosur ? Si oui, lesquels ?
Quelles sont les contre parties de cet accord, et à quels secteurs d’activités profitent elles en France?
Bonjour,
La libéralisation du marché bénéficiera à certains secteurs européens, comme celui des vins et spiritueux, ainsi que les produits laitiers et le chocolat, dont les droits de douane à l’exportation vont baisser. Dans le cas du vin, l’accord prévoit ainsi la suppression totale à terme du droit de douane de 27 %.
L’accord UE-Mercosur prévoit aussi la reconnaissance par les pays du Mercosur de près de quatre cents indications géographiques protégées, comme le jambon de Bayonne, le Comté et les pruneaux d’Agen. Cela offrira à leurs producteurs un avantage à l’export, puisqu’ils ne pourront plus être copiés par des concurrents locaux.
Enfin, des grandes entreprises européennes pourront plus facilement accéder aux marchés publics des pays du Mercosur, par exemple dans les secteurs de l’eau et de l’énergie.
Pourquoi cela s’accélère en ce moment ? J’ai l’impression que cela fait des années qu’on en parle, presque comme un marronnier. Il y a une échéance particulière ? Pourquoi est ce plus urgent d’abandonner qu’avant ?
Bonjour Théo,
Vous avez raison, l’accord UE-Mercosur est un sujet rebattu, puisque l’Europe et le Mercosur ont commencé à négocier en… 1999.
Il a d’abord fallu vingt ans pour négocier un premier compromis, qui a été présenté en 2019. Mais en raison de l’opposition de plusieurs Etats, dont la France, le traité n’a pas été validé à l’époque, et le processus s’était arrêté.
Les négociations ont repris en 2022, à la faveur d’un contexte géopolitique plus favorable, avec le retour de Lula à la présidence du Brésil. Aujourd’hui, la Commission européenne s’estime proche d’un compromis acceptable. Sa présidente, Ursula von der Leyen, aimerait profiter d’une des prochaines échéances diplomatiques importantes (comme le sommet du Mercosur des 5 et 6 décembre) pour annoncer la conclusion d’un nouvel accord en grande pompe. Mais rien n’est moins sûr, en raison de l’opposition ferme de la France, et des doutes exprimés à demi-mots par plusieurs autres Etats, tant côté européen que sud-américain.
Bonjour Qu’en est il pour information des produits importés pour le consommateur final ? « Made in Mercosur« sera t’il mentionné ?
Bonjour Boycott,
Les règles d’affichage ne changeraient pas : le pays de provenance du produit devra être affiché sur les étals et les emballages.
Bonjour. L’impact environnemental, notamment en terme de déforestation de l’Amazonie, de la signature d’un tel accord a-t-il été estimé ? Sachant qu’à ce jour, l’élevage est la principale cause de déforestation en Amérique Latine. Merci de vos éclaircissements
Bonjour malbouffe,
C’est l’un des principaux points d’inquiétude soulevés par les opposants au projet d’accord. En effet, l’augmentation des quotas d’exportation de bovins vers l’Europe pourrait pousser le Brésil, l’Argentine ou encore le Paraguay à augmenter leurs capacités de production, ce qui nécessiterait de déforester la forêt amazonienne pour créer des pâturages.
Dans un rapport rendu au gouvernement français en 2020, une commission d’experts avait estimé que ce traité commercial pourrait augmenter de 5 % le rythme de la déforestation pendant les six années suivant son entrée en vigueur, soit un total de 700 000 hectares. Autrement dit, le coût environnemental mesuré à partir des émissions supplémentaires de CO2, à un coût unitaire de 250 dollars la tonne, serait plus élevé que les bénéfices économiques.
Qui est, en France, favorable au traité de libre-échange avec le Mercosur ? Le medef, les viticulteurs, les industriels sortiraient gagnants de ce traité donc pourquoi ne les entend-on pas le dire ? Et pourquoi les politiques ne parlent-ils pas des aspects positifs du traité ?
Bonjour Marie,
En France, l’hostilité à cet accord entre l’UE et le Mercosur est assez unanime et transcende les clivages partisans. Les voix s’exprimant en faveur du traité sont rares. Le Medef, favorable à l’accord de libre-échange, se fait plutôt discret sur le sujet. Son président, Patrick Martin, disait timidement en février qu’il fallait se « laisser du temps ». Les viticulteurs, qui pourraient profiter d’un tel accord au contraire des éleveurs bovins, n’ont pas fait entendre leur voix de façon très audible.
Les interprofessions de la viande bovine (Interbev), de la volaille (Anvol), des céréales (Intercéréales) et du sucre (AIBS) ont, de leur côté, exprimé leur soutien à la mobilisation contre l’accord, portée notamment par la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA).
Bonjour, quel sera le processus pour ratifier ce traité quand les négociateurs se seront mis d’accord ? Quelles sont les institutions impliquées, la commission, les chefs d’État, les parlements nationaux…? Et ça prend combien de temps ? Merci
Bonjour Raton Laveur,
Le processus de validation du projet d’accord UE-Mercosur se déroule théoriquement en trois temps principaux :
- La Commission européenne signe officiellement l’accord avec le Mercosur (c’est une décision souveraine de sa présidente Ursula von der Leyen, même si elle est soumise aux pressions des Vingt-Sept) ;
- Le Conseil européen (qui rassemble les vingt-sept chefs d’Etat et de gouvernement) se prononce pour valider ou rejeter le traité, selon le principe de la majorité qualifiée (au moins quinze pays, représentant 65 % de la population européenne, doivent dire oui) ;
- Le Parlement européen se prononce à son tour à la majorité simple.
Si ces trois étapes sont franchies, le traité peut entrer en vigueur. A partir de la signature, cela peut prendre quelques mois.
Mais ça, c’est pour la version simple… Car en réalité, le projet d’accord UE-Mercosur contient certaines dispositions qui le font entrer dans une catégorie assez spéciale de traités internationaux qu’on appelle les « accords mixtes », qui empiètent sur les compétences des Etats européens. En raison de cette particularité, la procédure de ratification peut être alourdie : le vote des Vingt-Sept se déroulerait alors à l’unanimité (donnant un droit de véto à la France) et il faudrait ajouter un vote de l’ensemble des parlements nationaux et régionaux de l’UE (une trentaine). Ce qui prendrait probablement plusieurs années.
En réalité, il est possible qu’on aboutisse à une situation intermédiaire : le pilier principal de l’accord (qui contient les principales dispositions commerciales sur les droits de douane) serait ratifié avec la méthode simple, tandis que les dispositions supplémentaires passeraient par la voie longue. Cette option est actuellement envisagée par la Commission européenne pour maximiser les chances de voir l’accord accepté, malgré l’opposition de la France.
Bonjour, je ne comprends pas pourquoi il est mentionné « qu’ il est extrêmement difficile pour les Européens de contrôler à l’importation la qualité sanitaire des produits » et plus loin, « qu’un récent audit de la Commission européenne a montré que le Brésil ne pouvait pas garantir que la viande rouge exportée vers l’UE n’avait pas été dopée avec des hormones de croissance interdites en Europe. » Un audit, c’est bien un contrôle. Quelles ont été les suites de cet audit? Les importations en provenance du Brésil ont-elles été suspendues?
Bonjour Vevster,
Bien vu ! Mais en réalité, ce n’est pas aussi contradictoire que ça en a l’air : il existe bien des audits menés par la Commission européenne dans certaines exploitations, pour vérifier les conditions de production à un moment donné. Mais ce sont uniquement des « coups de sonde » ponctuels, qui ne peuvent pas contrôler l’ensemble des filières et des problématiques.
Ce que je voulais dire, c’est qu’il n’existe pas de contrôle sanitaire, à la frontière, de l’ensemble des produits agricoles. Cela serait beaucoup trop lourd pour les douaniers et, surtout, certaines infractions aux normes sanitaires ne sont précisément pas détectables à la frontière (il est par exemple impossible de vérifier a posteriori si un bœuf a été nourri avec des farines animales).
Quant aux suites de l’audit récent de la Commission européenne : le Brésil a pour l’instant suspendu de lui-même ses exportations de viande de bœuf provenant des femelles (les mâles ne sont pas traités avec l’hormone en question).
Bonjour ! Serait-il possible d’avoir un recap sur ce qu’est le Mercosur et sur les enjeux de ce traité?
Bonjour,
Pour le résumer très brièvement, l’accord avec le Mercosur vise à faciliter les échanges commerciaux entre l’Europe et l’Amérique du Sud en supprimant progressivement la quasi-totalité des droits de douane appliqués aux échanges entre les deux blocs. En France, il suscite de fortes inquiétudes chez les agriculteurs, qui craignent l’arrivée massive de denrées alimentaires sud-américaines sur le marché français.
Vous trouverez un résumé plus complet des enjeux actuels de cet accord dans notre article publié en fin de semaine dernière :
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UE-Mercosur : pourquoi les Français s’opposent à l’accord de libre-échange
Romain Geoffroy
Vous parlez de conséquences qui se cumulent. Quelles ont été les conséquences du CETA? Le Canada ne semble pas atteindre les quotas négociés dans ce traité
Bonjour Lapincompris,
Vous avez raison de faire référence au CETA, l’accord entre l’Union européenne (UE) et le Canada, parce que c’est l’un des exemples les plus récents de traités commerciaux conclus par l’UE. Et vu qu’il s’applique depuis 2017, nous commençons à avoir du recul sur ses effets.
J’avais écrit en début d’année un article à ce sujet : il montrait que le « déferlement » en Europe de viande bovine canadienne annoncé par les détracteurs n’avait pour l’instant pas eu lieu. En 2023, les producteurs canadiens n’ont utilisé que 2 % des quotas d’exportation autorisés par le CETA, notamment parce qu’ils n’ont pour l’instant pas choisi d’investir dans des filières d’exportation vers l’Union européenne, plus exigeantes en matière de normes.
Ces chiffres n’ont toutefois pas éteint les inquiétudes des agriculteurs européens, qui craignent que la tendance s’inverse dans le futur, notamment si le marché asiatique venait à se tarir, rendant du même coup le marché européen plus attractif. En matière d’accords commerciaux, l’histoire nous a montré que les effets se font parfois sentir sur le long terme.
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CETA : tout comprendre à l’accord commercial controversé entre l’UE et le Canada avant un vote crucial cet après-midi au Sénat
Bonjour, sue les 340 000 tonnes de viande de beuf actuellemetn importées, combien le sont en provenance du Mercosur? Ne serait-ce pas 200 000 tonnes?
Bonjour Miaou,
Selon les chiffres de la Commission européenne, sur les 351 106 tonnes de viande bovine importée dans l’UE en 2023, près de 196 000 tonnes proviennent, en effet, de pays du Mercosur, essentiellement du Brésil (86 800), de l’Argentine(63 000) et de l’Uruguay (41 500).
Est-ce que les importations de biens agricoles induites par ce traité seront soumises à des taxations carbone aux frontières ?
Bonjour Riton,
Non. La nouvelle taxe carbone aux frontières européennes (appelée officiellement « mécanisme d’ajustement carbone aux frontières »), qui commencera à s’appliquer en 2026 aux produits importés dans l’Union européenne, ne prévoit pas de taxer les produits agricoles. Quelle que soit leur provenance, et quels que soient les accords commerciaux signés par ailleurs.
Bonjour, Les politiciens français disent être contre ce traité. Mais que disent, font ou ont fait, les députés européens français qui eux ont une influence sur la validation de ce traité et si pour certains sont alliés de Ursula von der Leyen? Merci
Bonjour,
Il n’y a pour l’instant pas eu de vote du Parlement européen sur la question de l’accord avec le Mercosur. Les négociations ont commencé en 1999, et le Parlement européen ne sera consulté que dans un second temps, si la Commission européenne et les Vingt-Sept approuvent l’accord.
Si Emmanuel Macron s’est officiellement engagé à ne pas signer le traité avec le MERCOSUR, je ne comprends pas quel est le problème ?
Actuellement, la Commission européenne dispose d’un mandat de négociation de la part des 27 Etats de l’Union européenne (UE), dont la France, pour finaliser l’accord avec le Mercosur. Ce mandat a été accordé en 1999, sous la présidence de Jacques Chirac, et n’a pas été remis en question depuis.
Une fois les dernières négociations bouclées, cet accord pourrait arriver devant le Conseil, qui regroupe les Etats membres de l’UE, et être adopté par un vote à la majorité qualifiée (au moins quinze pays, représentant 65 % de la population européenne). Il y aurait ensuite un vote du Parlement européen. Si celui-ci est favorable, le traité s’imposerait à l’ensemble de l’UE, que la France le veuille ou non.
Bonjour, Une petite synthèse non partisane sur les impacts du mercosur (sur l’agriculture et les autres secteurs français ?). La FNSEA est bien gentille à pleurer, mais vu les volumes annonces j’ai du mal à voir comment cela peut mettre en péril la filière… Merci !
Bonjour Sébastien,
Difficile de répondre sur l’ensemble des secteurs, mais je vais tenter de vous apporter quelques éléments sur la question des importations bovines, qui est l’un des principaux points de crispation.
Le projet d’accord UE-Mercosur prévoit l’ouverture d’un quota annuel de 160 000 tonnes de bœuf que le Mercosur pourra exporter vers l’Union européenne avec des droits de douane réduits.
Si cela peut sembler dérisoire par rapport aux 7,8 millions de tonnes de bœuf produites chaque année dans l’UE, ce quota n’en demeure pas moins substantiel quand on le compare à l’ensemble des importations en Europe : 340 000 tonnes. Les éleveurs craignent avant tout la concurrence déloyale d’une viande brésilienne beaucoup moins chère, car produite avec des normes environnementales et sanitaires moins strictes.
Surtout, les détracteurs replacent cet accord dans le contexte plus large d’une Union européenne qui a conclu ces dernières années de nombreux traités commerciaux (Canada, Japon, Vietnam, etc.), dont les conséquences se cumulent.
TCHAT. Il semble que la plupart des pays européens soient opposés, ou du moins ne soutiennent pas ce traité de libre-échange. Quels sont les bénéfices de ce traité selon ses défenseurs et quels sont les risques selon les opposants? Merci
Bonjour Benoit,
On ne peut pas dire que la plupart des pays européens ne soutiennent pas cet accord UE-Mercosur. Des pays comme l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie et le Portugal, notamment, poussent la Commission européenne à finaliser l’accord, dans l’espoir de relancer la croissance européenne. Ce traité prévoit en effet de supprimer progressivement la quasi-totalité des droits de douane appliqués aux exportations de l’UE vers le Mercosur. Berlin y voit de nouveaux débouchés pour ses constructeurs automobiles, les droits de douane étant jusqu’alors particulièrement élevés sur les voitures particulières (35 %).
Dans l’autre camp, la France, qui dit rejeter le projet « en l’état », reste globalement isolée. Le gouvernement Barnier met en garde contre « l’impact désastreux qu’il aurait sur des filières entières, notamment de l’agriculture et de l’élevage ». Mais même si la Pologne, l’Autriche, les Pays-Bas et l’Irlande ont eux aussi exprimé leurs inquiétudes vis-à-vis de l’accord, leur poids ne serait pas suffisant pour empêcher un vote au niveau du Conseil européen. La France devra donc convaincre d’autres pays si elle veut réunir une minorité de blocage.
Romain Geoffroy
Bonjour, Aujourd’hui l’ensemble de la classe politique semble contre ce traité du Mercosur. Pourtant j’ai l’impression que ce n’était pas le cas il y a quelques années. Mauvaise mémoire de ma part ou retournement de veste de certains partis ? Pouvez vous nous faire svp un rapide résumé de l’avis de la classe politique durant ces années d’élaboration de ce traité? Merci.
Bonjour Pour mémoire,
Vous avez tout à fait raison. Aujourd’hui, on voit que la quasi-totalité de la classe politique française est opposée au projet de traité UE-Mercosur, de même que le président Macron et le gouvernement Barnier.
Cela tient d’une part à la nature spécifique de ce traité, dont les désavantages annoncés (la concurrence pour l’agriculture française) sont perçus comme bien supérieurs aux bénéfices prévus (de nouveaux marchés pour nos industries et nos services).
Mais plus largement, l’avis de la classe politique a énormément évolué ces dernières années sur ces sujets. Quand j’ai commencé à travailler sur les traités de libre-échange, en 2014, l’opposition se cantonnait à la gauche radicale, aux écologistes et à l’extrême droite. La droite, les centristes et les socialistes étaient globalement favorables à ces accords, avec diverses nuances.
Mais le retour ces dernières années des thèmes de la souveraineté et du protectionnisme, conjugué à une attention plus forte aux effets néfastes du libre-échange sur les délocalisations et les inégalités, ont fait voler en éclat ce quasi-consensus.
Bonjour, l’agriculture européenne et française est contrainte à de nombreuses normes souvent salutaires pour notre santé. Qu’en est-il et sera-t-il pour lez produits importés d’autant que ces normes impactent le prix aussi?
Bonjour santé,
Effectivement, les normes sanitaires (et environnementales) imposées aux agriculteurs ne sont pas les mêmes dans l’Union européenne et dans les pays du Mercosur, par exemple sur l’usage des antibiotiques, des hormones de croissance, des farines animales, des OGM, ou encore du bien-être animal.
Officiellement, l’accord UE-Mercosur prévoit que les agriculteurs sud-américains seront globalement soumis aux normes européennes s’ils souhaitent exporter leurs produits vers l’Europe. Mais ce principe a deux grandes limites :
- D’une part l’UE ne sera pas toujours en mesure d’imposer aux producteurs sud-américains des règles strictement identiques (faute d’introduire dans le traité ce qu’on appelle des « clauses miroirs »).
- Et surtout, dans la pratique, il est extrêmement difficile pour les Européens de contrôler à l’importation la qualité sanitaire des produits, car il n’est pas aisé de détecter l’usage d’antibiotiques ou de farines animales. Le respect des normes repose donc sur la confiance que l’on accorde aux producteurs sud-américains. Or, un récent audit de la Commission européenne a montré que le Brésil ne pouvait pas garantir que la viande rouge exportée vers l’UE n’avait pas été dopée avec des hormones de croissance interdites en Europe.
Les manifestants quittent leur point de rassemblement sur la N 118
La préfecture des Yvelines annonce que des ralentissements sont à prévoir sur la N 118, l’A86 et la N 12, les axes empruntés par les convois dans le sens Paris vers la province.
A 10 heures, Maxime Vaudano et Romain Geoffroy, journalistes aux Décodeurs, répondent à vos questions
Que nous réservent ces traités de libre-échange ? Comment peuvent-ils bouleverser notre quotidien ? A quoi servent-ils et à qui profitent-ils ? A partir de 10 heures, Maxime Vaudano et Romain Geoffroy, journalistes aux Décodeurs, répondent à vos questions.
Vous pouvez d’ores et déjà commencer à envoyer vos questions avec la mention « TCHAT ».
Le refus de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay et Bolivie) fait l’objet d’un consensus politique inhabituel. Mais, fragilisé par un modèle agricole à bout de souffle et tétanisé par la perspective d’une crise sociale, Paris n’a guère les moyens de peser sur le débat.
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La FNSEA et les Jeunes Agriculteurs de Gironde mobilisés à partir de 16 heures
La préfecture de Gironde annonce que les agriculteurs mobilisés partiront de leurs exploitations pour se rendre au parc des sports Saint-Michel à Bordeaux à partir de 16 heures.
La préfecture annonce « des difficultés de circulation sur l’ensemble de leur itinéraire et dans le centre-ville de Bordeaux ». Elle « recommande aux usagers de la route d’éviter les axes où la circulation risque d’être perturbée, en particulier dans le secteur des quais sud à Bordeaux. La manifestation devrait se terminer à 23 heures ».
Vous êtes agriculteur, vous redoutez la signature de l’accord de libre-échange avec le Mercosur… Racontez-nous
Pouvoir d’achat, mauvaises récoltes, maladies animales, normes… les raisons de la colère paysanne sont nombreuses. Eleveurs, céréaliers, viticulteurs, arboriculteurs…, comment vivez-vous cette réalité au quotidien ? Avez-vous vu des évolutions, positives ou négatives, depuis le dernier mouvement de contestation paysan ? Que redoutez-vous le plus, dans votre domaine d’activité, concernant l’accord de libre-échange avec les pays d’Amérique du Sud ?
Partagez vos expériences en mentionnant le mot-clé #Témoignage.
Dimanche soir, dans la manifestation des agriculteurs sur la RN 118
En Ile-de-France, des ralentissements concentrés sur la RN 118
Plus d’une dizaine de tracteurs occupent depuis dimanche soir la route nationale 118 au niveau de Vélizy, a confirmé ce matin la préfecture des Yvelines. « Les véhicules stationnent à hauteur de la sortie 5, le Petit-Clamart. La voie de droite reste ouverte mais la circulation est très dense », précise sur son compte X la préfecture qui appelle à éviter le secteur.
Les paysans français ne sont pas les seuls à dénoncer l’accord avec le Mercosur
Bonjour, Est-ce que la colère des agriculteurs est aussi forte ailleurs en Europe? La France est-elle plus impactée par ce traité s’il est signé ?
Bonjour Novice,
Allemagne, Italie, Pologne… dans les grands pays producteurs d’Europe, les organisations agricoles dénoncent aussi le projet d’accord de libre-échange entre l’UE et les pays latino-américains du Mercosur. Mais la réponse de leurs gouvernements est plus nuancée, la France restant la plus véhémente dans son opposition.
- L’Allemagne, réticente à l’accord sous Angela Merkel pour cause de déforestation en Amazonie, a changé de pied avec Olaf Scholz, désireux d’élargir ses débouchés industriels. Aujourd’hui, l’effondrement de la coalition gouvernementale place les agriculteurs dans l’expectative. Pour l’Association des agriculteurs allemands (Deutscher Bauernverband, DBV), principal syndicat, « il est urgent de renégocier » cet accord. Aucune manifestation officielle n’est prévue, ce qui ne devrait pas empêcher des convergences à la frontière franco-allemande, comme à la frontière franco-espagnole.
- En Espagne, l’ensemble des grands syndicats agricoles ont dit leurs craintes, notamment au sujet de l’élevage. Cet accord est « dépassé et incohérent », pour l’organisation Asaja. Aucune mobilisation n’est annoncée, mais l’inquiétude suscitée par le projet avait pesé dans le mouvement de colère des agriculteurs en début d’année. Pour autant, le gouvernement du premier ministre socialiste Pedro Sanchez s’est prononcé pour. Il est « nécessaire stratégiquement », assurait mi-octobre le ministre de l’agriculture, Luis Planas : des filières pourraient souffrir, comme la filière bovine, mais d’autres en profiter comme le vin et l’huile d’olive.
- En Italie, la grande organisation Coldiretti a écrit à la première ministre, Giorgia Meloni, pour exprimer la « profonde inquiétude » à l’égard d’un accord qui « aurait des effets dévastateurs sur le secteur agroalimentaire ». Sans obtenir de réponse.
- Aux Pays-Bas, le principal syndicat agricole LTO appelle « à arrêter les négociations ». Le secteur avicole et le sucre seraient menacés, a expliqué Klaas Johan Osinga, conseiller stratégie politique du LTO à l’Agence France-Presse. « L’accord pourrait toutefois être bon pour le secteur du fromage, être une opportunité pour l’horticulture, mais ce sont relativement de petites sommes », ajoute-t-il, relevant que les quatre partis de la coalition gouvernementale sont divisés sur le sujet.
- En Pologne, le ministère de l’agriculture a exprimé ses « sérieuses réserves » à l’égard d’un projet qui « aura peut-être quelques bénéfices pour l’industrie, le transport maritime et certains services, aux dépens de la plupart des segments de la production agroalimentaire ». Une des principales organisations agricoles, NSZZ RI Solidarnosc, a appelé le chef du gouvernement Donald Tusk, à aller plus loin et à « bloquer » le projet.
Cinq articles à lire pour comprendre le débat autour de l’accord avec les pays du Mercosur
Le premier ministre, Michel Barnier, et le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, se sont prononcés contre le traité avec les pays d’Amérique du Sud. Mais ils n’ont pas réussi à calmer la colère du milieu agricole, qui dépasse le seul rejet de ce texte.
Le milieu agricole met la pression sur le gouvernement pour empêcher la signature de l’accord de libre-échange avec le Mercosur
Lecture : 4 min.
Suivez la situation sur le terrain et posez vos questions à nos journalistes
En dépit de l’opposition de la France, l’Union européenne semble déterminée à signer d’ici à la fin de l’année cet accord de libre-échange avec des pays latino-américains du Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay).
Que nous réservent ces traités de libre-échange ? Comment peuvent-ils bouleverser notre quotidien ? A partir de 10 heures, Maxime Vaudano, journaliste aux Décodeurs, répondra à vos questions.
Bonjour et bienvenue dans ce direct
- Moins d’un an après une mobilisation historique des agriculteurs en France, qui s’était traduite notamment par des blocages d’autoroutes, les syndicats agricoles appellent leurs troupes à manifester à nouveau, et plusieurs rassemblement ont déjà eu lieu.
- L’alliance syndicale majoritaire entre la FNSEA et les Jeunes agriculteurs (JA) appelle à des manifestations lundi 18 novembre et mardi 19 novembre, au moment où les membres du G20 se réunissent au Brésil, pour manifester leur opposition à l’accord avec le Mercosur. Tandis que la Coordination rurale, deuxième syndicat du secteur, promet une « révolte agricole » à compter de mardi. Ils dénoncent entre autres une « Europe passoire » face à des accords de libre-échange comme celui négocié avec le Mercosur, les « contraintes » imposées aux agriculteurs et défendent un « revenu » décent.
Jeannot