La COP29 a démarré le 11 novembre en Azerbaïdjan

La COP29 a démarré le 11 novembre en Azerbaïdjan. Le montant et le financement du fonds à destination des pays les plus vulnérables au changement climatique sera au cœur des négociations.

Bakou (Azerbaïdjan), reportage

« Top » départ des négociations. Lundi 11 novembre s’est ouvert, dans le stade olympique de Bakou, en Azerbaïdjan, la 29ᵉ Conférence des Nations unies sur le climat. Un grand raout organisé dans un État pétrolier réprimant les droits humains… Reporterre décrypte les principaux enjeux de ce nouveau sommet, bousculé par l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche.

Les chefs d’État et les diplomates discuteront principalement argent. Avec, en ligne de mire, le concept central de cette 29ᵉ édition de la COP [1] : la dette climatique. Dans une triste ironie du sort, les pays participant le moins au changement climatique sont aussi ceux en subissant les plus tragiques répercussions. À l’inverse, les États les plus riches, historiquement responsables, disposent des meilleurs outils pour s’en prémunir.

Dans le souci d’équilibrer quelque peu la balance, la COP29 doit déboucher sur un chiffre. Celui de l’aide financière apportée aux pays vulnérables, le Fonds pour pertes et dommages, afin que ceux-ci puissent entamer leurs politiques d’adaptation et d’atténuation.

Décupler l’enveloppe pour les pays vulnérables

D’après Rachel Cleetus, du groupe de scientifiques étasuniens Union of Concerned Scientists, citée par l’AFP, l’objectif des tractations devrait être de viser un montant de 1 000 milliards de dollars annuels. Mais la précédente enveloppe, décidée en 2009, s’élevait à seulement 100 milliards par an entre 2020 et 2025. Une somme dix fois inférieure, que les États contributeurs n’ont péniblement réglée qu’à partir de 2022. Autrement dit, deux ans après la date initialement prévue.

Un engagement déjà largement en deçà de ce que nécessitera l’évolution annoncée de la crise climatique. Par ailleurs, une grande partie de cet argent a été octroyé sous la forme de prêts, et non de dons, accentuant un peu plus encore les dettes de pays déjà en grande difficulté financière.

Pis encore, il y a quelques jours, la question de la finance Nord-Sud a précipité l’échec cuisant des négociations lors de la COP16 biodiversité, en Colombie. En dépit d’une nuit supplémentaire de bavardages diplomatiques, aucun accord n’a émergé. De mauvais augure, juste avant le coup d’envoi de la COP29.

Qui paiera l’addition ?

Si l’objectif des 1 000 milliards est atteint, restera à trancher une autre épineuse question : qui paiera l’addition ? La guerre commerciale entre États-Unis et Chine, ainsi que les politiques d’austérité budgétaire en vogue dans de nombreux pays riches, ne devraient pas faciliter les débats. Les pays figurant sur la liste des contributeurs — États-Unis, Union européenne, Japon, Grande-Bretagne, Canada, Suisse, Turquie, Norvège, Islande, Nouvelle-Zélande et Australie — réclament par ailleurs que la contribution soit élargie à la Chine et aux pays du Golfe.

L’argent existe, il suffit d’aller le chercher où il est, avance le Réseau Action Climat : « La mise en place d’un impôt mondial sur la fortune (2 % d’impôt sur la fortune de 3 000 milliardaires) pourrait rapporter 250 milliards de dollars par an. Une mesure d’autant plus juste que sur les trente dernières années, les 1 % les plus riches ont émis deux fois plus de carbone que la moitié la plus pauvre de l’humanité. »

« Faire payer [au secteur des énergies fossiles] sa responsabilité »

Autre levier possible : l’arrêt des subventions massives aux énergies fossiles, chiffrées en 2022 à 7 000 milliards de dollars dans le monde. La même année, l’industrie du pétrole et du gaz avait enregistré quelque 4 000 milliards de dollars de revenus. Face à ces profits records, « il apparaît de plus en plus évident de mettre à contribution le secteur pour lui faire payer sa responsabilité dans la crise actuelle », ajoute le collectif.

Les pays du Sud auront quinze jours pour tenter de faire entendre leur voix, face aux lobbies fossiles infiltrant de plus en plus les négociations. En 2023, 2 400 émissaires de l’industrie pétrogazière s’étaient déplacés à Dubaï. Autrement dit, plus d’individus que l’ensemble des délégations des dix pays les plus vulnérables. Devant cette bataille inégale, la Papouasie-Nouvelle-Guinée a ainsi refusé de participer à la COP29.

Échec des 1,5 °C, fin des fossiles annulée ?

La COP28 à Dubaï s’est soldée par un accord jugé historique par certains observateurs. Jamais jusqu’alors, « une transition vers l’abandon des combustibles fossiles » n’avait été mentionnée noir sur blanc dans le document final signé par les délégations. Seulement, faute de décision entérinée sur le financement de cette transition énergétique, également coûteuse car évaluée par Oxfam à au moins 1 900 milliards de dollars par an pour les pays en développement, certains pays pourraient être tentés de faire machine arrière s’ils y trouvent leur intérêt. La posture de l’Azerbaïdjan, hôte de la conférence et grand exportateur d’hydrocarbures, sera scrutée de près sur ce sujet.

De la même façon, les États membres faire s’étaient engagés à des efforts pour limiter l’augmentation de la température à 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels, seuil fixé par l’accord de Paris en 2015. Neuf ans auront suffi pour que ces paroles atteignent leurs limites. Le 7 novembre, les prévisions de Copernicus, l’Observatoire européen du climat, sont tombées : l’année 2024 est bel et bien en passe de devenir la plus chaude jamais enregistrée sur Terre. Et le fameux seuil des 1,5 °C d’être franchi pour la toute première fois sur une année civile.

Pour les organisations écologistes, les engagements pris sur la fin progressive de l’extraction de fossiles et ceux contenus dans l’accord de Paris doivent absolument être réitérés lors de la COP29, à Bakou. D’autant que, d’ici la COP30 au Brésil, chaque pays aura pour tâche de livrer aux Nations unies son plan national de lutte contre la crise climatique.

Seulement, depuis la victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle des États-Unis, l’équation s’annonce plus difficile que prévu. Le Républicain a d’ores et déjà promis de lever les restrictions sur la production de pétrole, de gaz et de charbon, d’intensifier les forages en Arctique et de quitter l’accord, comme lors de son précédent mandat. Pour Gaïa Febvre, du RAC« nous devons continuer à nous mobiliser, à nous battre et à développer des solidarités avec toutes les populations vulnérables qui vont subir de plein fouet les politiques autoritaires et racistes de Donald Trump. »

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