L’Arabie saoudite a exécuté plus de 100 étrangers en 2024, un record absolu

L’Arabie Saoudite a désormais un dramatique record : plus de 100 étrangers ont été exécutés dans le royaume en 2024, selon un décompte de l’Agence France-Presse basé sur les annonces officielles. En rajoutant les prisonniers saoudiens, le chiffre monte à près de 300 exécutions pour cette seule année.

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane tente souvent de présenter le visage moderne de son royaume, mais l’application de la peine de mort et d’autres mesures entachent souvent cette image. Ici, à Riyad,lors d’une visite du chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, le mercredi 23 octobre 2024. © Nathan Howard / AP

Pour Moussa Saleh, c’est une condamnation pour trafic de drogue qui l’a conduit à l’échafaud. Ce ressortissant yéménite est devenu le 101ème étranger à être exécuté depuis le début de l’année après sa mort samedi 16 novembre à Najran (Sud). Alors que ce nombre s’élevait à 34 en 2023, comme en 2022, « c‘est le plus grand nombre d’exécutions d’étrangers en une seule année », a dénoncé à l’AFP Taha al-Hajji, le responsable saoudien d’une organisation de défense des droits humains basée à Berlin (ESOHR).

Ils étaient Yéménites, mais aussi Pakistanais, Syriens, Nigérians, Égyptiens, Jordaniens et Éthiopiens, entre autres, et majoritairement condamnés pour des affaires de stupéfiants. Si les étrangers sont si nombreux à être exécutés, c’est parce qu’ils « sont souvent exploités par de gros trafiquants de drogue qui tirent parti de leur vulnérabilité », explique M. Hajji. « Ils subissent une série de violations des droits humains, depuis leur arrestation jusqu’à leur exécution », ajoute-t-il

La peine de mort appliquée par Riyad est fréquemment pointée en contraste avec les efforts affichés par le royaume pour présenter un visage moderne et réformiste à l’international. Mohammed Ben Salman, prince héritier et dirigeant de l’Arabie Saoudite, avait notamment assuré dans une interview à la revue américaine The Atlantic, en 2022, que son pays avait éliminé la peine de mort. Cela à l’exception des criminels ou des individus mettant des vies en danger.

Mais cela était avant que le Royaume ne décrète fin du moratoire sur les exécutions liées au trafic de drogue. L’année suivante, l’Arabie Saoudite rejoignait le trio des pays qui exécutent le plus de prisonniers au monde, avec la Chine et l’Iran.

En tout, l’Agence France-Presse dénombre 274 exécutions cette année, prisonniers saoudiens compris. Un bilan que les associations de défense des droits humains dénoncent. Amnesty International accuse le régime d’utiliser la peine de mort pour museler la dissidence politique. Par exemple, les condamnations pour terrorisme, intervenues après un simulacre de procès, cachent en effet souvent des simples participations à une manifestation anti-gouvernementale.

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