- Pierre Vermeren Professeur d’histoire contemporaine à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne, spécialiste du Maghreb
La désindustrialisation et la métropolisation redessinent la France en profondeur et un fossé grandissant entre ses territoires. Tandis que les métropoles concentrent richesses et emplois, la « France périphérique » s’enfonce dans le déclassement et les tensions sociales et virages politiques se font de plus en plus fort. Pierre Vermeeren, historien et auteur de L’impasse de la métropolisation, revient sur les choix stratégiques qui ont conduit à cet état de fait. Pourquoi la France a-t-elle tourné le dos à sa base productive ? Quels impacts ces transformations ont-elles sur le tissu social et économique ? Et surtout, quelles solutions restent envisageables face à ce constat ?
Les conséquences d’une mutation économique
Les années 1980 marquent le début d’un processus de désindustrialisation massif en France. La proportion des emplois industriels passe de 41 % à seulement 11 %. Cela a profondément bouleversé économie et sa cohésion sociale. Pierre Vermeeren, historien, souligne : « On importe plus des deux tiers de ce qu’on consomme en France. » Ce déclin résulte d’un choix stratégique en faveur des services et de la finance qui abandonne progressivement l’industrie pour des raisons telles que la pollution ou les coûts du travail. Le résultat : une France hautement tertiarisée, mais fragilisée, avec un déficit commercial grandissant et une réduction de la base fiscale. Pierre Vermeeren illustre la portée de ces décisions : « Il n’y a pas d’ancienne grande puissance industrielle aujourd’hui dans le monde qui ne produise pas. Nous, on a poussé le curseur tellement loin qu’on a fait s’effondrer les secteurs productifs. »
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