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Introduction Dans la première partie, nous avons discuté des points suivants : L’opposition à Trump au sein de la classe capitaliste américaine (Dans la première partie, nous avons expliqué pourquoi les capital-risqueurs de la Silicon Valley étaient la principale aile de la classe capitaliste qui soutenait Trump.) Les autres ailes principales de la classe capitaliste américaine s’opposent à Trump et à ce qu’il représente. D’une part, de nombreux candidats de Trump [à des fonctions gouvernementales], tels que Peter Hegseth et Matt Gaetz, n’ont tout simplement aucune expérience de la gestion d’organisations aussi importantes. Indépendamment des politiques impliquées, le leadership de Hegseth et Gaetz entraînera le chaos dans tous les niveaux. Le fascisme se nourrit du chaos, mais les principales ailes de la classe capitaliste américaine ne voient pas la nécessité de quelque chose qui s’en rapproche à l’heure actuelle ou dans un avenir proche. D’abord et avant tout, il y a la position anti-OTAN de Trump et ses projets d’abandonner l’Ukraine. Ce pays et l’Europe de l’Est dans son ensemble sont des cibles potentiellement importantes pour les investissements, les nouveaux marchés et les sources de matières premières. L’industrie extractive (exploitation minière, pétrole et agriculture) est en forte concurrence avec l’impérialisme russe pour l’accès à cette région. Le capital financier serait également impliqué dans cette compétition. Aujourd’hui plus que jamais, la puissance militaire est essentielle pour accéder à l’économie et l’OTAN est l’alliance militaire la plus importante du capitalisme américain. L’accès à ces marchés serait gravement compromis par tout affaiblissement de l’OTAN. (Tout cela ne signifie pas que la gauche ne doive pas soutenir l’échec de l’invasion russe, qui n’est possible qu’avec l’aide des armes américaines.) Les moyens de gouvernement de Trump vont bouleverser toute la méthode de gouvernement capitaliste – la « démocratie bourgeoise » comme on l’appelle – qui est utilisée depuis la guerre de Sécession. Comme il n’existe aucune menace réelle d’en bas contre cette méthode de gouvernement, la grande majorité de la classe capitaliste s’oppose à ce changement massif. Dans toute dictature autoritaire, les autoritaires utilisent leur pouvoir pour piller la classe capitaliste elle-même. La présidence de Trump sera la plus corrompue de l’histoire des États-Unis et c’est exactement ce qu’il fera. Il imposera également des règles et des lois de manière arbitraire, ce qui rendra difficile le fonctionnement des capitalistes. Les moyens habituels des capitalistes pour s’opposer à un président Normalement, aux États-Unis, si les capitalistes ne sont pas satisfaits de certaines décisions du président et du Congrès, ils mènent une campagne de propagande contre ces politiciens et/ou leur parti. C’est ce que la majorité a fait pendant la campagne électorale, et cela s’est avéré inefficace. Les capitalistes expriment également leurs opinions au Congrès par l’intermédiaire de différentes factions des deux principaux partis. Les démocrates sont désormais complètement exclus du pouvoir. Quant aux républicains, il y a des ailes qui seront très mécontentes de certaines des politiques de Trump, comme ses taxes douanières et son abandon prochain de l’Ukraine et de l’OTAN. Ces républicains ont tous plus ou moins suivi la ligne ; ils ne sont que des flagorneurs de Trump. Il y a des spéculations selon lesquelles Trump ne parviendra pas à faire approuver la nomination de Gaetz par le Sénat. Le plan de Trump est de faire en sorte que le chef de la majorité du Sénat déclare le Sénat en vacances. S’il le fait, selon la Constitution, le président peut nommer des personnes sans confirmation du Sénat. Le nouveau chef de la majorité au Sénat, John Thune, a indiqué qu’il serait prêt à déclarer une pause parlementaire, même si cela constituerait une entorse extrême à la Constitution. Et la Cour suprême pro-MAGA serait probablement d’accord avec cette décision. Même certains sénateurs républicains seront extrêmement mécontents de cette décision, mais il semble peu probable qu’ils fassent quoi que ce soit d’efficace. D’autres tensions au sein de l’administration Trump Il se peut que des tensions existent également au sein de l’administration Trump. Par exemple, Elon Musk a des investissements importants en Chine et Susie Wiles a des liens de longue date avec les capitalistes chinois. Les tarifs douaniers de Trump seront un véritable problème pour eux. Il est cependant difficile d’imaginer comment Trump ne parviendra pas à vaincre toute opposition au sein de son propre gouvernement. Au minimum, il serait susceptible d’accepter des pots-de-vin pour accorder des exclusions à certaines entreprises. Ces pots-de-vin prendraient par exemple la forme d’opportunités d’investissement juteuses. L’armée va-t-elle se révolter ? Les politiques de Trump vont également perturber considérablement l’économie américaine. C’est particulièrement vrai en ce qui concerne l’imposition de droits de douane, les déportations massives et la poursuite en justice de ses « ennemis » au sein du Parti démocrate. Il semble presque certain que Trump fera appel aux troupes, au moins à la Garde nationale, sinon à l’armée elle-même. Au cours de sa première administration, les hauts responsables militaires comme le chef d’état-major interarmées Mark Milley ont clairement fait savoir à Trump qu’ils désobéiraient à tout ordre d’utiliser les troupes pour instaurer la loi martiale, au motif qu’un tel ordre serait illégal. Trump nommera un nouveau chef d’état-major interarmées qui lui sera entièrement soumis plutôt qu’à « l’état de droit » (et à la Constitution). Il s’agira d’officiers comme Mike Flynn. Les officiers plus bas dans la chaîne de commandement ont été formés pour exécuter les ordres de leurs supérieurs. Il est donc extrêmement peu probable qu’ils désobéissent à tout ordre de déployer les troupes dans les rues. La seule circonstance dans laquelle il y aurait une tendance à désobéir serait si les officiers commençaient à perdre le contrôle sur les soldats. En d’autres termes, si les soldats commençaient à désobéir. En Syrie, par exemple, un grand nombre de soldats ont commencé à rallier la révolution. En conséquence, une couche d’officiers les a rejoints. Le mot clé ici est « révolution » ; les soldats sont passés à la révolution face à un mouvement populaire de masse. Opposition populaire à Trump ? Récemment, un travailleur blanc – un Berniecrat – discutait avec un groupe d’autres travailleurs, noirs et blancs. Presque tous les blancs étaient des partisans de Trump. Ce travailleur en question a posé la question : « Maintenant que vous avez gagné, qu’allez-vous en tirer d’autre que de pouvoir utiliser le mot en « n » ? Comment Trump va-t-il améliorer votre vie ? » Les travailleurs noirs ont été amusés par cette question, d’autant plus que les blancs étaient perplexes. « Les choses vont s’améliorer » était tout ce qu’ils ont pu dire. Le lendemain, l’un des travailleurs blancs a essayé de répondre à la question en disant au travailleur en question que les prix allaient baisser. Or, c’est exactement le contraire qui se produira. Il y a déjà des manifestations organisées par la gauche contre certaines politiques de Trump. Celles-ci étaient petites et inefficaces et le resteront probablement. C’est la même gauche qui n’a rien fait pour s’opposer ou s’organiser contre Trump pendant l’élection. Aujourd’hui encore, certains d’entre eux considèrent les Démocrates comme le plus grand mal. Ils sont coupés de la réalité et coupés de la classe ouvrière. Alors que l’inflation repart à la hausse, un phénomène semblable à celui du mouvement des Gilets jaunes en France est possible. Ce mouvement entièrement spontané et chaotique a été déclenché en 2018 par l’augmentation de la taxe sur le carburant par le gouvernement. (On l’a appelé le mouvement des Gilets jaunes parce que les propriétaires de voitures en France doivent transporter des gilets jaunes à haute visibilité dans leur voiture en cas de panne, et les manifestants portaient ces gilets.) Des millions de Français ont envahi les rues et les autoroutes, en particulier les ronds-points, et les transports français ont été pratiquement paralysés pendant des semaines. Quelques manifestations ont déjà été organisées, mais jusqu’à présent, elles l’ont été par les mêmes gauches qui ont passé les derniers mois à dénoncer les démocrates et à ne rien dire des dangers de Trump et de MAGA. Leur politique est entièrement performative ; elle est destinée à prouver leur valeur aux autres sectaires de gauche. Un parfait exemple de leur véritable approche se trouve dans un article publié dans l’influent journal (au sein de la gauche) CounterPunch. Il est signé par l’ancienne conseillère municipale de Seattle, Kshama Sawant, « socialiste ». Dans cet article, Sawant célèbre en fait la victoire de Trump, qu’elle présente comme une étape vers la construction d’un parti de la classe ouvrière. Comme l’a expliqué ici Oaklandsocialist, il s’agit d’une répétition du désastre du « communisme de la troisième période » des staliniens, quand le Parti communiste allemand des années 1930 a adopté la position « après Hitler, ce sera nous ». Nous savons à quel point cela a bien fonctionné. L’importance de l’article ne réside pas tant dans le fait que Sawant, qui est vouée à l’oubli, attaque les démocrates que dans le fait que CounterPunch publie de telles ordures. La gauche a également encouragé les Américains d’origine arabe à aider Trump à se faire élire. Cette communauté exprime aujourd’hui des remords, mais il est trop tard. Beaucoup même parmi ces socialistes qui ont appelé à voter pour Harris ont plus ou moins éludé la question. La Campagne de solidarité socialiste avec l’Ukraine s’est distinguée comme l’une des rares à avoir ouvertement appelé à une défaite de Trump, c’est-à-dire à un vote pour Harris. Un mouvement de masse contre Trump pourrait-il surgir ? Trump trouvera un bouc émissaire pour l’augmentation des prix, peut-être les « immigrants illégaux ». Le fait que ce soit un mensonge pur et simple n’a aucune importance. Les partisans du MAGA ont prouvé qu’ils étaient prêts à croire tout ce que Trump dit. Trump pourrait même déclencher une « petite » guerre pour faire diversion, peut-être au Mexique. Au cours de son premier mandat, il a évoqué l’idée de frappes de missiles contre les cartels de la drogue mexicains. Il parle maintenant d’envoyer des « équipes de tueurs » au Mexique pour assassiner les chefs des cartels de la drogue. Cela pourrait conduire à de véritables batailles et à l’utilisation de véritables troupes américaines sur place. Il y a aussi le rôle des fascistes du MAGA comme les Proud Boys, les Oath Keepers et les Constitutional Sheriffs. Ils ont tous des liens directs ou indirects avec les forces de l’ordre officielles. Ils ont déjà reçu un coup de pouce par l’élection de Trump et seront encore plus dynamisés lorsque Trump graciera les organisateurs fascistes du 6 janvier. La stratégie des démocrates consiste à intenter des poursuites judiciaires contre les actions les plus flagrantes de Trump. Il passera outre les poursuites comme un rouleau compresseur et, si le pire devait arriver, il pourrait compter sur la Cour suprême pour le soutenir. Les démocrates comptent également sur leur retour en 2026. Les prochaines élections seront manipulées comme le fait Viktor Orbán en Hongrie. Le président Biden vit dans le passé, comme toujours. Il a accueilli Trump à la Maison Blanche, en prétendant que le régime Trump serait le même que celui qui l’a précédé. Il contribue à endormir les Américains. Les dirigeants syndicaux suivent généralement l’exemple des démocrates. Avant les élections, le chef de file des réformateurs syndicaux, Sean Fain, président du syndicat des travailleurs de l’automobile (UAW), avait lancé un « appel à l’action », qui n’était rien d’autre qu’une tentative de mobilisation des électeurs. Une semaine et un jour après la victoire de Trump, il a déclaré : « Peu importe qui est à la Maison Blanche, notre combat reste le même. » En d’autres termes, rien de significatif n’a changé. Il est allé plus loin dans une lettre sur les réseaux sociaux : « Le peuple a parlé… notre mission reste la même », a-t-il écrit. En d’autres termes, il travaille main dans la main avec Biden pour endormir les travailleurs. Perspectives générales Il y a dix ans, l’investisseur milliardaire Nick Hanauer a donné une conférence TED intitulée « Les fourches arrivent… pour nous, les ploutocrates ». Son discours, qui vaut la peine d’être lu, a mis l’accent sur la forte division [dans la répartition ] des richesses. Il a déclaré que ses collègues « ploutocrates » feraient mieux de faire quelque chose pour permettre la diffusion d’une petite partie de cette richesse, sinon il y aurait une rébellion de masse contre eux. Les dirigeants syndicaux, en collaboration avec les organisations à but non lucratif [ONG], ont réussi à détourner une telle rébellion. La pression et la colère ont cependant continué à monter et un démagogue d’extrême droite – Trump – a réussi à s’en emparer. Il a transformé le Parti républicain en une secte autour de lui. Une fois pris dans cette secte, il est très difficile d’en sortir. Cette nouvelle administration Trump sera très différente de la précédente. Il n’y aura pas les « adultes dans la salle » comme cela avait été le cas la dernière fois. Toutes les anciennes barrières de sécurité auront disparu. Il y aura toutes sortes de tensions et de stress, comme nous l’avons montré. Normalement, dans n’importe quelle administration de n’importe quel pays, de telles tensions se traduiraient par un gouvernement extrêmement faible, susceptible d’être renversé à tout moment. C’est possible aujourd’hui, mais cela semble peu probable. L’accession au pouvoir de Trump ouvre une ère entièrement nouvelle – et dangereuse – dans l’histoire des États-Unis et donc aussi dans l’histoire du monde. Le plus grand danger résidera dans le fait que ses politiques accéléreront le dérèglement climatique mondial et l’assaut du capitalisme sur l’environnement en général. À part cela, il serait téméraire de faire des prédictions définitives sur ce qui en résultera, si ce n’est de dire que les êtres humains et, en fait, toutes les espèces de la planète souffriront massivement. Conclusion Les socialistes et la classe ouvrière américaine ont subi leur plus grande défaite depuis la Seconde Guerre mondiale, et probablement avant. La nature de cette défaite réside dans le fait que des dizaines de millions de travailleurs américains (et d’autres) ont voté pour un semi-fasciste qui faisait appel au racisme, à l’ethno-nationalisme, à la suprématie masculine, à l’homophobie, au validisme et au déni de la science. De telles défaites ont toujours été accueillies par des replis dans la pensée fantastique, le mysticisme, l’aventurisme, la recherche d’un nouveau « génie » qui nous sauverait, et/ou la passivité. Les forces socialistes qui se sont réellement opposées à Trump sont minuscules. La seule voie à suivre est de regarder les faits en face et de faire de notre mieux pour clarifier ce qui va arriver. Tout d’abord, cela signifie évaluer pourquoi Trump a gagné et vers où il est susceptible de se diriger. Cela signifie également une étude sérieuse de la façon dont la classe ouvrière, et les socialistes au sein de la classe ouvrière, en sont arrivés là. Source : The coming Trump regime: Chaos and repression – Part 2 – Oakland Socialist |
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