Par aplutsoc le 18 novembre 2024 |
Présentation
Face à l’événement mondial et historique que constitue la deuxième accession de Donald Trump à la présidence des USA, première puissance au sein du système mondial impérialiste, il est temps de fournir l’analyse par la discussion et les publications. En parallèle à la série que nous avons débuté aujourd’hui ( La tectonique mondiale post-élection de Trump ), nous entreprenons de mettre à disposition les réflexions de nos camarades du blog OaklandSocialist qui, comme nous, ont pris position pour s’opposer au retour de Trump au pouvoir, notamment en menant une campagne indépendante pour le vote Harris.
1er partie de la contribution d’Oakland Socialist
« Chaos et répression » sont les mots qui peuvent le mieux résumer le futur régime de Trump. C’est l’environnement dans lequel le fascisme prospère.
Face à cela, tout adulte réfléchi aura éprouvé de la colère, du chagrin, voire de la dépression après l’élection. Après avoir traversé ces sentiments, nous devons prendre du recul et analyser les perspectives de la prochaine présidence de Trump. Ces perspectives doivent être très provisoires car toute la situation est sans précédent.
Ces perspectives incluent les suivantes :
1. Quelques nominations majeures de Trump et leur importance.
2. Quelles sections de la classe capitaliste américaine soutiennent Trump et pourquoi.
3. Quelles sections de la classe capitaliste américaine s’opposent à Trump et pourquoi.
4. La domination de Trump sur la classe capitaliste et ses partis en général.
5. Tensions et divisions possibles au sein de l’administration Trump et au sein du Parti républicain.
6. Possibilités d’un mouvement d’en bas contre Trump.
7. Quelques conclusions générales.
Dans cette première partie de cet article, nous aborderons les points 1 à 3.
« Le personnel, c’est la politique » n’a jamais été aussi vrai que dans les nominations annoncées par Trump. Les nominations clés sont :
• Tout d’abord Matt Gaetz au poste de procureur général.
• Tulsi Gabbard au poste de directrice de la sécurité nationale.
• Peter Hegseth au poste de secrétaire à la Défense.
• Susie Wiles au poste de chef de cabinet de Trump.
• Stephen Miller au poste de chef de cabinet adjoint chargé de la politique.
Commençons par Hegseth. Il a un tatouage « Deus Vult », qui signifie « Dieu le veut » en latin. Cette devise trouve son origine dans les croisades européennes et est utilisée aujourd’hui par les fascistes nationalistes blancs aux États-Unis. Hegseth, qui était dans la Garde nationale au moment de l’investiture de Biden, s’est vu interdire de servir comme agent de sécurité car il était considéré à l’époque comme un risque pour la sécurité. Je n’ai pas vu de preuve des liens de Hegseth avec les fascistes nationalistes blancs aujourd’hui, mais tous ses commentaires publics seraient bien accueillis par eux. C’est la personne nommée qui sera au sommet du commandement civil de l’armée. Lui et son patron, Trump, ne manqueront pas de promouvoir les officiers en fonction de leurs opinions politiques. En fait, le magazine The Atlantic a rapporté que « Trump a promis à plusieurs reprises de ramener le général à la retraite Mike Flynn au gouvernement. » Flynn est un nationaliste chrétien déclaré et un fasciste.
Tulsi Gabbard a toujours été associée à la dictature d’Assad en Syrie et l’a soutenue. En 2017, elle s’est rendue en Syrie et a eu une réunion privée avec Assad. Ce voyage a été financé en partie par le Parti social nationaliste syrien fasciste, qui fait partie du gouvernement Assad. Gabbard est également proche de Poutine. Lui et Assad sont tous deux soutenus par l’extrême droite internationale et par des fascistes purs et durs, c’est pourquoi la nomination de Gabbard est soutenue par des personnalités d’extrême droite telles que Mike Cernovich, le fasciste Daily Stormer, l’ancien chef du KKK David Duke et d’autres.
Gabbard sera un lien direct avec Poutine et Assad. Un article du magazine The Atlantic a exprimé le problème : « Le fait que Gabbard soutienne Assad est un mystère, mais elle est encore plus déterminée à faire le porteur d’eau pour Poutine. »
Elle partagera des informations de renseignement avec Poutine et Assad (et probablement Khameini en Iran également). Il en sera de même pour Elon Musk, qui n’a pas obtenu de poste officiel au gouvernement mais qui dispose d’une habilitation de sécurité de haut niveau et avec qui Trump partagera tous les secrets que Musk souhaite. Non seulement Musk a eu des discussions régulières avec Poutine au fil des ans, il possède également une « giga-usine » à Shanghai, et la Chine représente 22,5 % du chiffre d’affaires total de Tesla. Il y a aussi la nouvelle cheffe de cabinet de Trump, Susie Wiles, qui était la coprésidente du groupe de lobbying Mercury Public Affairs. Mercury a fait du lobbying au nom d’une série d’entreprises chinoises.
La nomination qui suscite le plus de tollé est celle de Matt Gaetz au poste de procureur général. Gaetz a résumé son approche ainsi : « Nous devrions exercer une pression de tous les instants contre ce gouvernement ARMÉ qui s’est retourné contre notre peuple. Et si cela signifie abolir chacune des agences à trois lettres [dans l’acronyme], du FBI à l’ATF, je suis prêt à m’y mettre ! »
Avant même d’entrer en fonction, la nomination de Gaetz crée des ravages au sein du DOJ. Le NY Times a rapporté : « Dans un cabinet d’avocats de Washington, un administrateur a estimé que les associés avaient reçu deux douzaines de CV d’avocats du département depuis le jour de l’élection, puis a rapidement rappelé pour dire qu’il en était plus proche de trois douzaines. Un ancien procureur travaillant dans un autre cabinet a déclaré avoir reçu trois appels mercredi après-midi de fonctionnaires actuels espérant partir rapidement. » (Le même article du NYT rapporte que les personnes nommées par Trump refusent de signer un protocole d’accord les obligeant à se soumettre aux vérifications d’antécédents du FBI.)
La nomination de Gaetz doit être considérée à la lumière du projet de Trump d’imposer le « Schedule F », qu’il a tenté d’imposer peu avant de quitter ses fonctions en 2020. Le Schedule F transférerait des dizaines de milliers d’employés fédéraux, depuis des fonctionnaires jusqu’à des personnes nommées politiquement, ce qui permettrait à Trump de licencier ceux qu’il souhaite. En tête de liste se trouveraient les employés du DOJ [Department Of Justice – Ministère de la Justice] – avocats et autres – qui sont réticents à mettre en œuvre les mesures répressives ordonnées par Trump.
Stephen Miller ne sera pas à la tête d’un département gouvernemental particulier, mais son rôle de « chef de cabinet pour la politique » signifie que ses politiques fascisantes, ethno-nationalistes et racistes auront une forte influence sur le régime Trump en général.
Le soutien de Trump parmi les capitalistes américains
Il existe une aile de la classe capitaliste américaine qui soutient Trump. Cette aile est composée de toute une couche de capital-risqueurs de la Silicon Valley. En tête de liste se trouvent Peter Thiel et Elon Musk. Ils se sont fait connaître en détruisant l’industrie de la communication et du divertissement et en la reconstruisant dans un format très différent (streaming en direct, réseaux sociaux, etc.). De plus, dirigés par le capitaliste qui a réellement contribué à créer quelque chose – Steve Jobs d’Apple – et aussi par d’autres comme Larry Page de Google, les PDG de la Silicon Valley ont élaboré et mis en œuvre un plan systématique pour écraser toute tentative de syndicalisation des travailleurs de la Silicon Valley.
Ayant réussi si largement dans ces deux tâches – restructurer l’industrie de la communication/du divertissement et écraser toute tentative de syndicalisation des travailleurs – ils prévoient maintenant d’accomplir la même chose dans tout le pays. Il existe également divers capitalistes dont les politiques s’alignent sur celles de Trump. Parmi eux figurent la grande majorité des propriétaires d’équipes de la NFL. (La propriété d’une franchise de sport professionnel est également directement liée au développement immobilier.)
Le futur régime de Trump ne sera pas une aventure sans heurts. Il y aura des tensions et des conflits à la fois internes et externes au régime. Dans la deuxième partie de cette série, nous examinerons ces tensions et ces conflits et déterminerons si Trump sera en mesure de les surmonter.
Le 18/11/2024.
Source : https://oaklandsocialist.com/
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