Chronique matinale
Trump est méchant et Kamala est gentille. C’est un peu comme ça qu’il fallait résumer l’élection présidentielle qui s’est terminée par une vague rouge hier. Les supporters de Trump étaient considérés comme des attardés mentaux du côté Démocrates et à force de vouloir se croire au-dessus du lot, le vent a fini par tourner contre la bien-pensance américaine. Trump est donc devenu le 47ème Président des États-Unis et que cela nous plaise ou pas, il va falloir composer avec. Quoi qu’il en soit, Wall Street a salué le retour de l’homme d’affaires à la Maison Blanche et ils ont appliqué à la lettre le concept du « Trump Trade » ce qui a donné lieu à une pluie de records
Make Wall Street Great Again
Il faut reconnaître que depuis plus d’une année on ne pouvait pas se plaindre de la performance des indices américains – bien au contraire – pourtant, hier soir nous en avons remis une couche avec l’art et la manière, puisque les indices ont tout simplement cartonné en pulvérisant plusieurs records. Tout d’abord, les quatre indices principaux – Dow Jones, Nasdaq 100, Nasdaq Composite et S&P500 ont TOUS terminé au plus haut de tous les temps, ce qui n’est pas forcément monnaie courante. Ensuite le Dow Jones a ouvert mercredi après-midi avec un GAP de plus de 1’000 points, ce qui n’est pas arrivé depuis le début du siècle (même s’il faut quand même reconnaître que c’est plus simple d’ouvrir en hausse de 1’000 points quand l’indice vaut 43’000 que quand il vaut 10’000, comme c’était le cas en l’an 2000). Et puis, la hausse d’hier est la plus forte hausse lors d’une élection présidentielle dans toute l’histoire des États-Unis.
Pour faire simple, les marchés ont salué un programme politique simple, connu et qui n’offre pas forcément de surprises ou de grosses incertitudes. Les Républicains ont tout raflé, ils auront la main sur le Sénat, le Congrès et la Présidence. Sans compter que – comme le dit Trump lui-même ; « il n’y aura plus d’adultes autour de lui pour essayer de lui mettre des garde-fous ». Durant les deux prochaines années, jusqu’aux élections de mi-mandat, l’ancien et le nouveau Président pourra dérouler ses mesures fiscales, les déréglementations prévues, ses droits de douanes et ses mesures de relance. Pour ce qui est du coût de la facture, on s’en fout, on verra plus tard. On peut donc imaginer que le « problème » de la dette ne sera pas réglé dans l’immédiat – même si cela faisait quand même partie de ses promesses de campagne.
L’application de la règle
Quoi qu’il en soit, du point de vue de Wall Street, l’arrivé de Trump est du pain béni et durant la séance on aura appliqué à la lettre le concept du Trump Trade ; les financières ont littéralement explosé rien qu’à l’idée des déréglementations à venir qui vont leur permettre de faire plus ou moins ce qu’elles veulent, la porte à de nouveaux « mergers » sont désormais ouvertes, ça sera plus facile, moins scruté et plus rémunérateur pour les financières aussi. Les pétrolières sont ravies (l’ETF XLE prenait près de 4% hier soir), mais en revanche le solaire et les énergies alternatives se sont fait littéralement massacrer. Hier soir il ne faisait pas bon être du côté de l’écologie ou des thématiques du réchauffement climatique. Et puis la tech s’est délectée du retour de Trump, on a vu rapidement les félicitations de Zuckerberg ou encore de Bezos. Sans compter que Tesla devenait LE titre qu’il fallait avoir, puisqu’apparemment Musk va encore devoir faire de la place dans son agenda pour s’occuper des nouvelles fonctions que Trump va lui confier. Hier soir Tesla terminait en hausse de près de 15%, pulvérisant la plupart des résistances et laissant une montagne de gaps derrière elle.
D’ailleurs pour ceux qui apprécient la théorie des « GAPS » en analyse technique – théorie qui explique que la nature n’aime pas le vide et que tout GAP est destiné à être comblé. Ça n’est probablement pas pour tout de suite, mais quand on voit la journée d’hier, il y a tellement des trous partout que la plupart des graphiques ressemblent à du gruyère. Bref, peu importe, on s’inquiétera de l’avenir plus tard et c’est un peu le maître mot de l’élection d’hier ; on sait que Trump va appliquer son programme – un programme qui va coûter très cher et qui aura des conséquences monumentales sur le budget, la dette et le déficit américain, mais c’est pas grave vu que la facture est payable sur plusieurs années et que dans quatre ans, Trump ne sera plus là. Et puis comme la priorité est – premièrement de « MAKE AMERICA GREAT AGAIN – on s’occupera des choses qui dérangent une autre fois. Hier l’ambiance était à la célébration et puis c’est tout, on n’a presque oublié que Kamala Harris existait et que Biden était toujours vivant. D’ailleurs, est-il toujours vivant ???
L’Europe voulait jouer avec les USA et puis…
Du côté des marchés européens on a vraiment eu très très envie de jouer avec les marchés US qui étaient en mode euphorie. C’est pour ça que la plupart des indices du Vieux Continent ont ouvert en forte hausse avant de se rendre très rapidement compte que l’arrivée de Trump aurait pour effet de favoriser le business aux États-Unis et uniquement aux États-Unis et comme ni la France, ni l’Allemagne, ni l’Europe n’ont été enregistré comme 51ème état américain, nous sommes rapidement arrivés à la conclusion que les mesures qui seront prise par le nouveau Président seront d’abord en faveur de l’Amérique et en défaveur du reste du monde.
Macron a bien été faire de la lèche auprès de Donald Trump, il a même été un des premiers à aller faire le gentil toutou pour féliciter Trump et lui proposer de « travailler ensemble » – tout en omettant de lui dire que son propre pays était ingouvernable et qu’il avait actuellement une cote de confiance et de popularité qui se trouve juste en-dessous de la chlamydia. Toujours est-il qu’il n’a pas fallu bien longtemps aux « experts » en finance pour réaliser que Make America Great Again, plus les droits de douane et l’esprit d’ouverture de Trump qui brille par son absence, risquait bien de ne pas servir l’Europe dans ses rêves de grandeur et que l’avenir se définirait plus par le « chacun pour soi » que par le « vivre ensemble ». Une fois que la prise de conscience fût faite, les indices européens ont fait un impressionnant demi-tour sur route et sont passés du rire aux larmes en quelques heures. Je ne suis pas un expert en analyse technique, mais les retournements massifs de la séance d’hier ont laissé des « candlesticks » immondes qui ressemblent justement à la cote de popularité du Président Français.
En résumé…
En conclusion de tout cela, l’arrivée, ou le retour de Trump a tout de suite marqué son empreinte. On sait exactement où il va aller et on sait qu’il ne va pas tourner autour du pot. L’Europe se réveille avec la gueule de bois et continue d’exprimer son incompréhension face au vote d’hier, mais il va falloir composer avec et essayer de reprendre une vie normale en arrêtant de pleurer sur ce qui s’est passé aux USA. Le vote américain est ce qu’il est, mais une chose est certaine, ce vote n’a pas été fait à l’ENCONTRE des Européens, contrairement à ce que l’on entend dans certains médias. Le retour de Trump va recentrer l’Amérique sur elle-même et il est clair que ceux qui comptaient sur les USA pour être le gendarme du monde et les aider à développer leur business, vont devoir se poser et des questions. Quoi qu’il en soit, hier Wall Street a adoré voir Trump revenir et je n’ose même pas penser à ce qui se serait passé si Kamala Harris avait été élue. J’ai aussi une pensée émue pour tout ces acteurs hollywoodiens qui avaient expliqué à leurs compatriotes comment il fallait voter. On se demande bien où ils sont et ce qu’ils font en ce moment. On-t-il déjà commencé à déménager ??? Et où vont-ils ???
Ce matin en Asie les marchés sont éparpillés un peu partout. Le Japon est en légère baisse, Hong Kong en légère hausse et la Chine ne fait pas grand-chose. On parle de stimulus, mais on n’a toujours de news et on digère le Trade Balance chinois en attendant la FED de ce soir. Les futures américains sont inchangés, laissant supposer que le rallye d’hier est déjà en train de se calmer et on essaie de se dire qu’être 10% plus haut qu’il y a 24 heures sur les financières, c’est le « new normal » et que les 6’000 sur le S&P500, ça sera plié d’ici la fin du mois. Pour le reste, c’est la FED qui va reprendre le centre de la scène et normalement d’ici demain matin on ne devrait parler plus que de « macro » et de « nouvelle baisse de taux à venir en décembre » et du fait que Powell nous aura dit qu’il va « surveiller l’économie et prendre ses décisions en accord avec les chiffres qui seront publiés ». Le pétrole est à 72$ et on attend de voir ce que Trump va mettre en place pour la guerre au Moyen Orient et en Ukraine et on risque d’attendre encore un peu, puisque la prise de pouvoir n’est agendée que pour le 20 janvier. L’or s’est replié dans la vague haussière d’hier et se traite à 2’666$, quant au Bitcoin, il se traite dorénavant à des niveaux plus ou moins historiques, autour des 75’000$.
Côté news
Pour ce qui est des news du jour, on va se concentrer sur les chiffres d’hier soir pour commencer. Il y a eu Qualcomm qui nous a offert des perspectives plutôt roses pour l’avenir et qui grimpait de 6.3% hier soir after-close. Il y avait aussi Arm Holdings qui a encensé l’intelligence artificielle qui y est pour beaucoup dans ses performances trimestrielles et qui a battu les attentes du marché, mais visiblement, après 22h00, les traders étaient plutôt enclins à prendre les profits sur un titre qui a tout de même doublé depuis 12 mois. Arm était en baisse de 5%. Et puis, si l’on avait un doute sur le fait que l’IA est quand même un moteur d’excitation pour les investisseurs, hier soir Gilead a pulvérisé les attentes du marché et augmenté sa guidance massivement et pourtant la Biotech ne montait « que » de 2.5% hier soir. Je ne suis pas loin de penser que s’ils avaient dit : « On se transforme pour faire de l’IA », le titre aurait pris 15%.
Il y a aussi Lyft qui a publié un chiffre d’affaires pour le troisième trimestre qui a dépassé les attentes tout en affirmant une guidance des plus optimistes. Sans compter que le rival d’Uber a annoncé un partenariat dans les véhicules autonomes avec Mobileye. Lyft explosait de 20% after close. Et puis, en Allemagne, après l’économie qui part en vrille, voici que la politique s’y met également. Hier Olaf « Truc », le gars qui dirige l’Allemagne – pas le bonhomme de neige dans l’âge de glace – a décidé de virer le Ministre des Finance et d’appeler un vote confiance le 15 janvier. En cas d’échec, on parle déjà d’élections anticipées. Non, décidément, ça rigole à Berlin !
Les chiffres et le retour à la normale
En ce jeudi matin on va tout simplement essayer de revenir à la normale et arrêter de parler élections, puisque ce soir il y aura la FED et les Jobless Claims. Powell devrait baisser les taux de 0.25%, mais c’est surtout ses commentaires qui vont être scrutés. En Allemagne, il y aura la Production Industrielle et du côté du trimestre, il y aura des noms comme Moderna ou encore Draft Kings qui vont publier. Mais pour le moment, les futures ne font rien et demain sera un autre jour. Il faudra quand même patienter 74 jours pour que la politique de Trump se mette en place, en attendant, comme d’habitude nous ne vivrons que de spéculations…
Passez une excellente journée et profitez bien de votre week-end, en ce qui me concerne, mon week-end commence dans quelques heures, on se revoit donc lundi ! À dans trois jours !
Thomas Veillet
Investir.ch
« Sometimes by losing a battle you find a new way to win the war. »
Donald Trump
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