APRÈS LA CHUTE DE BARNIER, PLACE A LA SOUVERAINETÉ DU PEUPLE !

Après la chute du gouvernement Barnier, les grenouillages politiciens ont repris de plus belle avec à la manœuvre, Macron, le roi des manigances, et évidemment, le PS le premier à se précipiter dans ces traficotages.
Quelle que soit l’issue des combines et magouilles, l’élément constant de tout cette agitation est que le grand patronat ne voudra faire absolument aucune concession sans un rapport de force le permettant. Aussi, aucun tripotage au sommet quel qu’en soit son aboutissement gouvernemental ne permettra d’obtenir – ni en petit ni en grand – les revendications que défendent aujourd’hui les travailleurs dans la grève et les manifestations où ce que la majorité des français souhaite comme par exemple l’abandon de la réforme des retraites. Le jeu politicien au sommet, si loin des préoccupations populaires d’en bas, ne sert qu’à détourner l’attention de ce qui est déterminant aujourd’hui, les mobilisations populaires en cours, faisant ainsi globalement le jeu de Macron et du RN.
Si les manifestations du 5 décembre ont été assez modestes, elles ont été quand même passé un cap significatif d’un climat général d’exaspération, parce que les grèves qui les accompagnaient, en particulier dans l’enseignement, ont atteint des niveaux guère atteints depuis longtemps. Ce double mouvement, forte participation aux grèves et participation modeste aux manifestations, témoigne de trois éléments constitutifs de la situation. D’une part, les grévistes ont voulu dire leur colère et se compter ainsi, d’autre part en même temps, ils ont tenu à signifier qu’ils n’avaient pas confiance dans la tactique des directions syndicales des journées d’action saute-mouton et n’avaient guère envie de les cautionner en participant à leurs manifestations derrière leurs drapeaux et slogans, enfin par une participation ni nulle ni immense mais moyenne aux Assemblées Générales, qu’ils n’ont pas pour autant la détermination suffisante de prendre les choses en main mais qu’ils pourraient y venir. C’est une attitude fréquente, faisant état d’un certain découragement malgré un mécontentement indéniable mais qui dénote cependant une progression depuis le bide de la journée d’action syndicale du 28 octobre largement boycottée par tous, une évolution qui peut tout à fait monter encore d’un cran et se transformer en disponibilité à l’action de masse indépendante des sommets si la possibilité d’une action forte et efficace se fait jour et, à partir, de là l’espoir qu’on peut gagner.
C’est cet espoir que peuvent faire naître les Assemblées Générales d’enseignants qui au lendemain du 5 décembre ont appelé à amplifier la mobilisation à partir du 9 – tandis que les agriculteurs continuent leur mouvement les 9 et 10-, avec parfois des appels à la grève chez les enseignants les 10-11 et 12 décembre, et le plus souvent une journée de grève forte tous ensemble le 12 décembre comme point de départ à peut-être beaucoup plus, aux côtés ce jour-là des électriciens et gaziers et aussi des cheminots qui ont déclaré qu’ils pourraient partir en grève générale illimitée à partir de cette date et enfin toujours à la même date, d’un mouvement national de grèves et manifestations dans les entreprises qui licencient ou menacent de licencier, pouvant ouvrir à partir de là à de nombreuses mobilisations dans les entreprises concernées qui soient plus coordonnées, bien au-delà de la trentaine aujourd’hui qui mènent des luttes contre les licenciements de manière isolées, pour en faire un véritable mouvement national contre les licenciements.
Bien sûr, personne ne peut prévoir ce qui peut se passer. Par contre, il est sûr que dans le contexte actuel de crise politique au sommet, la mobilisation sociale en bas rend la situation explosive. On peut s’en rendre compte à la panique qui s’est emparée des directions syndicales qui, tout d’un coup après la chute de Barnier et la volonté de LFI d’exiger la destitution de Macron, annulent ce qu’elles avaient prévu pour les jours à venir. La CFDT et l’UNSA cheminots annulent leur participation à la grève illimitée en échange de… rien. FO de la fonction publique annuel son appel à la grève les 10-11-12 au prétexte bidon qu’il n’y a pas de gouvernement avec qui négocier. Les syndicats de dockers annulent leur grève des 9 et 10 pour les repousser à 2025 sans raison. Et l’intersyndicale interprofessionnelle souligne le succès du 5… pour n’appeler à rien du tout. Seuls les militants de base et des Unions syndicales locales ou départementales appellent à se mobiliser la semaine du 9 et particulièrement le 12 avec aussi l’intersyndicale CGT-FSU-SUD de la fonction publique mais qui n’appelle qu’à accompagner ce qui se fait en « pouvant aller jusqu’à la grève » le 12. Rien de bien radical ni déterminé. Tous sont dans la même démarche que le PS : sauver le système, ce qui implique sauver Macron et son monde, parce que c’est aussi leur monde.
Les directions politiques réformistes comme les directions syndicales n’ont qu’une seule peur, que le prolétariat s’empare de la crise politique actuelle pour offrir sa solution par ses propres méthodes et objectifs. S’il s’emparait par exemple de la question de la destitution de Macron pour en faire un objectif des manifestations de rue, ce qui est tout à fait possible parce que bien des manifestants le scandaient déjà le 5 décembre, et, en même temps que ses revendications d’abrogation de la réforme des retraites, d’interdiction des licenciements, d’embauches massives dans la fonction publique, d’augmentation substantielle des salaires, soient au cœur des débats sur le futur gouvernement, ce serait l’amorce d’une révolution en marche, d’une autonomisation du mouvement social de ses dirigeants traditionnels. La perspective à partir de là d’un ministère de la rue, ou d’un gouvernement ouvrier-paysan comme seule solution à la crise politique, n’est certes pas encore dans les esprits, mais les mouvements actuels peuvent en tracer le chemin s’ils sont d’un certain niveau, en mettant la question sociale au centre de l’actualité, en affichant par là la nécessité ou la menace de la grève générale. Dans ce contexte d’absence de gouvernement, c’est cette montée du prolétariat combattant sur la scène politique possible aujourd’hui qui inquiète les possédants et fait que le PS se précipite chez Macron pour mettre au point un gouvernement tout de suite afin de ne pas prolonger cette situation de crise ouverte comme un brèche dans laquelle le prolétariat pourrait s’engager.
On ne sait pas si la force de mobilisation actuelle, qui a permis aux AG d’enseignants d’Île de France de réaliser une AG unie des enseignants, permettra d‘aller au-delà et de construire une coordination nationale, ni si cette coordination nationale pourrait se coordonner avec les cheminots et les ouvriers en lutte contre les licenciements. On verra. Mais il faut bien avoir conscience que dans la situation actuelle cette éventuelle coordination serait bien plus qu’une coordination. La situation concentrerait dans cette coordination toutes les attentes de toutes les classes laborieuses et sa parole pourrait être entendue comme celle de tous les exploités, lui donnant une force énorme, figurant le symbole d’une solution ouvrière à la crise politique au sommet, donnant l’image possible d’un futur gouvernement ouvrier. Rien de tout cela ne se fera peut-être demain, mais la crise au sommet comme la vague de licenciements vont continuer un bon moment. Et toute cette période portera cette même possibilité politique pour le prolétariat. C’est pourquoi en avoir l’objectif revendiqué publiquement aujourd’hui est nécessaire. Et là où il y a une volonté, il y a un chemin.
Jacques Chastaing 8 décembre 2024
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