COMMUNIQUÉ DE L’AFPSLe nouveau Premier ministre, François Bayrou, vient donc d’annoncer la composition de son gouvernement. Gérald Darmanin est nommé au poste de garde des Sceaux, ministre de la Justice, Bruno Retailleau garde son poste de ministre de l’intérieur et Jean-Noël Barrot celui de ministre de l’Europe et des Affaires Étrangères (MEAE), ils seront rejoints entre autres par Aurore Bergé et Manuel Valls.
Les autorités françaises sous la conduite d’Emmanuel Macron, nous avaient habitués depuis longtemps à ne plus croire en leurs capacités à choisir comme ministres de la République des personnalités politiques ouvertes à la situation dramatique du peuple palestinien et capables de prendre en considération dans leur globalité les enjeux de cette situation au Proche et Moyen Orient. Des personnalités capables de faire en sorte que la France puisse apporter une contribution positive en faveur de l’application du droit et de la justice internationale.
Hélas, les signaux envoyés par l’Élysée et Matignon avec ces nominations sont plus qu’inquiétants. Pour le peuple palestinien d’abord et ses représentants qui n’ignorent évidemment pas le soutien politique explicite et unilatéral de ces personnalités au gouvernement génocidaire de Benjamin Netanyahou.
Un soutien qui les a amené les uns et les autres à valider les prises de position de l’Élysée sur « le droit d’Israël à se défendre », à soutenir son offensive contre la population à Gaza et à cautionner tous les atermoiements de la diplomatie française, que ce soit sur la non reconnaissance de l’État de Palestine ou sur la poursuite de la coopération militaire avec Israël.
Gérald Darmanin et Bruno Retailleau qui vont donc dorénavant incarner le tandem justice-police face au mouvement associatif et en particulier au mouvement de la solidarité avec la Palestine ont surtout en commun l’obsession d’une certaine conception de l’ordre public en France qui justifie à leur yeux de faire taire toute expression de cette solidarité face au génocide en cours. Personne n’a oublié les consignes de Gérald Darmanin aux préfets et ses amalgames scandaleux avec l’apologie du terrorisme et/ou l’antisémitisme pour les inciter à interdire nos manifestations ou nos réunions publiques en solidarité avec la Palestine. De même que ses attaques ignominieuses contre les député·es qui osent contester la politique étrangère de la France, la répression contre les étudiant·es de Sciences-po ou des militant·es syndicalistes protestant contre le génocide à Gaza. Une politique répressive que Bruno Retailleau a repris à son compte en cautionnant récemment d’autres interdictions contre les conférences de Salah Hammouri ou de Rima Hassan et les interpellations récentes de militant·es de la solidarité.
Concernant Jean-Noël Barrot, le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, c’est lui qui a défendu l’idée en novembre dernier d’une prétendue immunité applicable à Benjamin Netanyahou, contre l’avis de la Cour Pénale Internationale (CPI) qui venait d’émettre à l’encontre de ce dernier un mandat d’arrêt international pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, laissant entendre qu’il ne serait pas arrêté s’il venait en France. C’est lui aussi qui justifie que la France continue de vendre à Israël des technologies militaires sous prétexte qu’elles ne sont utilisées que de manière défensive. Il est aussi partisan comme Emmanuel Macron de la reconnaissance d’un État de Palestine « quand le moment sera venu » sans jamais donner la moindre échéance à une décision politique qui aurait dû être prise depuis des années.
Comment imaginer que de telles personnalités vont s’engager pour défendre l’application des récentes résolutions de l’Assemblée générale de l’ONU pourtant votées par la France et engager le gouvernement sur la voie d’une opposition résolue à l’impunité dont bénéficie Israël pour poursuivre sa politique d’occupation et de colonisation non seulement en Palestine, mais aussi au Liban ou en Syrie ?
Comment imaginer que ce « nouveau » gouvernement puisse réorienter la diplomatie française dans le sens des intérêts des peuples de la région en particulier ceux qui souffrent de la politique du régime d’apartheid israélien qui aurait dû être sanctionné depuis longtemps tant sur le plan économique que politique ?
Bien au contraire le maintien ou l’arrivée dans le gouvernement de François Bayrou de ces partisans forcenés d’Israël nous font craindre les pires reculs qui soient en matière de défense du droit du peuple palestinien à décider de son avenir !
Il est à craindre qu’aux renoncements face à la toute-puissance d’Israël dans la région, s’ajoute la volonté gouvernementale de faire taire encore davantage la voix de celles et ceux qui chaque jour luttent pour la défense des droits légitimes du peuple palestinien.
L’Association France Palestine Solidarité ne peut que s’engager à poursuivre avec eux cet indispensable travail de solidarité et à défendre avec force et conviction nos libertés d’expression et d’action communes dès lors qu’elles seront remises en cause.
Au moment où les mobilisations populaires en France et dans le monde donnent des raisons d’espérer, que les condamnations d’Israël sont de plus en plus nombreuses, que de plus en plus d’États y compris européens, exigent la fin de la colonisation et votent à l’ONU pour une fin rapide de l’occupation, nous devons rester mobilisé·es pour obtenir le cessez-le-feu à Gaza, l’arrêt du génocide et la protection du peuple palestinien pour qu’enfin il puisse exercer son droit à l’autodétermination.
Le Bureau National de l’AFPS, le 24 décembre 2024
Photo : montage AFPS (Bruno Retailleau lors du colloque ARCEP Neutralité des Réseaux, 2010 © Olivier Ezratty / Gerald Darmanin ministre de l’intérieur, 2021 © Pierrot75005)
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