Crash du vol Azerbaïdjan Airlines: les images accréditent la thèse du missile

Un avion de ligne d’Azerbaïdjan Airlines s’est écrasé, mercredi 25 décembre, dans l’ouest du Kazakhstan, avec 67 personnes à son bord. Trente-deux passagers ont survécu. L’appareil assurait un vol entre Bakou, en Azerbaïdjan, et Grozny, en Tchétchénie. Plusieurs vidéos montrent l’appareil au moment du crash. Ces images laissent apparaître des dégâts caractéristiques d’un tir de missile contre un avion civil. Les autorités kazakhes n’avançaient, jeudi 26 décembre, aucune hypothèse officielle sur les origines du crash.

L'analyse des images du crash du Embraer E-190 d’Azerbaïdjan Airlines montre que l'appareil a été endommagé par un missile anti-aérien.
L’analyse des images du crash du Embraer E-190 d’Azerbaïdjan Airlines montre que l’appareil a été endommagé par un missile anti-aérien. © Captures d’écran/ Montage RFI/ Azamat Sarsenbayev (Reuters)
Mercredi 25 décembre dans la matinée, Azerbaïdjan Airlines a affirmé dans un premier temps que l’avion avait percuté une nuée d’oiseaux, avant de retirer cette information. Pour sa part, le département régional du ministère kazakh de la Santé a fait état, dans un communiqué, de l’explosion d’un ballon à bord de l’appareil, sans plus de précision. Jeudi 26 décembre après-midi, des sources azerbaïdjanaises affirment que l’appareil a été abattu par un missile tiré par un système de défense aérienne russe.

Les images du crash diffusées le mercredi 25 décembre.

Depuis l’accident, des images de la zone du crash proche de l’aéroport d’Aktaou, au Kazakhstan, circulent sur les réseaux sociaux. Ces documents ont permis assez vite de dégager des pistes permettant d’expliquer l’accident, même si les investigations sont toujours en cours.

Selon le site spécialisé Flightradar24, qui permet de suivre en temps réel le mouvement des avions, l’appareil a traversé la mer Caspienne, en déviant de son trajet normal, avant de tourner en rond au-dessus de la zone où il s’est finalement écrasé. Le trajet de l’avion, ainsi que les variations d’altitudes et d’incidences que l’on peut apercevoir dans les dernières minutes de vols, laissent apparaître un problème dont l’origine est encore indéterminée, mais qui a rendu très difficile le pilotage de l’avion.

Juste avant l’impact, l’appareil se présente, trains d’atterrissages sortis, mais avec une pente de descente et une vitesse trop élevée pour se poser correctement sur la piste. L’avion a touché le sol en explosant et s’est cassé en deux. Les rescapés se situaient dans la partie arrière.

Traces d'impacts entrants dans la carlingue de l'appareil. Ils accréditent l'idée d'une explosion survenue à l'extérieur de l'avion.
Traces d’impacts entrants dans la carlingue de l’appareil. Ils accréditent l’idée d’une explosion survenue à l’extérieur de l’avion. © capture d’écran X / montage rfi

Des impacts suspects à l’arrière

Les vidéos de la partie arrière, retrouvée presque intacte, vont rapidement susciter des commentaires sur les réseaux sociaux. De nombreux experts, dont les journalistes de la cellule Info Vérif de RFI, notent la présence d’une multitude d’impacts à l’arrière du fuselage. À y regarder de près, on s’aperçoit que des objets ou des projectiles sont entrés dans la carlingue. Certains projectiles ont traversé le fuselage, comme en atteste également une vidéo tournée à l’intérieur de l’avion quelques minutes avant le crash.

Vidéo tournée à l’intérieur d’avion quelques instants avant le crash. On peut distinguer des dégâts en cabine.

Les gouvernes situées à l'arrière des avions de ligne sont des éléments vitaux pour contrôler l'appareil. Cette partie a été touchée sur l'avion d'Azerbaïdjan Airlines (gauche)
Les gouvernes situées à l’arrière des avions de ligne sont des éléments vitaux pour contrôler l’appareil. Cette partie a été touchée sur l’avion d’Azerbaïdjan Airlines (gauche) © capture d’écran X / Schéma LAAS-CNRS

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Les impacts semblent assez dispersés, de formes et de tailles régulières. Une grande partie de la queue de l’avion et de l’empennage horizontal ont été touchés. À l’arrière de l’avion se trouvent les gouvernes de profondeur et de direction de l’appareil. Elles permettent de faire monter ou descendre l’appareil (tangage), et de faire pivoter l’avion sur son axe de lacet. Ces commandes hydrauliques ont certainement été endommagées, ce qui expliquerait les difficultés du pilote à tenir sa trajectoire de vol avant le crash mortel.

Plusieurs comptes relèvent dès le 25 décembre, la présence de trous suspects sur la partie arrière de l’avion.

Les traces d’impacts ne laissent guère de doute sur l’origine de l’accident. L’Embraer 190 d’Azerbaijan Airlines a très probablement subi un tir de missile. Un blogueur et expert militaire russe, Iouri Podoliaka, cité par l’AFP, a assuré sur Telegram que ces traces étaient « similaires à celles qui pourraient être causées par un système de missiles anti-aériens ». En comparant d’autres images, comme celles d’un avion russe visé accidentellement par un missile russe au-dessus de la mer d’Azov en janvier 2024, on note effectivement de nombreuses similitudes.

Ces deux images permettent de comparer les dommages subis par l'Embraer d'Azerbaïdjan (gauche) et un avion russe victime d'un tir ami en 2024 (droite)
Ces deux images permettent de comparer les dommages subis par l’Embraer d’Azerbaïdjan (gauche) et un avion russe victime d’un tir ami en 2024 (droite) © capture d’écran X / montage rfi

Une méprise russe ?

L’expert Xavier Tytelman, interviewé par RFI, montre du doigt la défense aérienne russe. « Il s’agirait d’une erreur de la défense anti-aérienne russe qui cherchait à intercepter des missiles ukrainiens, et qui confond ces missiles avec un avion de ligne qui passait dans la zone. Comme les Russes l’ont fait par le passé, lorsqu’ils avaient tiré sur le vol MH17 qui survolait l’Ukraine en 2014, drame ayant conduit à la mort de centaines de personnes, tout comme ils ont abattu plus d’une dizaine de leurs propres avions de chasse depuis le début de la guerre, des Sukhoi-34 et Su-35. (…)  En principe, quand il y a des opérations militaires, quand il y a des bombardements, l’espace aérien devrait être fermé aux avions civils, comme l’Irak l’avait fait quand l’Iran a lancé ses missiles sur Israël », conclut-il.

Schéma expliquant le fonctionnement de la charge d'un missile anti-aérien.
Schéma expliquant le fonctionnement de la charge d’un missile anti-aérien. © RFI

Contrairement à une idée fréquemment répandue, un missile sol-air ou air-air n’a pas besoin d’entrer directement en collision avec sa cible pour l’abattre. Afin de maximiser les dégâts et les chances de destruction de l’avion en plein vol, ces engins sont équipés d’un détonateur de proximité (proximity-fuse) qui fait exploser une charge pré-fragmentée ou constituée de billes d’acier (shrapnels) lorsque le missile atteint le voisinage immédiat de la cible.

Dans le cas présent, les photos montrent des éclats relativement espacés, et de petites tailles, ce qui laisse penser que cette charge a sauté relativement loin de la cible, ou que le missile était plutôt de faible dimension. Cela étant, les vidéos publiées ne permettent pas d’identifier le type d’arme utilisée, ni de déterminer avec certitude la provenance du tir. L’enquête le dira peut-être un jour. En attendant, la Russie met en garde contre les « hypothèses » circulant sur la cause du crash de l’Embraer 190 d’Azerbaïdjan Airlines

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